Doctrine Mattis : “Je n’ai pas de problèmes, j’en crée...”

Journal dde.crisis de Philippe Grasset

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Doctrine Mattis : “Je n’ai pas de problèmes, j’en crée...”

06 janvier 2018 – Le secrétaire à la défense Mattis, Général à la retraite du Corps des Marines, a été interrogé sur la bonne marche du Pentagone et sur les perspectives de 2018 par les journalistes accrédités qu’il recevait pour ses vœux de nouvelle année. Benny Johnson, du Daily Caller, rapporte le 5 janvier ce qui devrait devenir une citation classique dans le florilège du Pentagone...

Si l’on veut bien me donner une certaine licence et me passer la traduction de “concern,” par “problème” plutôt que par “préoccupation” pour donner du rythme à la formule, cela donne ceci que l’on pourrait baptiser “Doctrine Mattis” : “Je n’ai pas de problèmes, j’en crée”.

« Defense Secretary Jim Mattis talked to reporters at the Pentagon this afternoon. Asked what is his biggest military concern in 2018, he responded : “I don’t have concerne, I create them.” »

Mattis est connu pour ses formules et quasi-maximes à l’emporte-pièce, abruptes, parfois abscons, parfois cyniques et brutales, etc.

« Mattis est également connu pour ses citations colorées sur et hors du champ de bataille, écrit notre journaliste. C’est pourquoi personne n’a été surpris quand il a donné au monde une autre citation désormais classique aujourd'hui au Pentagone. »

Il n’empêche que, comme toute bonne maxime dont la véritable nature est de nous dire “une vérité générale”, celle-là ne manque pas à son devoir. Il est vrai que le Pentagone, s’il a des problèmes de fonctionnement qui devraient l’amener au trou noir du néantissement, continue à assumer à un rythme étourdissant sa véritable fonction qui est bien de créer des problèmes là où il n’y en a pas, ou d’aggraver les problèmes déjà existants selon un enchaînement exponentiel. Il s’y emploie, le Pentagone, en mode de surpuissance depuis le 11 septembre 2001, alorts qu'il n’était qu’en régime de croisière soutenu auparavant, depuis 1947, quoi qu’en aient pensé et voulu les secrétaires à la défense successifs.

(William Cohen, ministre de 1997 à 2000 et poète réellement publié, comparait le Pentagone à Moby Dick, et lui-même à un Achab promis à l’échec assuré et qui avait posé son harpon devenu inutile, sans plus d’espoir de jamais arriver à quelque espoir que ce soit.)

La question qui subsiste, ouverte, est de savoir si Mattis a parlé au premier degré, en Marine cynique et sûr de sa force comme créatrice d’une loi faussaire que tout le monde est obligé par la force de respecter et du désordre qui s’ensuit en faisant naître des problèmes épouvantables ; ou bien s’il a parlé au second degré, en se moquant intérieurement de lui-même, comme chef du Pentagone conscient de l’ampleur et de la folie de cette usine de gaz, et de son impuissance à la faire fonctionner d’une façon raisonnable. Franchement, je ne parviens pas à me dmefaire une religion parce que je suis une belle âme et un pieux caractère ; alors oui, dans un acte extrêmement sublime d’une confiance stupéfiante d’audace dans la nature humaine et le genre indépendant (ni-homme, ni-femme) de la pensée, je laisse ouverte l’option selon laquelle Mattis s’est laissé aller à une ironie joyeuse et désespérée où il ne craignait pas de se moquer de lui-même et de ses vaines tentatives.

Mais quoi et pour conclure, j’en doute tout de même, et crains que la nuque rasée du Marine limite la navigation des neurones...

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