Les juges tranchent, et la “saga” Yamamah-BAE passe à la vitesse supérieure

Bloc-Notes

   Forum

Il n'y a pas de commentaires associés a cet article. Vous pouvez réagir.

   Imprimer

 885

La corruption comme conception du monde n'a pas réussi à convaincre la Haute Cour de Londres de ses bonnes intentions. Toute la presse londonienne a revu ses sites en ligne cet après-midi pour nous communiquer le jugement de la Haute Cour de Londres. La décision du Serious Fraud Office (SFO) d’abandonner l’enquête sur l’affaire “Yamamah”-BAE (+ Blair), en décembre 2006, a été jugée “illégale”. Le jugement fait suite à une enquête sur plainte de janvier 2007 de deux groupes anti-corruption, Corner House Research et Campaign Against Arms Trade (CAAT). Cet après-midi, The Independent qualifie le jugement d’“extraordinaire victoire” pour les deux groupes. Dans tous les cas, c’est un très rude coup pour le gouvernement Brown, une sorte de legs de l’ami Blair, très illustratif de l’esprit du blairisme.

«The Serious Fraud Office's decision to drop its investigation into alleged bribery and corruption involving arms deals between BAE Systems and Saudi Arabia was overturned by the High Court today. The ruling was an extraordinary victory for anti-bribery pressure group Corner House Research and the Campaign Against Arms Trade (CAAT).

(…)

»Although the court ruled the SFO decision unlawful, it made no formal orders today and will consider what orders to make at a further hearing. It is understood that the most likely course will be that the SFO will have to reconsider its decision.»

Les réactions sont immédiates. Le groupe libéral demande la réouverture immédiate de l’enquête. Richard Norton-Taylor, dans le Guardian d'aujourd’hui, estime que ce jugement «sets courts and government on collision course». Le même Guardian publie, dans un autre article, les réactions des plaignants, mais également les siennes propres par la voix de son directeur, et fort justement car le rôle du quotidien londonien a été déterminant dans la mise à jour du scandale Yamamah.

«“This is a great day for British justice,” said Susan Hawley, of Corner House. “The judges have stood up for the right of independent prosecutors not to be subjected to political pressure and they have made sure that the government cannot use national security arrangements just because a prosecution is not in their interests.”

»Symon Hill, of CAAT, said the judgment “brings Britain a step closer to the day when BAE is no longer calling the shots”.

»Alan Rusbridger, the editor of the Guardian, said the decision was not only a victory for CAAT and Corner House, but also “a triumph for the Guardian's long-running campaign over BAE”.»

L’affaire devient diablement sérieuse… Désormais, la voie est ouverte pour une confrontation, ou/et pour une enquête poussée à fond qui peut s’avérer dévastatrice pour l’empire BAE et la connexion Londres-Arabie Saoudite. Désormais, l’attaque contre le plus formidable système de corruption de l’histoire des ventes de systèmes d’armes repose sur une position de la plus haute instance de justice britannique, c’est-à-dire sur un socle officiel extrêmement solide.

Cette aggravation du cas BAE-Yamamah confirme les craintes des personnes impliquées dans l’affaire, notamment Lord Goldsmith. Dans la rubrique Faits & Perspectives de notre revue Contexte n°113 de février 2008 (site en cours de construction), nous notions:

«L’affaire BAE-Yamamah a été présentée devant un tribunal londonien à la mi-février, à la suite de plaintes de deux organisations britanniques qui suivent les problèmes de corruption et de transferts des armements. Ces séances d’audition, menant à une éventuelle enquête, ont mis en évidence plusieurs faits délicats (l’intervention arbitraire de Blair pour stopper l’enquête du SF0, l’implication de Prince Bandar). Il semble assez probable qu’il y aura des suites juridiques, contre lesquelles le gouvernement britannique ne peut rien. Se confiant après cet épisode à un officiel de très haut niveau de la Commission européenne, Lord Goldsmith, ancien ministre de la justice de Blair (en fonction lors de l’étouffement de l’affaire, en décembre 2006, qui a motivé les plaintes), a estimé que “nous nous trouvons devant un cas extrêmement délicat et explosif, qu’il sera désormais très difficile, voire impossible d’arrêter”.»


Mis en page le 10 avril 2008 à 17H18