En direct de Langley

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En direct de Langley

Cela nous apparaît comme une surprise moyenne dans l’atmosphère qui prévaut à “D.C.-la-folle“, mais une surprise tout de même, et surtout un extraordinaire symbole de la confusion des genres, de l’âpreté extraordinaire de l’antagonisme, de la haine et de l’invective régnant en maître extraordinaire à Washington D.C... Il s’agit de l’engagement, certainement pour un salaire plantureux, de John Brennan, directeur de la CIA jusqu’en janvier 2017 et l’un des principaux “comploteurs“ (à ciel ouvert) anti-Trump, comme “commentateur politique„ des chaînes NBC et MSNBC. Brennan chez MSNBC, c'est le “coup d'Etat permanent” en direct.

Mais d’abord, présentation succincte de l’événement par RT, réseau particulièrement bien placé pour le faire puisque sans cesse accusé par Brennan & Cie (& MSNBC, sans nul doute) d’être une “officine de propagande“ agissant aux ordres diaboliques, manipulateurs et directs de Poutine.

« L'ancien directeur de la CIA, John Brennan, a été embauché comme contributeur rémunéré par NBC et MSNBC, a annoncé la direction de ces deux réseaux. La nomination de Brennan intervient au milieu du tollé suscité par le mémorandum publié par le député Devin Nunes (Californie), président de la commission du renseignement de la Chambre, qui allègue que le FBI et le ministère de la Justice ont commis des irrégularités en enquêtant sur l'ingérence russe dans les élections de 2016. Le fait que M. Brennan ait déjà menti à un journaliste de la NBC au sujet des tentatives de la CIA de contrecarrer une enquête de la commission du renseignement du Sénat sur l'utilisation de la torture par l’agence n’a apparemment pas été considéré comme suffisant pour dissuader les chaînes de l’engager.

» L'ancien chef de la CIA a fait sa première apparition dans son nouveau rôle d'analyste principal de la sécurité nationale et des renseignements sur “Meet the Press” dimanche. Il a aussitôt exercé sa nouvelle fonction en accusant Nunes d'être “exceptionnellement partisan” et d’abuser de son rôle pour protéger Trump. .

» Brennan avait été nommé directeur de la CIA par Obama en 2013 et a servi jusqu'à ce que Trump entre en fonction en janvier 2017. Dans son témoignage devant la commission du renseignement de la Chambre, il avait affirmé que la Russie avait “brutalement interféré” dans l’élection présidentielle de 2016.

» L'ironie du nouveau poste de Brennan n'a pas échappé au journaliste et cofondateur de The Intercept, Glenn Greenwald, qui a souligné dans un tweet qu'il était “un peu étrange” que le réseau [MSNBC] dénonce constamment RT et Fox comme “télévision d'État”, puis embauche des directeurs de la CIA et des généraux pour être vos “analystes politiques”

» La présence d'anciens responsables militaires et du renseignement dans les salles de rédaction était autrefois considérée comme controversée. En 2008, le New York Times avait publié une enquête soulignant et dénonçant l'utilisation par l'administration de George W. Bush d'analystes militaires pour “aménager” la couverture de la “Guerre contre la Terreur”. Les documents internes du Pentagon [obtenus à cette occasion] les désignaient comme des “multiplicateurs de force de message” ou des “substituts” sur lesquels on pouvait compter pour diffuser des “thèmes et des messages” de l’administration à des millions d'Américains “sous la forme de leurs propres opinions”. Le plus grand contingent d'analystes était affilié à Fox News, suivi par NBC et CNN, selon l'enquête. »

Il est vrai, RT le rappelle à juste raison malgré son lourd passé, que l’emploi d’anciens hauts dirigeants de la sécurité nationale (militaires et renseignement) comme consultants pour les questions de sécurité nationale dans les entreprises de presse écrite, parlée et surtout télévisuelle, est une pratique courante (aux USA certes, mais aussi dans tous les pays ‘civilisés et avancés” du bloc-BAO et cela depuis la guerre du Golfe de 1990-1991, et d’une “manière” conquérante depuis 9/11). Il est vrai, la sagesse la rappelle, qu’on n’est jamais si bien commenté que par soi-même, et le Pentagone a effectivement un plan général permanent d’infiltration à ciel ouvert de la presseSystème par “ses” hommes en fin de carrière et qui veulent prolonger au-delà de la retraite, c’est-à-dire continuer à servir “la Cause” tout en se constituant un joli petit pactole parce que ce genre de sport paye fort bien son homme. (...“Et sa femme” désormais, non ? Il semble qu’on soit encore bien loin de l’égalité des genres dans ce domaine de l’influence belliciste et de la corruption légalisée et hautement rémunérée. Il faudra s’en occuper activement, un jour ou l’autre.) Enfin, tout cela fait partie du système d’entretien permanent et attentif des esprits et des psychologies, un peu comme les bataillons de femmes/hommes de ménage et autres personnels d’entretien nettoyant les bureaux après une bonne journée de travail.

Mais Brennan, ça c’est autre chose, – nous voulons dire, quelque chose en plus...

Brennan a joué un rôle capital dans la bataille anti-Trump de ces deux dernières années. Il l’a joué à visage découvert, jouant effectivement un jeu complice avec les médias qui vont bien, tous ceux qui représentent à la fois le Système et la gauche progressiste-sociétale, du WaPo/NYT pour l’écrit à MSNBC pour le réseau télé. Ses interventions avant et après son départ de la direction de l’Agence ont signalé l’importance manifeste de ce rôle et le désintérêt tout aussi manifeste de l’intéressé pour tout ce qui a un rapport avec le classified et le devoir de réserve dès lors qu’il s’agit de taper sur Trump. C’est sans aucun doute du jamais-vu dans le monde de la sécurité nationale à Washington, dont la consigne, depuis sa constitution structurée en 1947 (National Security Act), a toujours été le bipartisme, l’union de toutes les forces politiques et médiatiques pour soutenir l’action impériale qui lui incombe, leur cohésion, leur complicité activité, leur sens commun de la vertu civique étendue à tout ce qui profite à l’“Empire” et à ses personnels, enfin leur respect des formes et des règles internes.

Brennan est donc bien le symbole absolument avéré de la fracture qu’a constitué l’élection de Trump, de la rupture de la ligne de coopération et d’intégration de la sécurité nationale. Plus encore que du DeepState, dont il fait évidemment partie, Brennan est le symbole de l’échec de ce DeepState à empêcher la rupture de la nécessaire unité qui devrait être, qui aurait dû être maintenue au sein de la direction de l’“Empire”. La corpulence furieuse et l’espèce de violence qui se dégagent du personnage sont également symboliques de la fureur du DeepState de cet échec qui signe la fin de l’efficacité de la machinerie américaniste d’agression et d’oppression, sa transformation en désordre également furieux.

Par conséquent, l’engagement de Brennan chez MSNBC (surtout) est également symbolique, sous les ricanements entendus de Glenn Greenwald. Le réseau le plus progressiste, acharné à lutter contre le militarisme et le bellicisme de l’équipe GW Bush, comme fit Rachel Maddow (“avec tant de talent”, disait-on alors) attaquant furieusement dans les années 2000 la CIA pour ses divers actes de torture, ses incursions illégales, ses trafics parallèles, ses manipulations de pseudo-terroristes, etc., – ce réseau si vertueux se payant un Brennan, exécuteur des hautes œuvres du temps d’Obama, – quoi de plus symbolique également, et de plus normal pour illustrer la démence de nos Derniers Temps ? Puisqu’après tout, Maddow et ses copines du LGTBQ jouent aujourd’hui le rôle des neocons de GW Bush d’hier... Ils s’entendront comme larrons en foire avec le gros Brennan qui nous jouera, “en direct de Langley”, la partition annoncée plus haut du “coup d'Etat permanent” .

... En effet, l’engagement de Brennan dans la presseSystème/MSNBC, décidément symbolique de tous les côtés qu’on l’observe, signale enfin, symboliquement bien sûr, que la guerre civile furieuse à “D.C.-la-folle” n’a pas cessé, n’est pas prête de cesser, et ne cessera qu’avec l’effondrement de l’usine à gaz générale qu’est Washington D.C. Nous dirions que c’est, pour notre compte, quelque chose comme une question d’intuition : Brennan est un trop gros poids lourd pour s’engager, et être engagé, sans avoir avec lui un “plan de fin-de-carrière” absolument agréé et même recommandé par le DeepState, qui signifie en fait le refus de toute concession et de toute armistice du côté des ennemis de Trump, le refus enfin du Système du retour à la légalité-Système qui impliquerait l’acceptation et l’intégration de l’épisode-Trump. Comme on le sent et le pressent, comme on le décrit depuis des mois et maintenant depuis des années, ce sera une lutte à mort dans le désordre le plus complet, dont la victime au bout du compte sera le Système lui-même, autodestruction parfaitement réalisée.

 

Mis en ligne le 06 février 2018 à 13H32