John McCain, ou l’étrange ““American maverick” instable

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Nous croyons pouvoir dire qu’il faut accorder une certaine importance et un réel crédit au texte de Sidney Blumenthal, publié dans le Guardian et sur le site CommonDreams.org, le 27 janvier. (Sidney Blumenthal est en général bien informé sur le monde politique washingtonien.) C’est un texte consacré à John McCain, le sénateur républicain qui reste le favori pour le parti républicain, pour les élections présidentielles de 2008. Sa publication répond à un désir de son auteur d’éclairer une personnalité jugée dangereuse.

Effectivement, les probabilités actuelles pour les présidentielles de 2008 nous disent que nous avons, d’un côté, une sorte de Lady McBeth (Hillary), selon Gerald Baker du Times. Et de l’autre? Othello? Richard III? Le portrait que Blumenthal trace de McCain ne nous rend pas optimistes. Il s’agit d’un caractère très instable, finalement assez vulnérable et manipulable, également violent, poussé à l’extrémisme, d’un personnage à la fois démagogique et cultivant une singularité qui implique sa défiance de la prise de responsabilités. On voit mal qu’il s’agisse là du portrait idéal de président.

Blumenthal : «His war story — a bomber pilot shot down over North Vietnam in 1967, held prisoner for five years and tortured — is the basis of his legend as morally courageous, authentic, unwavering in his convictions, an independent reformer willing to take on the reactionaries of his own party, an “American maverick” as he calls himself in his campaign autobiography. […]

»McCain's political colleagues, however, know another side of the action hero — a volatile man with a hair-trigger temper, who shouted at Senator Ted Kennedy on the Senate floor to “shut up”, and called fellow Republican senators “shithead ... fucking jerk ... asshole”. A few months ago, McCain suddenly rushed up to a friend of mine, a prominent Washington lawyer, at a social event, and threatened to beat him up because he represented a client McCain happened to dislike. Then, just as suddenly, profusely and tearfully, he apologised.

»Many Republicans who have had dealings with McCain distrust him (not just conservatives but traditional Republican moderates too). While taking rightwing positions on social issues such as abortion and gay marriage, his simmering resentment of Bush led him virtually to caucus with the Democrats in early 2001 (before September 11). Then, abruptly, he rushed to embrace Bush.»

McCain a évolué de plus en plus vers la droite ces dernières années, à partir d’une tendance foncièrement belliciste (il a rompu de la ligne de son parti en 1999 et s’est associé aux démocrates pour soutenir la guerre du Kosovo de Bill Clinton). Il s’est rapproché des néo-conservateurs à mesure que ceux-ci étaient écartés du pouvoir. Ses positions sont aujourd’hui celles d’un “super-faucon”, plus à droite que GW Bush: «As the neoconservatives abandoned Bush's sinking ship, McCain welcomed them aboard. “McCain began reading the Weekly Standard and conferring with its editors, particularly Bill Kristol,” the New Republic magazine reported. And he hired a board member of the neocon Project for the New American Century, Randy Scheunemann, as his foreign-policy aide. McCain positioned himself as consistently belligerent, even to Bush's right: in favour of bombing Iran and North Korea. He also proposed a “surge” of troops into Iraq, an idea gleaned from the neocons…»

Très curieusement, McCain a une position électorale tactique inverse de celle de Hillary Clinton. Alors qu’on estime que Hillary doit pouvoir emporter sans problème la désignation démocrate mais qu’elle aurait beaucoup de difficultés à remporter l’élection à cause des sentiments hostiles qu’elle suscite, l’inverse semblerait juste pour McCain. Il a (aurait) beaucoup de chances d’emporter l’élection nationale mais beaucoup de difficultés à se faire désigner par son parti.

Les deux principaux candidats pour 2008 sont caractérisés par des positions et des comportements extrêmes, radicaux, avec certaines situations de blocage inattendues dans leurs perspectives politiques. Ils sont complètement à l’image de la vie politique washingtonienne.


Mis en ligne le 30 janvier 2007 à 17H21