Bernie est-il Tulsi-compatible ?

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Bernie est-il Tulsi-compatible ?

CNN avait organisé lundi soir une réunion autour de Bernie Sanders, nouveau candidat à la nomination démocrate pour les présidentielles 2020, et candidat particulièrement remarquable parce qu’il a réuni aussitôt sur son nom un soutien tout aussi remarquable. (Un million de signatures et $6 millions de donations individuelles en une petite décade.) On ne dira pas que Sanders, vaincu par les machinations de la direction (DNC) du parti démocrate totalement phagocyté par la pourriture-Clinton lors de la campagne des primaires de 2016, qui aura tout de même 80 ans l’année de son entrée en fonction en 2021 s’il est élu, est d’ores et déjà le favori des primaires démocrates mais il démarre vraiment en trombe, – comme s’il retrouvait instantanément les foules qui l’avaient soutenu lors des primaires de 2016, pour une vengeance qui se mange froide surtout du fait de ces foules plus que de Sanders lui-même qui semblerait plutôt surpris de ce succès... Cet événement peu ordinaire en fonction du contexte évoqué, y compris l’âge du capitaine, fait partie du spectacle incroyable que les USA déroulent sous nos yeux... 

On met en exergue certaines des déclarations du candidat (voir RT.com), qui est toujours nominalement inscrit comme sénateur “indépendant” (Vermont), bien qu’il soit considéré comme démocrate. Le “socialisme” de Sanders s’est largement “gauchisé”, sans crainte du qu’en-dira-t-on désormais, tant tout le parti démocrate lui-même bascule complètement à gauche, vers le socialisme, sous la poussée de ses choix progressistes-sociétaux autant que de ses diverses nouvelles vedettes, – surtout des femmes dites “de la diversité”, dont certaines sont d’un âge tel que Sanders pourrait être leur grand’père ! La radicalisation se fait dans tous les azimuts.

• Sanders n’a donc pas ignoré ni oublié le comportement du DNC contre lui en juillet 2016. Debbie Wasserman-Schultz, qui présidait le DNC, roulait à fond pour Hillary Clinton et avait complètement saboté la candidature Sanders. Cela fut révélé par une forte livraison de courriels secrets transmis sous étiquette-WikiLeaks, forçant Wasserman-Schultz à démissionner le jour de l’ouverture de la convention démocrate. L’affaire fut “étouffée” en montant le simulacre hautement douteux  nommé Russiagate (“Ce sont les Russes qui ont livré les courriels pour saboter la pauvre et vertueuse Hillary”), ce qui revenait à concentrer le feu sur le soi-disant messager pour éviter de discuter du message. « Je pense que je ne choquerai personne en suggérant que le DNC n’a pas été impartial en 2016, a dit Sanders lundi soir. Depuis, le parti démocrate a parcouru un long chemin et je m’attends à être traité de la même manière que tout le monde lors des prochaines primaires. »

Sanders s’engage à soutenir le candidat démocrate s’il n’est pas choisi, selon la mantra “Delendum Est Trumpum” (« Trump has got to be defeated »).

• Concernant le Russiagate justement, et en général les interférences russes et supposées dans le processus électoral, Sanders a une position ambiguë. Il semble bien qu’il n’ait d’abord pas accepté cette version, ni le fait même de l’interférence russe, avant de s’y rallier dernièrement. Le site Politico.com l’a attaqué sur cette question, après que Sanders ait récemment déclaré qu’il avait partagé avec le camp Clinton, tout au long des primaires 2016, des informations sur les “attaques russes” ; Politico.com  a signalé qu’il ne s’agissait que d’un volontaire de la campagne Sanders qui avait contacté de sa seule initiative le camp Clinton... Tout cela est très vague et Sanders lui-même tout autant, laissant l’impression qu’en cette matière le vieil homme roué et expérimenté évolue tactiquement selon les pressions de la narrative-Système.

A un interrogateur de sa réunion de lundi soit qui l’interroge sur le fait, il répond en plaisantant, mi-figue mi-raisin du Vermont : « Contrairement à Donald Trump, je ne doute pas que ce que vous avez dit est vrai. » Pour le reste, c’est du bavardage sans grand risque : Sanders met en garde Moscou « contre le sabotage des élections aux États-Unis et dans le monde entier. [...] Ma campagne engage et dépense beaucoup d'argent pour protéger nos ordinateurs des Russes. [...] Il faut faire savoir à Poutine et à d'autres dans le monde que la cyberguerre, la tentative de destruction de la démocratie américaine, est une infraction très grave qui ne sera pas prise à la légère. »

• Mais le plus intéressant, – bien plus que son “socialisme” dont on sait désormais qu’il ne prend plus de gants, – concerne la politique extérieure, où Sanders a pris des positions remarquables parce qu’à la limite d’être opposées à la politiqueSystème. La question du Venezuela a aussitôt été abordée, sujet où Sanders a renouvelé son absence d’adhésion à la politique actuelle, son refus de “reconnaître” la “légalité” du “président par intérim” décrété par Trump, etc. : « Je suis assez vieux pour me souvenir de la guerre au Vietnam. Et j'ai été aussi actif que possible pour empêcher les États-Unis d'entrer en guerre en Irak... [...] Les États-Unis ont renversé un gouvernement élu démocratiquement au Chili, au Brésil, au Guatemala et dans d'autres pays du monde. »

Maduro est-il un dictateur ? Sanders refuse ce jugement, précisant qu’« il y a encore des opérations démocratiques dans son pays»... Et si l’on s’intéressait au « régime despotique » d’Arabie Saoudite ? « Je trouve intéressant que Trump soit très préoccupé par ce qui se passe au Venezuela, mais qu'en est-il de la dernière élection qui a eu lieu en Arabie Saoudite? Oh, il n'y a pas eu d'élections en Arabie Saoudite, où les femmes sont traitées en citoyens de troisième classe. »

Traditionnellement, et certainement pendant les primaires de 2016, Sanders s’est toujours montré très frileux sur les questions de politique extérieure, par rapport à sa réputation de pseudo-gauchiste dans le parti. Aujourd’hui, il est beaucoup plus à l’aise et s’engouffre dans le trou laissé béant par le candidat Trump de USA-2016 qui fustigeait l’interventionnisme extérieur, d'une béance du fait de la politique depuis 2017 du président Trump. On mesure également par ce biais les changements qui bouleversent le parti démocrate, où le Système et sa narrative sont en train d’être débordés par la gauche ultra-activiste. Jusqu’ici, ce gauchisme progressiste-sociétal se gardait bien de toucher à la politiqueSystème interventionniste, mais cela est en train de changer, parce que la logique budgétaire de certains programmes intérieurs des plus radicaux, pour être simplement envisageable, conduit à mettre en question les sommes astronomiques consacrées à l’entretien d’un “empire” exténué à force d’être overextended. Il semblerait éventuellement que le repli de l’interventionnisme belliciste sur l’arrière-cour (Venezuela) ait ranimé de bien vilains souvenirs et de vieux réflexes anti-interventionnistes du type  War is a Racket, un classique qui fait référence au sein du mouvement antiguerre aux USA.

(Paradoxalement par rapport à la gauche antiguerre, il s’agit du livre fameux publié en 1935 par un général du Corps des Marines constellé de décorations, Smedley D. Butler. Le général eut également à son actif la dénonciation d’un coup d’État anti-Roosevelt pour lequel on avait sollicité sa participation.)

... Nous sommes donc bien en plein “USS Magic Socialist ! Cela permet aux hypothèses audacieuses de trouver leur place. Ainsi en est-il de Tulsi Gabbard.

On sait que Gabbard s’est elle-même embarquée dans une candidature pour les primaires démocrates de 2020, et qu’elle a soulevé un tollé contre elle de la part des vieux croutons de l'establishment  et de la presseSystème pourrie. L’on sait moins, si l’on a la mémoire courte ou sélective, qu’elle était vice-présidente au côté de Wasserman-Schultz à la tête du DNC et qu’elle quitta cette planche pourrie en avril 2016 pour rallier le camp de Sanders, – estimant, à juste titre, qu’on ne pouvait être à la fois dans l’équipe de direction du parti et partisane de l’un des candidats. (Cette idée n’effleura jamais Wasserman-Schultz, préoccupée par ailleurs comme on s’en doute.) 

Cette décision signalait combien Gabbard, devenue célèbre depuis pour des positions jusqu’ici favorisées par la droite paléoconservatrice et antiguerre, est à gauche du point de vue des questions sociales et économiques en général. Cela conduit effectivement à se demander si, à un moment ou l’autre,Sanders et Gabbard ne pourraient pas à nouveau se rencontrer, surtout lorsqu’on considère l’évolution de Sanders contre la politiqueSystème. Comment ? Vient à l’esprit l’hypothèse d’un ticket Sanders-Gabbard, où le très-vieil homme blanc serait secondé par une jeune femme brillante et, comme on dit, “issue de la diversité”... (Nous laissons au poulailler l’exclusivité des autres précisions de l’ombre et du complot.)

Le complément des deux est évident, lorsqu’on songe que Gabbard attirerait au ticket démocrate gauchisant jusqu’à des voix populistes antiguerres de droite déçues par la politique de Trump. L’ensemble, comme l’hypothèse elle-même, est un tribut de plus apporté à l’analyse extatique de l’immense et extraordinaire désordre qui ne cesse de se développer à Washington D.C., plus que jamais “D.C.-la-folle”. Vous avez bien ri pour USA-2016 ? Attendez-vous à pulvériser ces séances déjà mémorables avec USA-2020.

 

Mis en ligne le 27 février 2019 à 12H40

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