Humeur de crise-33

Journal dde.crisis de Philippe Grasset

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Humeur de crise-33

1er mars 2017 – C’est la nouvelle du jour, nul n’en doute ! Il est donc exceptionnellement possible et fortement probable que, le 15 mars, le Système sera mis en examen. Je dis bien et je l’écris sans trembler : le Système lui-même. Et tout cela à cause de la France, cette France pas sérieuse, à qui l’on ne peut jamais faire confiance pour suivre les consignes, s’exclament Bruxelles-UE et le Financial Times d’un même élan.

Dans la basse-cour, ils caquètent tous que c’est affreux, terrible et catastrophique, qu’on ne parle toujours pas et qu’on parle encore moins des problèmes de fond, qu’on est encalminé dans les cales du Titanic, avec ces affaires judiciaires comme autant d’icebergs jouant au ping-pong avec le gros bateau. Moi, je dis au contraire que l’on s’approche de plus en plus du port d’attache, tout proche du but : “Nous y sommes, mes gaillards d’avant !”.

Les juges jurent en se haussant du col, la main sur le cœur, là où est la vertueuse Justice : “Mais nous faisons notre travail !” Ils ont tout de même raison. Fillon fronce les sourcils (qu’il a considérables) et pointe l’index, là où se trouve le destin de la France : “C’est un assassinat politique !” Il n’a tout de même pas tort.

A qui profite le crime, Cui bono ? s’interrogent fiévreusement les comploteurs. Plus de réponse, car l’on ne sait plus très bien ce qui peut sortir de ce cloaque, car les sondages s’affolent, car l’on a tant conjecturé, car l’heure tourne, car enfin le poète qui se permet d’ironiser : « Vienne la nuit sonne l'heure. Les jours s'en vont je demeure »... Et dire que nous allons voter, oui messieurs-dames, voter, en tout exercice-citoyen de la démocratie.

Moi, je pense qu’il faut avoir de l’audace et considérer ce champ de ruines pour ce qu’il est. Le 15 mars, ce n’est pas monsieur Fillon François que les juges recevront, mais bel et bien le Système lui-même. Et les juges lui poseront cette question terrible : “Mais comment en êtes-vous arrivé là, à ce désordre affreux, épouvantable et catastrophique ?” Et, pour une fois, le Système ne saura quoi répondre, parce que, voyez-vous, il n’a pas d’alibi le Système. Vraiment, oseront-ils mettre le Système en examen ? Il faut être César, trempant un majeur indécemment tendu à partir d’une main repliée dans l’eau traîtresse du Rubicon, pour sentir si l’eau est froide, pour oser répondre : “Tu quoque, fillon !

Nous ne sommes plus fils du temps du César Imperator.