Extension du domaine du bordel Clinton

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Extension du domaine du bordel Clinton

Pendant que l’on continue à vivre en Europe, et dans les salons parisiens et télévisés notamment, à l’ombre charmante de la narrative de l’immonde Trump et de l’exceptionnelle Hillary, se confirme et s’accentue gravement et à visage découvert la crise interne Clinton-démocrates. Cette fois, c’est vraiment de l’interne puisqu’on n’est pas parvenu, dans cet épisode, à placer “les Russes & Poutine” dans leur habituelle position de Diabolus ex Machina.

(Parlons à propos des remous Hillary-démocrates d’“une crise dans la crise”, c’est-à-dire une sous-crise de la crise du système de l’américanisme en mode paroxystique depuis 2015, elle-même sous-crise mais principale certes de la Crise Générale du Système. Cet imbroglio de “crises” si caractéristique du “tourbillon crisique” constitue un verrouillage labyrinthique de la situation à Washington “D.C.-la-folle”, dans une dynamique de crise d’effondrement. La structuration du pouvoir du système de l’américanisme est en train d'être totalement pulvérisée.)

Deux interventions publiques constituent les facteurs déclencheurs du nouvel épisode : deux femmes de poids du parti démocrate, qui avaient jusqu’ici soutenu Hillary depuis sa nomination, la présidente intérimaire du DNC Donna Brazille, qui est à l’origine de l’épisode, et la sénatrice Elisabeth Warren. Elles nous ont toutes les deux annoncé et confirmé que “le Roi est nu” (ou bien, “Hillary était nue”), ce que nous savions depuis longtemps mais qui ne faisait pas partie jusqu’ici de la narrative officiellement autorisée à “D.C.-la-folle”. Wolf Blitzer, une des vedettes de la vertueuse CNN, nous a même confié qu’il était “choqué” d’apprendre avec surprise et horreur tout ce que nous savions déjà.

• Donna Brazille a donc été la présidente intérimaire du parti démocrate (DNC) entre la démission de Debbie Wasserman Schultz (DWS) en juillet 2016 et en plein pétard mouillé mais depuis remis à neuf des turpitudes extraordinaires de corruption de la direction démocrate, et la désignation il y a quelques mois du nouveau président Tom Perez qui nous annonce, lui, qu’il faut passer l’éponge et “aller de l’avant”. En attendant de “passer à autre chose” (autre formulation pour “aller de l’avant”), Brazille tient semble-t-il à informer le peuple démocrate du montage colossal dont elle (Brazille) et lui (le peuple démocrate) ont été les dupes. Pour lancer son livre sur la chose, Brazille a publié un article sur le site Politico.com, qui fait grand bruit et qui est repris abondamment, aussi bien par les antiSystème qui s’en donnent à cœur joie que par la presseSystème qui se dit “choquée” d’apprendre ce qu’elle ne soupçonnait pas une seule seconde, – ça alors, quelle surprise... En effet, Brazille nous explique comment le parti démocrate était complètement corrompue au profit d’Hillary, comment Hillary a pillé les caisses du parti, comment Sanders a été éliminé par une corruption et une manipulation massives du tandem Hillary-DWS.

Brazille nous confie qu’elle en eut le cœur brisé lorsqu’elle fut confirmée dans ce qu’elle soupçonnait et qu’elle alluma une bougie et mit un disque de gospel pour tenter de le réparer, ce cœur, comme faire se pouvait, avant de faire la démarche promise. Puis elle appela Sander pour lui révéler l’ampleur de l’infamie dont il avait été la victime...

« Before I called Bernie Sanders, I lit a candle in my living room and put on some gospel music. I wanted to center myself for what I knew would be an emotional phone call.

» I had promised Bernie when I took the helm of the Democratic National Committee after the convention that I would get to the bottom of whether Hillary Clinton’s team had rigged the nomination process, as a cache of emails stolen by Russian hackers and posted online had suggested. I’d had my suspicions from the moment I walked in the door of the DNC a month or so earlier, based on the leaked emails. But who knew if some of them might have been forged? I needed to have solid proof, and so did Bernie.

» So I followed the money. My predecessor, Florida Rep. Debbie Wasserman Schultz, had not been the most active chair in fundraising at a time when President Barack Obama’s neglect had left the party in significant debt. As Hillary’s campaign gained momentum, she resolved the party’s debt and put it on a starvation diet. It had become dependent on her campaign for survival, for which she expected to wield control of its operations.

» Debbie was not a good manager. She hadn’t been very interested in controlling the party—she let Clinton’s headquarters in Brooklyn do as it desired so she didn’t have to inform the party officers how bad the situation was. How much control Brooklyn had and for how long was still something I had been trying to uncover for the last few weeks.

» By September 7, the day I called Bernie, I had found my proof and it broke my heart. »

• La deuxième femme à intervenir est la sénatrice Elisabeth Warren, grande figure du parti démocrate, dont la belle image d’adversaire de Wall Street a été un peu écornée par divers arrangements fructueux, dont la belle réputation de sagesse et de mesure a été un peu ternie par sa chute dans l’hystérie (anti-Trump, bien sûr, mais c’est la perte de sang-froid qui importe ici) qui a saisi le monde progressiste-sociétal et “D.C.-la-folle” depuis fin-2015. Quoi qu’il en soit, Warren reste un des atouts démocrates, notamment pour les présidentielles de 2020 à propos d’une éventuelle candidature. Tout de même, bien que son cœur penchât à gauche comme c’est normal, c’est-à-dire du côté de Sanders, elle avait soutenu Hillary avec fougue lorsque la nomination démocrate eût été acquise.

Désormais, elle connaît les conditions de cette nomination, et de la meilleure source du monde. A la question posée par CNN-la-vertueuse (“Croyez-vous que la nomination d’Hillary Clinton a été manipulée et truquée”), elle a répondu par un “Oui” sans nuance.

« During an interview on Thursday afternoon on CNN, Sen. Elizabeth Warren was asked if she believed the Democratic National Committee was rigged to favor the presidential nomination of Hillary Clinton

» “Very quickly senator, do you agree with the notion that it was rigged?” CNN's Jake Tapper asked.

» “Yes,” Warren responded. »

Résumons : le parti démocrate, complètement corrompu et contrôlé par les Clinton, et qui ne demandait d’ailleurs que ça, a liquidé Sanders au profit de Clinton alors que Sanders avait plus de chances de l’emporter que Clinton. C’est en effet dans ces termes qu’il faut résumer l’opération. On notera à nouveau avec insistance qu’il n’est nul besoin, dans ce rapide résumé, de mentionner ni “les Russes”, ni “Poutine”. La corruption de Clinton, du parti démocrate, de “D.C.-la-folle”, du système de l’américanisme de Washington à Hollywood, tout cela suffit amplement à tout expliquer.

Poursuivons : la “guerre civile de communication” en cours à “D.C.-la-folle” est en plein aggiornamento : il est désormais officiellement admis que Clinton est au moins aussi immonde que Trump, et on ira jusqu’à avancer, comme tribut à l’expérience politique, qu’elle l’est sans doute un peu plus sinon franchement plus, – bref, l’immondice règne, où que le regard se tourne... Ce conflit se double désormais d’une “guerre civile interne” au parti démocrate, qui vaut largement celle qui se poursuit dans le parti républicain depuis l’affirmation d’une tendance populiste à l’occasion de (plutôt que “grâce à”) l’irruption de Trump. Tout cela se fait sans nécessité d’en appeler au Russiagate, à Poutine & à ses œuvres.

Comme il n’est tout de même pas question, nous en jurerions sans prendre de grands risques, d’abandonner les impératifs du déterminisme-narrativiste, il n’est pas question de céder sur le terrain de la haine anti-Trump comme sur celui de l’interférence russe dans les élections. (Le procureur spécial du Russiagate Mueller, de plus en plus contesté pour diverses turpitudes et ses accointances avec Hillary/démocrates, – sans parler d’une extrême incompétence, – a déjà prononcé une inculpation [Manafort, qui fut directeur de campagne de Trump jusqu’en août 2016] et il pourrait rapidement inculper le Général Flynn.) Cela signifie que la schizophrénie va atteindre un degré inimaginable s’exprimant par une sorte de sur-paroxysme d’une hystérie déjà paroxystique, engendrant un terrible épuisement de la psychologie, avec conséquences...

L’accroissement de la pathologie et par conséquent de l’épuisement de la psychologie est largement aussi important, sinon beaucoup plus important à notre sens que l’accroissement de la dette dans la dynamique d’aggravation de la Grande Crise et le passage de la surpuissance à l’autodestruction. Il est devenu tout simplement impensable d’envisager aujourd’hui une solution à l’impasse à “D.C.-la-folle”, impasse faite de paralysie et d’impuissance, et d’un déchaînement de haine sans pareille à mesure que l’universalité et le totalitarisme de la corruption du Système se dévoilent par pans entier.

Pire encore, mais logique : au plus cette corruption apparaît au grand jour et sous toutes ses formes, de la vénalité à la dissolution des mœurs, au plus il importe d’affirmer la vertu inoxydable du Système. Les boucs-émissaires sont plus que jamais nécessaires, mais ils ne peuvent survivre qu’à coups d’affirmations dont la grotesquerie procure un surcroît d’épuisement (psychologie, toujours...).

Tout cela se fait en ouverture symbolique de la campagne électorale pour les élections mid-term de novembre 2018, où les deux ailes du “parti unique” vont renouveler une part importante de leurs effectifs. On imagine aisément combien cette perspective va accroître encore la tension, l’intransigeance et les diverses montées aux extrêmes. Une question parmi d’autres est de savoir si la déstructuration et la dissolution des débris des structures de l’appareil politique de “D.C.-la-folle” ne vont pas se répercuter au niveau des candidatures et créer à l’intérieur des partis des fractions hostiles et intransigeantes, installant un désordre sans précédent au Congrès. On a déjà eu l’exemple en septembre d’une bataille entre républicains orthodoxes et républicains populistes en Alabama, pour la désignation du candidat au Sénat dans une élection partielle, en décembre : contre l’establishment républicain (et Trump !) avec son candidat Strange, le populiste Moore a emporté la désignation pour la candidature républicaine.

 

Mis en ligne le 3 novembre 2017 à  09H28