Pas de JSF ? Alors, des Su-57 !

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Pas de JSF ? Alors, des Su-57 !

Des indications sont parues dans un journal turc Yeni Safak selon lesquelles la Turquie envisagerait d’acquérir le chasseur russe dit de-5èmegénération Soukhoi Su-57 si les USA mettent à exécution leur menace de ne pas livrer les F-35 (JSF) commandés par la Turquie en représailles de la commandes de systèmes sol-air antimissiles S-400 russes par la susdite Turquie. Enchaînement significatif et contradictoire dans l’achat d’armements divers, tous liés par un affrontement de communication qui menace de devenir de la politique bien réelle, entre la Turquie et les USA, – et toujours, bien entendu, selon les lignes d’une politique générale qu’on nommerait “politique de la sanction”, qui tend à devenir purement et simplement la seule politique étrangère possible des USA..

On ne sera pas sans remarquer que Yeni Safak a recueilli cette précieuse indication de ses “sources officielles” trois jours après que la commission des forces armes du Sénat ait pris la décision de présenter un projet de loi pour le Sénat, interdisant la livraison de F-35 à la Turquie “en réponse” à la commande de S-400 russes par la susdite Turquie. On ne sera également pas sans remarquer que le même journal a “recueilli cette précieuse indication” deux jours après que le ministre russe de la défense ait annoncé que le court séjour de deux Su-57 en Syrie à la fin février, pour tester l’avion en conditions opérationnelles, et que ce test avait constitué en l’une ou l’autre mission de combat réelle au cours de laquelle les Su-57 ont tiré des missiles de croisière contre des groupes terroristes. Tout cela s’enchaîne comme les différents et harmonieux mouvements d’une symphonie...

Voici donc ce qu’en dit Southfront.org le 27 mai 2018 : « La Turquie envisagerait d'acheter des chasseurs furtifs russes Su-57 de cinquième génération si les États-Unis suspendent les livraisons de chasseurs furtifs F-35 en réponse à l'accord pour l’achat de systèmes anti-missile russe S-400, a rapporté le journal Yeni Safak le 27 mai, citant des sources officielles. Le journal a indiqué que la coopération militaire russo-turque en matière de technologie, y compris une possible livraison de Su-57, a été discutée lors de la visite du président russe Vladimir Poutine en Turquie le 3 avril.

» La Russie et la Turquie ont signé l'accord sur les systèmes anti-missiles S-400 en décembre 2017. Depuis lors, les tensions américano-turques sur la question ont considérablement augmenté. Le 24 mai, la Commission des services armés du Sénat américain a publié un projet de loi annuel sur la politique de défense. Le document implique que la livraison des avions américains F-35 à destination de la Turquie devrait être suspendue en réponse à l'achat par Ankara de systèmes anti-missiles S-400 russes.

» Le 25 mai, le ministre russe de la Défense Sergei Shoigu a déclaré qu'un avion de chasse Su-57 avait effectué des frappes sur des cibles militantes en Syrie en février 2018. Selon Shoigu, le chasseur Su-57 a utilisé des missiles de croisière avancés pour cibler des militants. »

Bien entendu, il est de coutume d’accueillir ces nouvelles avec grandes précautions, encore plus lorsqu’elles viennent de Turquie où règne le fantasque Erdogan. Tout de même, l’imbroglio commence à acquérir un sens, et l’enchaînement absurde  (dans le chef de “D.C.-la-folle”, qui vaut bien dix fois Erdogan) semble l’être de moins en moins pour établir ce qui pourrait devenir une vérité-de-situation où la Turquie se détacherait de plus en plus décisivement de l’orbite des USA, et par voie de conséquence, de l’OTAN. L’absurdité du processus en cours est rendu encore plus absurde, mais dans le genre “comique de l’absurde” puisqu’il s’agit de priver la Turquie d’un avion qui coûte très-très cher et qui marche très-très mal (sauf pour le chef d’état-major de la force aérienne israélienne, en service commandé comme il sied à un officier de cette trempe). L’intervention du Congrès, processus habituel pour cette digne institution qui représente à cet égard une succursale du complexe militaro-industriel où Lockheed Martin détient un actionnariat important, confirme encore un peu plus, s’il était besoin, l’aveuglement à front de taureau de la politique de force et de pression brutale des USA.

D’une façon générale et selon l’esprit de la Grande République, nous aurons droit à nombre de ricanements en fait de commentaires venus de “D.C.-la-folle” puisqu’il est avéré que le système de la communication américaniste est en train d’appliquer au Su-57 un traitement de soupçon et de dénigrement habituels quant à ses capacités de vol et de combat : un chasseur de 5èmegénération, le Su-57 ? Avec ses retards de développement, en plus ? Il est avéré pour ces mêmes commentateurs que le Su-57 n’arrive pas à la cheville des glorieux F-22 et F-35 dont on connaît bien l’histoire triomphante et pleine de performances rassurantes. Bref, la Turquie sera bien punie si elle poursuit dans cette voie et il s’en trouvera bien l’une ou l’autre plume pour nous annoncer que, finalement, Erdogan reculera et abandonnera Su-57, S-400 et compagnie, pour le brio incomparable du F-35 et du Patriot.

Cela étant dit pour le folklore habituel de l’inculpabilité-l’indéfectibilité qui colore le jugement américaniste, il est vrai que si ces nouvelles se confirment et si la Turquie passe à la Russie pour son équipement en avions de combat, un pas stratégique décisif sinon irrémédiable sera franchi. L’avion de combat est le système stratégique et souverain par excellence, et un choix dans ce domaine en faveur de la Russie signifierait effectivement que la Turquie abandonne définitivement l’hégémonie américaniste. Cette orientation ouvrirait effectivement la voie à un retrait de l’OTAN d’une façon formelle, transformant irrémédiablement l’Alliance pour on ne sait quel destin.

 

Mis en ligne le 28 mai 2018 à 05H23

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