De la vanité d’arroser Moby Dick de $milliards

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De la vanité d’arroser Moby Dick de $milliards

La newsetter mensuelle du Strauss Military Reform Project (anciennement Center for Defense Information) du groupe POGO, – une des meilleures sources d'analyse critique du fonctionnement du Pentagone, – nous donne une rapide analyse, le 2 mars, de la décision de Trump d’augmenter significativement le budget du Pentagone (surnommé Moby Dick). Cette analyse nous confirme dans ce que nous avancions le 28 février, à savoir l’inutilité complète d’une telle mesure, sinon son effet négatif : cette augmentation « ne permettra pas de contrôler les problèmes [du Pentagone] ; elle les aggravera », écrit Mandy Smithberger, qui a succédé à Winslow Wheeler à la tête du groupe.

« The Pentagon can’t pass an audit, delivers ineffective and overpriced weapon systems, and desperately needs to reform its personnel system to make the military more effective. Throwing an additional $54 billion at the Pentagon, as the Trump administration has recently proposed, won’t fix these problems; it’ll make them worse.

» “The American military’s shrinking capabilities have very little to do with money. Rather, they are the result of internal mismanagement,” Center for Defense Information military advisor Lt. Col. Daniel Davis (U.S. Army, ret.) wrote last year. “The only way to strengthen our national security is not to spend more money, but rather to reform the way the Department of Defense does business.”

» Unfortunately it appears the Pentagon is going to get more money and come up with a list of priorities and justifications after the fact. When a White House budget official was asked where the increased spending would go they didn’t list specific programs or priorities, they said “predominantly it will be going to the Pentagon.” Taxpayers are already on the hook for $1 trillion of national security spending. Increasing the Pentagon's budget would only be throwing good money after bad.

» The $54 billion may only be the beginning—it remains to be seen whether the Pentagon or its boosters in Congress will increase spending even more by adding funds to the Pentagon’s usual slush fund, the Overseas Contingency Operations account. This kind of spending is reckless and irresponsible, and with your support we'll continue to fight it. »

Ce supplément de budget, à lui seul proche de la valeur totale du budget militaire russe qui obtient une efficacité opérationnelle bien supérieure à celle des USA, doit encore grandir la narrative faussaire de la puissance militaire US. Plus cette puissance apparaît énorme en termes budgétaires, avec la transcription immédiate en termes de communication de l’apparence de la puissance, plus s’accroissent l’impuissance et la paralysie des USA en termes d’opérationnalité dans le domaine de la sécurité nationale.

Cette situation accroit notablement l’instabilité générale de la sécurité dans les rapports entre les puissances et la perception du rapport des forces entre ces différentes puissance. Cette instabilité a surtout des effets au niveau de la communication et, indirectement, sur les analyses des capacités opérationnelles que font les dirigeants et les commentateurs. Si la puissance du Pentagone est devenue un mythe faussaire par rapport à ce qu’on en attend, le Pentagone n’en continue pas moins à influencer la communication comme s’il manifestait effectivement la puissance qu’il prétend être. Il est manifeste que personne dans l’administration ni au Congrès n’a envisagé un tel aspect de la situation, ni même ne s’y intéresse. Moby Dick est aujourd’hui en roues libres, installé dans son gigantisme, son image faussaire d’énorme surpuissance, sa paralysie et son impuissance. Ainsi va le Système.

 

Mis en ligne le 03 mars 2017 à 14H36