L’Allemagne nous inquiète...

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L’Allemagne nous inquiète...

Centre incontesté de l’Europe et centre de rechange du bloc-Bao puisque “D.C.-la-folle” continue à développer ses folies, l’Allemagne est à son tour touchée par la peste de l’instabilité que dispense le “tourbillon crisique” qui affecte notre civilisation (notre contre-civilisation). D’une certaine façon, les résultats des élections de dimanche, programmées minutieusemet et vertueusement pour renforcer sinon solennellement adouber le “centre européen” et verrouiller le regroupement de l’UE autour de son incontestable leader postmoderne-pangermanique, nous donnent ce qu’on doit considérer comme à peu près l’inverse. C’est-à-dire que la peste de l’instabilité, de l’incertitude, de l’insaisissabilité a saisi ce modèle qui assurait aux affiliés-UE une dictature-démocratique dans le champ du politique (voir la Grèce), du sociétal (voir les réfugiés) de l’économique (voir de la Deutsch Bank à VW/BMW, etc.) ; cela, en attendant, paraît-il, le champ du militaire... Ainsi, de plus en plus l’Europe semble-t-elle attendre Godot.

Le parti CDU de Merkel avec son allié-frère CSU de plus en plus récalcitrant fait le plus mauvais résultat depuis si longtemps (1949), avec 33% des voix contre 41,5% en 2013 ; l’allié-de-circonstance, le SPD, le parti des grands Willy Brandt et Helmut Schmidt, fait son plus mauvais résultat (20,5%) depuis son installation dans sa forme actuelle dans la période de l’après-guerre. La grande nouveauté est l’apparition du parti populiste de la droite extrême, le AfD, avec 12,6% des voix comme troisième parti allemand, et 94 députés au Bundestag. Dans l’ex-Allemagne de l’Est, la situation est encore plus catastrophique : 26,5% pour la CDU/CSU avec l’AfD en seconde position avec 21,5% et le SPD en quatrième position avec 14,5% ; le troisième est le parti Linke, parti de gauche successeur du SED de l’ex RDA, avec 16,5%.

Il n’y a rien de factuellement décisif, on veut dire dans les effets politiques immédiats, dans cette formidable victoire de l’antiSystème ; mais il y a l’apparition de l’indécision épouvantable qui est la marque générale de ce vote et la formidable performance d’un quatrième mandat pour Merkel précipitée avec une telle brutalité pour se perdre complètement dans une élection-marigot par rapport aux nécessités du Système. Cet avatar constitue justement et d’abord une certaine mais puissante forme de délégitimation du Système dont elle (Merkel) était évidemment la représentante favorite. Délégitimation pour délégitimation, le paradoxe d’une si longue durée à la tête de l’Allemagne selon la démocratie-simulacre en usage dans le bloc-BAO est qu’elle accouche d’une délégitimation de celle qui a accompli cet exploit de la durée exceptionnelle.

(Les mésaventures de Merkel et le naufrage du SPD sous la direction de Martin Schulz font d’autant mieux prendre la mesure de la dégradation du personnel du pouvoir selon le standard-Système. C’est une constante des situations politiques actuelles, et en Allemagne il est bien mis en évidence par l’effroyable médiocrité d’un Schulz par rapport à ses prédécesseurs dont nous rappelions les noms plus haut, – Brandt et Schmidt, – ou bien d’une Merkel par rapport à un Adenauer ou à un Kohl... La médiocrité de Merkel a montré ses limites : elle ne peut être plus médiocre qu’elle n’a été et qu’elle n’est pour pouvoir continuer à correspondre à la situation : elle restera donc en place pour détricoter tout l’édifice d’arrogance-Système qu’elle a édifié en Allemagne, et pour ouvrir la voie au désordre.)

Il s’agit d’une nouvelle bien plus formidable qu’elle n’en a l’air et la chose devrait assez vite produire des effets indirects, à commencer par un affaiblissement considérable de plus des psychologies. Avec le naufrage du pouvoir US dans les incohérences de “D.C.-la-folle”, l’Allemagne avait été désignée depuis plusieurs mois par les grands imprécateurs du Système comme seule force capable de résister avec efficacité aux pressions antiSystème et de renverser la tendance qu’elles représentent. Elle s’imposait comme la seule puissance raisonnable et d’une stabilité à toute épreuve, capable de jouer le rôle polarisateur dont le Système a un urgent besoin pour poursuivre sa politiqueSystème de déstructuration et de dissolution. Le résultat d’hier ne conforte en rien cette position bien entendu, au contraire il fragilise avec une brutalité extrême et bien peu élégante la référence vers laquelle tout le monde était invité à se tourner.

Ainsi se confirme la voie générale que suivent tous les grands pays du bloc-BAO, chacun avec ses particularismes. On peut estimer d’une façon globale, c’est-à-dire par rapport aux exigences de la globalisation qui demandent des structures politiques stables au service d’un engagement globaliste affirmé, que successivement le Royaume-Uni englué dans son Brexit, les USA avec Trump, la France et l’Allemagne ont évolué chacun dans le sens inverse des attentes du Système, qu’il s’agisse de comptabilité électorale ou de l’évolution du régime installé dans chacun de ces pays, qu’il s’agisse d’un point de vue général et selon une expression qui se suffit à elle-même de l’esprit de la chose.

(On rappellera ici, pour justifier ce jugement concernant la France, celui que nous proposait PhG dans son Journal-dde.crisis après l’élection de Macron : « Dans la perspective historique, selon ce que l’on sait des us & coutumes de cette République depuis sa création où les participations aux grands scrutins ont toujours été importantes (avec tassement en 2012, comme une réplique du séisme à venir), nous devons avancer une interprétation radicale : que les gens doués d’abstention l’aient ou non conçu ainsi, il s’agit du modèle qui restera de la première insurrection postmoderne adaptée à son objectif... »)

Partout, la réaction antiSystème se signale à sa façon, selon les circonstances, les us & coutumes, les situations. Généralement baptisée “populisme” ou “souverainisme”, c’est-à-dire des concepts insuffisants mais certes pas complètement inadéquats pour qualifier l’antiSystème, rebaptisée “fascisme” et “nazisme” selon une conception complètement dépassée bien entendu lorsqu’elle se fait plus pressante, cette réaction n’apporte strictement aucune alternative parce que tel n’est pas son rôle. L’antiSystème ne propose pas, il ne peut pas proposer une alternative : son rôle ne peut être que destructeur du point de vue du Système, destructeur dans le sens de la destruction de la perspective espérée de la bonne marche de la dynamique de surpuissance du Système, de façon à accentuer décisivement son action transmutant cette surpuissance en autodestruction.

Pour ce faire, et toujours avec la situation considérée d’une façon générale, le désordre au sein des directions politiques et des structures qui les soutiennent et les accompagnent est la recette la plus efficace, et nullement l'éviction de ces directions politiques. Il est totalement inutile et dépassé de songer à des solutions telles que l’émeute dans la rue, la prise du pouvoir par les urnes, etc. Ces situations ne sont intéressantes qu’en tant que menaces contre le Système, – la rue comme “menace” d’une prise de pouvoir, les urnes comme “menace” contre la stabilité du pouvoir en place. Dans ce rôle, elles poussent effectivement le Système à accentuer sa dynamique de surpuissance d’une façon incontrôlée, et cédant de plus en plus à sa tendance à l’autodestruction. Notre appréciation est toujours similaire : ce n’est qu’à mesure de l’effondrement du Système que se créeront des situations nouvelles recélant des possibilités de changement radical à mesure. Nous n’avons encore rien vu qui puisse ressembler à une telle probabilité mais nous ne doutons pas un instant, et chaque fois plus encore à l’occasion des scrutins importants qui défilent, que cette probabilité existe évidemment ; elle n’est probabilité que par rapport au calendrier et à la chronologie, dans le choix et le jugement qu’on fait des événements. Par contre, elle est certitude dans l’issue obligée de ces mêmes événements.

 

Mis en ligne le 25 septembre 2017 à 15H14