Le labyrinthe de Paul

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Le labyrinthe de Paul

14 juin 2012 – Nous l’avouons, nous avons attendu un certain temps, espérant mieux comprendre la situation de Ron Paul, de son fils, de sa campagne, avant d’y revenir. Nous n’en savons pas plus, et nous ne sommes pas les seuls. Les deux évènements successifs, – l’annonce assez brève et sibylline de l’abandon de sa campagne présidentielle par Ron Paul (déjà évoquée dans notre F&C du 7 juin 2012), l’annonce par son fils Rand Paul qu’il soutient Romney, – n’ont pas vraiment éclairci le mystère. Il faut donc s’en tenir à ce qu’il faut bien considérer comme des “faits” très approximatifs, en répétant que rien n’est assuré, que certaines déclarations n’éclairent rien, que certains silences (celui de Justin Raimondo dans sa chronique d’Antiwar.com, par exemple) non plus ; qu’il s’agit surtout d’hypothèses, de supputations, d’exclamations, d’emportements, de règlements de compte et ainsi de suite.

Les sites des partisans de Ron Paul continuent à jacasser, exprimant en général de la colère, de la frustration, de l’incompréhension, en dégénérant parfois en affrontements entre censeurs et défenseurs de la famille Paul… Là-dessus, comme autant de cheveux sur la soupe si l’on se réfère au désordre régnant désormais, parfois l’annonce de nouveaux délégués “gagnés” par Ron Paul (au Nouveau Mexique, le 12 juin 2012) ; l’annonce triomphale, le 12 juin 2012, que l’affaire du “Festival Ron Paul” de Tampa (les 24-26 août), immédiatement et en marge de la convention républicaine, est bouclée malgré l’opposition des autorités (républicaines) de Tampa, et que le festival s’annonce comme un grand succès (un grand succès de contestation ?).

Promenons-nous donc parmi “les hypothèses, les supputations, les exclamations”, etc…

• Pourquoi Ron Paul a-t-il abandonné, s’il est bien assuré qu’il abandonne ? Il y a les explications classiques, la certitude qu’il n’atteindrait pas le nombre de délégués requis, sa volonté de ne pas risquer de provoquer un éclatement du parti républicain, sa volonté de ne pas provoquer le désordre dans le parti et alentour, etc. Il y a aussi les explications plus obscures, plus menaçantes… Par exemple, un lecteur de DailyPaul.com, le 9 juin 2012, s’adressant à Alex Jones, du site Infowars.com, qui a violemment mis en cause Ron Paul, mais qui avait précédemment rapporté des propos menaçants, plus ou moins sérieusement, contre la vie de Ron Paul, venus de l’intérieur de la réunion du Bilderberg (voir le 2 juin 2012) :

«…However, Alex reported on his own show about an inside tip from Jim tucker alleging Ron Paul being on the receiving end of death threats at the Bilderberg conference. Why would Alex Jones report on Paul death threats stemming from Builderburg but not even acknowledge the possibility (at least not publicly) that Paul and his family were also threatened at other times and could have been a deciding factor in him suspending actively campaigning?»

La même idée est reprise par une curieuse intervention, qui fait une analyse sémantique de l’annonce par Rand Paul de son ralliement à Romney, cela dans un texte de Mike Adams (Natural News le 10 juin 2012, repris d’ailleurs sur le même Infowars.com mis en cause, le même 10 juin 2012). Dans son texte, Adams explique que son analyse sémantique l’a conduit à observer que Rand Paul annonçait son ralliement à Romney avec des intonations qui laissaient voir son hostilité, voire sa haine pour Romney, donc qu’il l’a fait sous la pression d'une contraint grave. Parmi celle qu’il envisage, Adams mentionne en bonne place des menaces de mort :

«Other explanations behind all this include the possibility that the Paul family was threatened with assassination, and the endorsement was the only way to avoid being killed (it happened to Ross Perot, remember?).»

• Il y a la thèse, assez proche de la précédente dans l’esprit quoique plus vague quant à ses modalités “opérationnelles” sur le résultat acquis (le retrait de Paul), de l’infiltration de l’entourage de Ron Paul, dans l’état-major de sa campagne au plus haut niveau, d’“agent(s)” de l’establishment, ou, disons, de la direction du parti républicain, tendance neocon. De nombreux lecteurs, sur DailyPaul.com, l’évoquent (voir le 9 juin 2012), et la plupart font révérence à un texte très fourni et extrêmement documenté de Justin Raimondo, le 2 février 2012. Un nommé Trygve Olson, “conseiller” de Ron Paul, y est nommé, dont la carrière de néoconservateur et de spécialiste des “révolutions de couleur” est largement détaillée. Cette thèse avait déjà été substantivée, dans une autre direction, par des interventions venues d’autres domaines de l’establishment de Washington, concernant une action médiatique pour briser la campagne Ron Paul, comme cette annonce qu’Obama aurait donné l’ordre de “tuer médiatiquement” Ron Paul (voir le 5 décembre 2011) ; ou bien, d’une façon quasi-officielle, l’annonce, dès le début des primaires, que le GOP ferait tout pour empêcher une candidature Ron Paul (voir le 4 janvier 2012).

• Bien sûr, il y a l’affaire du ralliement de Rand Paul à Mitt Romney. D’une façon générale, l’acte est vigoureusement condamné, avec une tendance assez générale à séparer le père du fils. (Mais, dans ce cas, subsiste le mystère du silence de Ron Paul à part une communication sibylline, en plus de sa décision abrupte et peu en accord avec sa tactique générale de “guérilla” des délégués d’abandonner sa campagne.) Les condamnations vont des plus violentes, comme celles d’Alex Jones et de son site Infowars.com, où Kurt Nimmo fait de Rand Paul “un neocon en vêtements libertariens” (voir le 13 juin 2012) ; ou celle de Gerald Celente, interviewé par le même Alex Jones, où Celente parle d’un «crime familial» commis par Rand Paul contre son père (le 9 juin 2012, sur Infowars.com). D’autres condamnations sont plus modérées dans le ton mais pas moins radicales sur le fond, comme sur le site libertarien Liberty Bell, qui a constamment soutenu Ron Paul. Adepte des explications “complotistes” de nombre d’évènements, Liberty Bell s’en abstient complètement dans ce cas et se concentre sur des explications politiques et psychologiques de ce qu’il nomme “l’apostasie” de Rand Paul. (Voir notamment le texte du 13 juin 2012, avec les références de textes précédents sur le cas.) Il faut d’ailleurs noter qu’il y avait eu depuis un certain temps des mises en cause de Rand Paul par rapport à la position politique de son père. Nous notions le 9 février 2012, en référence au texte de Raimondo déjà cité :

«Enfin, il existe un courant radical de purs partisans de Ron Paul qui craint des manœuvres d’infiltration dans le mouvement, voire des situations d’infiltration d’ores et déjà accomplies. Il s’agirait alors de détourner et de “récupérer” au profit de l’establishment le mouvement de campagne de Ron Paul. Un texte du Washington Post du 1er février 2012 semble illustrer une de ces manœuvres. Il est cité dans une chronique de Justin Raimondo, de Antiwar.com, “pauliste” intransigeant ; cette chronique du 2 février 2012 explique très en détails ce type de manœuvre de pénétration/récupération et détaille une manœuvre en cours. On sent, par exemple, que Raimondo entretient certains soupçons à l’encontre de Rand Paul, fils de Ron et sénateur du Kentucky. (Il est vrai que Rand Paul a voté les dernières sanctions draconiennes du Sénat contre l’Iran, – absurde vote, encore mieux huilé que ceux du Comité Central dans le temps, de 100 voix contre zéro ! –, ce qui n’est certainement pas dans le sens de la politique extérieure de son père.)»

• On mentionnera enfin les attaques générales contre “les Paul”, et principalement Ron Paul. Cela va d’une réaction de colère pure, comme celle d’Alex Jones («Ron Paul, Don’t Destroy Yourself», le 9 juin 2012), à celle de Webster Tarpley, interviewé par le même Alex Jones (le 11 juin 2012), et qui est surtout intéressé à présenter ses propres conceptions et théories qui impliquent une condamnation complète des conceptions de Ron Paul.

Inconnaissance et antiSystème

…Tout cela n’est finalement et pour l’instant que d’un intérêt très moyen, relevant du domaine de l’inconnaissance pour bien faire (voir plus loin), parce que, d’une part, aucune lumière n’est apporté précisément sur la situation de Ron Paul, ses motifs, ses intentions, etc. Tout est encore à découvrir à cet égard, si on a la possibilité d’en connaître précisément un jour, et il n’est nulle part évident que cette recherche soit d’un quelconque intérêt, – une fois qu’on est convaincu, ce qui est fait parce qu’il faut s’incliner devant l’évidence, que le Système répond à des mœurs équivalents à ceux du crime organisé.

Parce que, d’autre part, ces diverses interventions portent à la fois sur l’avenir politique de Ron Paul dans ses objectifs les plus concrets (candidat ou pas, élu président ou pas), alors qu’il s’agit pour nous de spéculations tout à fait secondaires. Cette remarque permet d’introduire une réflexion sur l’appréciation que nous avons toujours eue de Ron Paul, du peu d’intérêt que nous avons toujours prêté à son “vrai programme”, et même à sa candidature et à son élection en tant qu’évènements politiques spécifiques. Ces choses ont toujours été considérées par nous comme d’un intérêt prodigieux, seulement du point de vue de la partie antiSystème de leur substance, et de leur usage antiSystème indirects et essentiellement involontaires.

A cet égard, et pour mieux structurer notre réflexion, nous nous reportons à notre article du 7 juin 2012, précisément au message d’un lecteur dans le Forum de cet article, le 7 juin 2012 également.

«Si comme vous l'analysez régulièrement ici, le système institutionnel, et donc toutes ses composantes intellectuelles, sont en cours d'effondrement, l'évènement paulien que vous attendiez ici, supposerait, s'il s'était réalisé , que ce système n'a donc pas atteint sa maturité terminale.

»En effet, Ron Paul qui n'est ni révolutionnaire ni anti-système, est particulièrement intéressé à la sauvegarde des intérêts américains; or en le réfutant par a priori, le système se condamne à n'aller que vers des impasses qu'il a déjà explorées, et, selon la théorie maistrienne, il (le système) précipite l'heure de sa chute à laquelle il va inéluctablement.

»Donc il est logique que dans ce monde en écroulement, les solutions qui peuvent présenter une alternative pour consolider le système , sont celles qui sont rejetées par a priori, comme si le système appelait par lui même sa fin à l'instar de tout organisme du vivant programmé pour mourir.

»A cet égard je recommande l'entretien que Fréderic Lordon a accordé à la revue des livres en décembre 2011, qui, plus généralement, évoque un écroulement général irrésistible. Article repris dans www.les -crises.fr»

Il n’y a nulle part dans notre texte l’affirmation que nous “attendons” cet événement (un “putsch”) de quelque façon que ce soit. Il n’y a nulle part l’affirmation que nous prenons une seconde au sérieux cette idée de “putsch” (d’ailleurs développée par une chroniqueuse un peu énervée et à la droite des neocons, Pamela Geller), – cette idée en tant que telle, effectivement idée farfelue et sans beaucoup d’intérêt opérationnel… Bien entendu, nous prenons le terme, le concept, du point de vue de la communication, comme une image propre à frapper les psychologies, illustrant le caractère antiSystème (volontaire ou pas, et plutôt involontaire) de Ron Paul et de ses partisans. Car c’est bien là finalement qu’est le centre du débat pour expliciter notre perception : Ron Paul est bien (a bien été ?) une “entité” antiSystème, et il l’est ou le fut essentiellement selon les conceptions “maistriennes”, sans le savoir ni le vouloir. (Ses partisans, la même chose, quoiqu’en un peu plus radical, puisqu’ils cherchent eux aussi, comme Ron Paul, à réformer radicalement le Système.)

Sur cette conception du système antiSystème, nous nous sommes déjà largement expliqués (voir notre article du 17 janvier 2011) ; sur cette conception du système antiSystème appliquée à Ron Paul, voir notre article du 19 décembre 2011, avec notamment ce passage :

«Il y a là un potentiel révolutionnaire indubitable pour les USA, par conséquent pour le reste du monde. C’est la psychologie qui est concernée ici, bien plus que la politique. Cela nous permet de renouveler notre appréciation que, pour nous, l’intérêt de Ron Paul, – un Ron Paul, homme libre certes, mais absolument “maistrien”, – se trouve dans la tempête psychologique qu’il fait lever, nullement dans son programme politique. Par conséquent, le fait essentiel est cette tempête et ses conséquences, nullement le parcours électoral de Paul, même si l’intensité de la première dépend évidemment du second. C’est là la fonction même d’un système antiSystème. (Mais, de ce point de vue, on peut avancer que le “parcours électoral” de Ron Paul est d’ores et déjà entamé, avant que 2012 ne commence, et qu’il a déjà fait lever les prémisses de cette tempête psychologique.)

Le rôle qu’a tenu Ron Paul (et qu’il tiendra encore éventuellement ? Chi lo sa ?) est effectivement celui d’un système antiSystème, ce qui implique dans ce cas d’un “système” que la fonction antiSystème se développe à cause des évènements et non des volontés humaines, justement dans ce cas où les sapiens concernés ignorent qu’ils sont antiSystème. C’est dans la droite ligne de la théorie maistrienne développée lors de la Révolution française, qui considérait que “les scélérats” (les chefs révolutionnaires) servaient, en faisant la révolution, les desseins de la Providence selon des références qui désignaient par ailleurs cet événement comme absolument monstrueux. Nous n’avons jamais considéré que Ron Paul pourrait réformer le Système, qui est évidemment irréformable, et, tout en respectant les incontestables qualités de l’homme, nous avons toujours considéré qu’il avait des potentialités révolutionnaires (type “American Gorbatchev”), comme on dit heureusement, “à l’insu de son plein gré”. Au reste, nous avons toujours proclamé notre désintérêt pour le programme de Ron Paul en tant que fait majeur, l’intérêt étant dans les chocs psychologiques que son programme le poussait à susciter parce que ce programme impliquait d’abord une proclamation brutale et violente d’opposition aux programmes du Système.

Pour mémoire, nous renvoyons notre lecteur, et d’autres si le cœur leur en dit, à un texte d’août 2011 où nous examinions, pour la première fois d’une façon sérieuse, la possibilité de l’élection de Ron Paul. Nous remercions notre lecteur, et d’autres, de recommander sur ce site des lectures extérieures à ce site, mais nous ne jugeons pas inutile non plus de recommander, sur ce site, des lectures passées offerte par ce site qui éclairent le propos présent d’une façon continue, cohérente et pérenne. Le site dedefensa.org ne peut pas se lire et se comprendre en un jour, comme il ne s’est pas fait en un jour.

Le texte auquel nous nous référons, et dont nous reproduisons la conclusion, date du 25 août 2011. (Dans le texte original, on trouve plusieurs rappels de liens concernant diverses affirmations. Nos lecteurs les trouveront effectivement dans ce texte original.) Ce texte ne peut pas laisser croire à nos lecteurs que nous avons envisagé du point de vue de la prévision politique que Ron Paul pût être élu ou même désigné comme candidat, car ce n’était pas le propos ; il s’agissait d’envisager une hypothèse qui est apparue possible pour la première fois en août 2011. Nous avons observé et continuons d’observer les évènements, que nous jugeons dans tous les cas inexplicables au jour le jour, et certainement inexplicables par les seules références humaines dont nous disposons, qu’elles aillent de la narrative-Système standard à la myriade de “complots” qui ne cesse de se développer dans tous les sens. Notre position est bien connue à cet égard, selon laquelle il existe des forces supérieures, “extrahumaines” ou/et “suprahumaines“ qui interviennent puissamment et rendent la seule raison, – laquelle est, dans de très nombreux cas plus ou moins pervertie elle-même, – incapable d’avancer une explication générale. (Et cette remarque doit être prise au pied de la lettre, elle est essentielle. Elle ne peut être expédiée par l’inattention, ou comme une forme de style. Elle doit être pesée pour ce qu’elle est, avec comme conclusion : l’auteur est “allumée”, laissons-le à ses lubies et souhaitons-lui bon séjour dans une abbaye psychiatrique ; ou bien, l’auteur a peut-être raison ou au moins ses raisons, examinons cette façon de voir.) Il s’en déduit que la raison, si elle parvient à écarter sa propre subversion, ne peut nullement prétendre maîtriser d’elle-même, dans certains cas avant même qu’ils ne se produisent, les évènements auxquels elle assiste. Elle peut observer et avancer des hypothèses les concernant d’une façon cohérente, et surtout espérer, – événement décisif, – la lumière de l’intuition haute pour ce travail, ce qui lui donnerait dans ce cas une lucidité et une justesse qui rendraient son travail incomparable.

Voici donc, pour rappel, l’explication hypothétique de l’effet sur les évènements de la chose, que nous avancions en août 2011, à propos de la question de Ron Paul, selon cette hypothèse générale, qui n’était enfin qu’une hypothèse… “Et s’il était élu ?” La conclusion se déclinait donc en quatre hypothèses “opérationnelles” sur les circonstances et la prévision hypothétique envisagées. On voit qu’aucune n’envisage le moindre succès de Ron Paul selon les conceptions de Ron Paul, mais bien l’achèvement de son rôle fondamental de système antiSystème.

» ...Le fait est que, jusqu’ici, les choses évoluent dans un sens qui privilégie plusieurs hypothèses s’emboîtant les unes dans les autres :

» 1) Ron Paul est un facteur de plus en plus important de la vie politique US, et toutes les tentatives d’influence et de communication prises pour le réduire ont échoué. Il existe de très sérieuses chances pour qu’elles continuent à échouer, si Ron Paul poursuit dans la voie qu’il s’est tracée (celle de la tortue habile).

» 2) Dans ces conditions, Ron Paul est un facteur explosif, un système antiSystème extrêmement puissant, quelles que soient ses intentions, voire même en dépit de ses intentions, simplement parce que tout en lui, sa personnalité, son affirmation, son programme, etc., exsude pour le Système l’agression pure et simple, et l’agression potentiellement mortelle : Paul est et sera de plus en plus perçu comme un facteur de déstructuration et de dissolution du Système, et de plus en plus perçu comme tel, jusqu’à susciter éventuellement sans avoir rien fait dans ce sens, un véritable processus de contraction et d’accélération de dissolution du Système.

» 3) Par conséquent, il est absolument impensable, à notre sens, que sa présidence puisse être considérée comme une période normale. Elle sera, avant même d’être entamée, ou bien à peine sera-t-elle entamée, non pas un facteur explosif, mais un facteur objectif d’explosion de la situation aux USA, et, plus précisément, de la situation américaniste.

» 4). … Et l’on sait bien notre conviction à cet égard, qui n’a pas varié, qui ne fait que se renforcer : cette explosion sera à un moment ou à un autre, et plutôt rapidement que non, une situation devenant du type centrifuge, c’est-à-dire un éloignement dramatique, une dislocation des composants des USA (les Etats) du centre, aux dépens de ce centre. »

Sur ces mots venus d’un autre temps où Ron Paul entrait dans sa phase glorieuse, nous proposons notre propre conclusion pour aujourd’hui, qui porte sur les systèmes antiSystème, leurs caractères et leur fonction, et éventuellement sur la question de la situation de Ron Paul. Nous proposons trois conclusions.

• L’affirmation plus forte que jamais de la vertu de l’inconnaissance. On peut, si l’on veut, se perdre dans les arcanes que nous avons évoquées, sans nous y attarder ni indiquer le moindre penchant à cet égard, des circonstances qui ont poussé Ron Paul à une situation dont personne, d’ailleurs, ne sait avec précision ce qu’elle est. Peu nous importe, à cet égard, la vérité, qui serait nécessairement une vérité individuelle ou une vérité d’arrière-cuisine, sans effets sur la question de l’évolution du Système, qui est la seule chose qui importe. Procéder autrement serait, d’une part, une perte de temps  ; et, d’autre part, et surtout, une façon de perdre de vue la question centrale du Système, – et c’est cela, précisément, que l’inconnaissance doit nous éviter, contre les manigances du Système qui voudrait nous perdre dans cette sorte de labyrinthe où l’on perd de vue l’objectif essentiel et exclusif.

• Important, par contre, et hors du domaine de l’inconnaissance, donc comme une trace à suivre avec attention, l’évolution des évènements autour de Ron Paul et des partisans de Ron Paul. Tout va-t-il s’étioler, s’arrêter à ce point ? Le fait est que, depuis près d’un mois, lorsque Ron Paul a annoncé qu’il freinait, en abandonnant la course directe aux primaires pour se concentrer sur la “guérilla” des délégués” ; depuis une décade où Ron Paul a fait savoir qu’il abandonnait la course à la présidence, la confusion et le désordre, les hypothèses, les invectives vont à un bon rythme. On ne sait toujours pas sur quoi tout cela va déboucher. De ce point de vue, la vigilance est nécessaire, éventuellement pour découvrir une fissure dans l’enfermement où a été mis le mouvement Ron Paul, par où pourrait se dégager une nouvelle échappatoire, une nouvelle opportunité. Dans ce cas, nous passons de l’inconnaissance à la vigilance nécessaire : cet aspect-là de cette affaire doit être suivie avec vigilance, d’autant que le Système a à offrir la plus incroyablement médiocre alternative de l’histoire électorale de la Très Grande République, entre un Obama en chute libre de popularité et un Romney avec une personnalité aussi consistante qu’une méduse et aussi ferme qu’un éclair au chocolat.

• … D’une façon générale, on observera l’utilité et l’efficacité prodigieuses des systèmes antiSystème, sans croire une seconde que le courant des évènements dépendent de l’un ou l’autre précisément. Tea Party a été un système antiSystème. Il a accompli sa mission, – on le comprend aujourd’hui, – en introduisant dans le pouvoir législatif le virus fatal de l’impuissance, ce qui fut largement démontré lors du débat sur la dette en juillet-août 2011 (voir notamment notre texte du 2 août 2011), ; désormais mission remplie, Tea Party n’a plus guère d’intérêt. Autre système antiSystème, – le mouvement Occupy. Où en est-il  ? Pas de réponse… Il n’empêche qu’il a déjà rempli une mission antiSystème : il a forcé le Système à s’organiser dans un mode d’oppression policière, ce qui est absolument dangereux pour la même Très Grande République. Il a forcé l’évolution décisive d’une “dictature démocratique consentante” (formule initiale des USA, qui a prouvé son extrême efficacité) en une “dictature démocratique policière”, ce qui constitue un risque extrêmement grave de déstabilisation dans un Système déjà si fortement secoué, et qui a besoin d’une vertu démocratique de communication pour survivre… Le mouvement Ron Paul, lui, a montré la fragilité du système politique, sa vulnérabilité, sa défense réduite aux méthodes courantes du crime organisé ou apparenté, d’une façon très visible, ce qui est déjà un résultat intéressant ; et il reste que la mission (voir plus haut) du mouvement Ron Paul peut trouver un second souffle. Dans cette dynamique générale d’autodestruction, d’autres systèmes antiSystème sont amenés à surgir et à prendre leur place dans un courant général qui ne cesse d’accélérer l’effondrement du Système.


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