La non-escale de Bruxelles

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On l’a vu et on l’a dit, le voyage de Barack Obama dans le reste du monde (ROW) n’était pas vraiment calibré pour des projets d’information et de délibération politiques. Une appréciation politique de ce voyage inspire donc diverses critiques. Ce fut le cas le 16 juillet, lorsque Steve Clemons, de The Washington Note, s’étonnait que Obama n’ait pas songé à faire une escale à Bruxelles.

«I'm worried. While some have become distracted by a silly discussion inside Germany on whether Obama should speak at the Brandenburg Gate in Berlin and whether he should defer to Angela Merkel, most seem to have forgotten that Obama's celebrated European trip does not include Brussels.

»He's hitting France, Germany, the UK – and all of that is good.

»But Brussels is the capital of Europe. It is the promise of what Europe is struggling to become that makes Brussels a vital stopover point. Obama is visiting some of the key, strategic nodes that give Europe some of its legs – but the trip looks like an “Old Europe” trip, not a new one.

»Perhaps to teach us a lesson, we should have more world leaders visit San Francisco, Houston, Boston, New York, Chicago – and just skip Washington, D.C. It's not a bad idea come to think of it.

»But seriously, for Obama to neglect Brussels and the vital significance of what is going on in the evolving institutional heart of Europe may amplify doubt about him and his strategic template. Long ago, I broke the story that Senator Obama had not chaired any policy hearings of the European Subcommittee of the Senate Foreign Relations Committee. I thought that this got overplayed by some others – but still, it raised questions about the status of Europe in Obama's world view.

»This trip was and remains an opportunity to show that he has studied up and that he gets the fact that when it comes to Iran, Russia, China, the global economy, oil and energy strategies, and more – working with Europe behind the scenes and overtly is not optional.»

Malgré cet excellent avis, Obama n’a pas changé son programme. Pas de Bruxelles. Qu’en a-t-on dit à Bruxelles, dans les diverses et proliférantes institutions européennes? «Pas grand’chose, remarque une source européenne. La tournée d’Obama est passée assez inaperçue. En fait, on ne s’y est guère intéressé. Aujourd’hui, à Bruxelles, le grand sujet reste la Russie», – c’est-à-dire la proposition Medvedev.

Effectivement, la chose est plus que jamais au cœur de toutes les préoccupations. Même l’OTAN s’intéresse à la proposition du président russe. On en discutera au siège de l’Alliance lundi. D’une façon générale, il apparaît que des contacts ont été pris entre Européens et Russes, à l’initiative des Européens, pour explorer la proposition russe. Il est possible que des rencontres préparatoires aient lieu à la rentrée après que les Russes auront précisé leurs propositions.

De ce point de vue des relations avec la Russie, il y a des divergences potentielles graves entre Américains et Européens. Quel que soit l’élu de novembre 2008, il est difficile d’en attendre une bonne volonté excessive à l’égard des Russes. Obama n’a pas d’avis sur la question mais son principal conseiller en politique extérieure, Zbigniew Brzezinski, est d’une hostilité viscérale à l’encontre de la Russie. McCain, lui, a déjà montré une hostilité personnelle dans le même sens, qu’on retrouve aussi bien dans son projet de “Ligue des Démocraties” que, cela va sans dire, dans sa proposition d’exclure la Russie du G-8.

La volonté générale et partagée, aux USA, notamment chez les deux candidats, et en Europe, de rétablir de bonnes relations transatlantiques (s’étaient-elles détériorées?) est une belle et bonne chose. Mais il y a les réalités, c’est-à-dire quelques solides dossiers de divergences. Les relations avec la Russie constituent sans aucun doute l’un des plus sérieux.

(...D’autre part quoique dans le même sens, en attendant l’élection de novembre, une autre possibilité d’interférences dans ces relations transatlantiques se trouve dans la situation géorgienne. Une hypothèse désagréable en vogue dans les milieux européens est que, dans le cas d’une aggravation de la tension, voire d’un conflit avec la Russie, l’administration Bush prenne une initiative concrète de soutien de la Géorgie qui placerait ses alliés européens, qui ne veulent surtout pas se laisser entraîner au côté de la Géorgie, dans une difficile position.)


Mis en ligne le 26 juillet 2008 à 09H44