Le GAO entre JSF et KC-45, – et Walker s’efface

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Le 13 mars, le n°2 du Government Accounting Office (GAO, ou Cour des Comptes US), Gene L. Dodaro, a été installé comme “faisant fonction” de Contrôleur Général des Etats-Unis, titre officiel du patron du GAO. En même temps était annoncée la démission du Contrôleur Général, David M. Walker.

Selon le communiqué du GAO, de ce même jour (13 mars):

«Gene L. Dodaro became Acting Comptroller General of the U.S. Government Accountability Office on March 13, 2008, succeeding David M. Walker, who appointed him upon resigning. Mr. Dodaro will serve in this position until the President nominates and the Senate confirms a successor from a list of candidates proposed by the Congress. […] For the last 9 years, Mr. Dodaro has served as the Chief Operating Officer, the number two leadership position in the agency, assisting the Comptroller General in providing leadership and vision for GAO’s diverse, multidisciplinary workforce.»

Le départ anticipé de Walker est fort probablement lié à une affaire pressante et polémique dont le GAO est chargé depuis le 11 mars: la demande de Boeing faite au GAO d’examiner la décision de l’USAF de sélectionner l’équipe EADS-Northrop Grumman (contre l’offre de Boeing précisément). On sait que cette affaire est très liée, de façon polémique, au candidat républicain John McCain à qui il est reproché d'avoir empêché (pour les meilleures raisons du monde mais qu'importe) l'attribution du marché à Boeing, sans concurrent, dans des occasions précédentes. Walker est un républicain assez proche de McCain, et il est semble qu’il voulait éviter tout risque de se mettre en position polémique vis-à-vis de cette question du programme KC-45.

Le départ de Walker illustre une position assez nouvelle du GAO. D’une façon plus générale, le GAO est aujourd’hui engagé, ou impliqué dans des questions extrêmement polémiques de défense. Il y a le programme KC-45, comme on l’a vu, et le programme JSF, à propos duquel le GAO vient de publier deux rapports et dont on a pu lire qu’ils sont loin, très loin de satisfaire les gens qui contrôlent le programme.

Le GAO n’a aucun pouvoir de coercition. Il n’émet que des avis selon les missions que lui assigne le Congrès (dont il est le bras comptable pour les affaires gouvernementales), ou selon des demandes individuelles comme celle de Boeing. Mais ces règles doivent être nuancées par les réalités de l’époque.

Aujourd’hui, à Washington, l’époque est à la confusion et à l’éclatement des pouvoirs, donc à une sorte de paralysie générale, accentuée par une confusion budgétaire également générale, mais particulièrement pour ce qui concerne le monstrueux Pentagone doté d’un budget pharaonique et d’une inefficacité à la limite de la magie prédatrice. C’est dans ce contexte qu’on doit juger de la position du GAO.

S’il n’a pas de pouvoir de décision, le GAO se trouve aujourd’hui impliquées dans les deux affaires polémiques qu'on a citées. Dans ce contexte général, l’absence de pouvoir du GAO est d’une importance moindre, tandis que sa rigueur comptable apparaît comme une vertu “à la romaine” qui est bien absente dans l’océan de décadence et de confusion qu’est Washington. Par conséquent, le GAO est de facto une référence de rigueur qui pèse spn poids dans les jugements et les décisions. Son influence en est grandie, – tout comme se multiplient les attaques et les mises en cause contre lui de la part de telle ou tel parti dans ces affaires.


Mis en ligne le 21 mars 2008 à 15H10