Mais qu’allaient-ils donc faire à Bassorah?

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La crise à allure de quasi-guerre civile de Bassorah (puis dans d’autres points en Irak), commencée le 25 mars, s’est achevée, dans tous les cas temporairement, le week-end dernier. La crise s’avère être une victoire substantielle de celui qu’on jugeait pouvoir liquider rapidement, – le chiite radical Al Sadr, – et s'achève sur une interruption des combats négociés par les Iraniens. Pendant ce temps, le gouvernement régulier irakien, secondé par la fameuse “coalition”, a vu s’écrouler tous ses espoirs de régler rapidement la question, après avoir obtenu un soutien emphatique du président des Etats-Unis.

Il y a dans ces événements une sorte d’archétype des erreurs et de l’échec, où les USA tiennent le premier rôle, qu’on ne croyait plus possible tant l’échec avait été jusqu’ici expérimenté en Irak par les USA et leurs alliés avec toutes ses facettes. Il semble qu’on ait réussi à faire mieux, cette fois avec le rôle des Iraniens à ciel ouvert, rôle exposé par les Iraniens eux-mêmes qui ne cachent plus ni leur implication ni leur influence en Irak.

Sur cet épisode très surprenant, car il y a une sorte de montée vers la perfection de la politique US en Irak et nous sommes proches du but, plusieurs sources peuvent être consultées.

• Le site WSWS.org détaille les conditions de l’échec US et de leur allié Maliki en Irak, aujourd’hui : «The results of the offensive—hailed last week as a “defining moment” by US President George W. Bush—and the way in which it has been brought to a close represent a humiliating defeat for both Washington and its Iraqi puppet, Maliki. The episode has served only to confirm the failure of US forces, five years after the invasion of Iraq, to establish genuine control over any area of the country. It has also exposed the virtual irrelevance of the Maliki government, which is widely reviled by a population that sees it as nothing more than an instrument of foreign occupation.»

• L’analyse de Reuters, le jour précédent (le 31 mars), donne une vision assez proche, résumée par ce jugement: «Iraqi Prime Minister Nuri al-Maliki's crackdown on militias in the southern oil port of Basra appears to have backfired, exposing the weakness of his army and strengthening his political foes ahead of elections.»

• L’excellente agence McClatchy Newspapers, donne, le 31 mars également, de longs détails sur l’implication iranienne dans les tractations ayant abouti au cessez-le-feu, et notamment sur le général iranien qui y joua un rôle fondamental. Il apparaît que ce général est inscrit sur les listes des terroristes recherchés par le département US au trésor, ce qui donne un peu plus de sel aux circonstances … «The Iranian general who helped broker an end to nearly a week of fighting between Iraqi government forces and Shiite Muslim militiamen in southern Iraq is an unlikely peacemaker. Brig. Gen. Qassem Suleimani, who helped U.S.-backed Iraqi leaders negotiate a deal with radical Shiite cleric Muqtada al Sadr to stop the fighting in Iraq's largely Shiite south, is named on U.S. Treasury Department and U.N. Security Council watch lists for alleged involvement in terrorism and the proliferation of nuclear and missile technology.»

• Enfin, Gareth Porter, le 1er avril sur Antiwar.com, décrit les efforts désespérés du gouvernement US pour tenter de prendre ses distances de cette opération après l’avoir appuyée dans des termes effectivement emphatiques : «As it became clear last week that the Operation Knights Assault in Basra was in serious trouble, the George W. Bush administration began to claim in off-the-record statements to journalists that Prime Minister Nouri al-Maliki had launched the operation without consulting Washington. The effort to disclaim U.S. responsibility for the operation is an indication that it was viewed as a major embarrassment just as top commander Gen. David Petraeus and Ambassador Ryan Crocker are about to testify before Congress.» Porter décrit les différentes manœuvres médiatiques lancées, à partir du 27 mars, pour tenter d’établir une distance convenable entre la catastrophique opération de Bassorah et les positions politico-militaires US.

L’Irak ne cesse, avec un entêtement étrange et par toutes les voies possibles, de constituer un embarras considérable pour Washington. Les erreurs continuent à s’égrener. Les Américains ont effectivement soutenu l’offensive de Maliki au départ, avec semble-t-il un engagement personnel de Cheney (visite en Irak). Les Américains s’appuyaient sur leurs propres évaluations des capacités des forces irakiennes, proclamées comme ayant désormais des capacités de combat de première valeur, alors qu’en sens inverse les capacités des forces de Sadr étaient largement minorées. Les hésitations de ces forces irakiennes dans les combats contre les milices (il y a eu des défections), l’attitude des forces de police à Bassorah, etc., ont également été mal appréciées. L’évaluation de la situation irakienne continue à être d’une faiblesse catastrophique chez les Américains, toujours pour les mêmes raisons qui se partagent entre l’incapacité d’apprécier les nuances culturelles et politiques irakiennes, et à surestimer leurs propres capacités d’influence (entraînement des Irakiens).


Mis en ligne le1er avril 2008 à 18H30

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