Le Congrès va enquêter sur le choix du KC-45, avec McCain en ligne de mire

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L’affaire du choix des ravitailleurs en vol KC-45 devrait montrer aux plus attentifs que si la prise de contrôle du Congrès par les démocrates n’a pas arrêté la guerre en Irak, elle permet au moins de ravitailler les candidats démocrates en munitions contre le candidat républicain McCain. C’est dans tous les cas le premier objectif, dans l’ordre, de la décision de Nancy Pelosi, Speaker démocrate de la Chambre, d’ouvrir une enquête sur le choix du KC-45.

Le communiqué de madame le Speaker, en date du 3 mars, dit ceci:

«The Air Force's decision to award the contract for a much-needed modernization of the nation's aerial tanker fleet to Northrop Grumman and Airbus raises serious questions that Congress must examine thoroughly.

»Given the ramifications of this decision for the United States, the Air Force must explain to Congress how it meets the long-term needs of our military and the American people.»

Pourquoi une arme éventuelle contre McCain? Parce que c’est le sénateur McCain qui a empêché la première version de l’affaire de se faire, avec un contrat espéré par Boeing en 2003 pour le leasing de 100 avions de transport 767 transformés en ravitailleurs (KC-767) pour $23 milliards. Il n’était alors pas question de concurrence, Boeing étant choisi comme seul contractant grâce à un réseau serré d’influence et de corruption. Le sénateur McCain fit sauter ce beau montage, déclenchant un gros scandale qui envoya en prison un des dirigeants de Boeing et la directrice des acquisitions de l’Air Force Darleen Druyun, et coûta son poste au CEO de Boeing, Phil Condit. Transformé en “chevalier blanc”, ce qui est toujours bon pour le commerce de l'image, McCain imposa la règle de la concurrence pour ce contrat. Par conséquent, raisonne-t-on aussitôt dans le camp démocrate, c’est bien lui qui introduisit le loup (le French aircraft d’EADS avec un masque nommé Northrop Grumman) dans la bergerie où paissait tranquillement le blanc mouton (Boeing).

Mais on ne devrait pas s’en tenir là. La tempête levée par le choix du KC-45 devrait aller au-delà du seul McCain et toucher effectivement la politique de protection de la sécurité nationale. Cela permet de prendre, à bon compte, des allures martiales de patriote. Les démocrates devraient profiter de l’occasion pour s’attirer la reconnaissance sonnante et trébuchante de l’industrie d’armement, en général plus inclinée vers les républicains. Sur le cas du KC-45, effectivement, rien n’est assuré. C’est l’idée qu’expose Richard Aboulafia lorsqu’il remarque (dans une interview au Financial Times du 2 mars) que le choix du KC-45 (le Northrop Grumman/EADS KC-30) sera vu paradoxalement comme un “choix républicain”, et que cela pourrait justifier, en cas de victoire démocrate en novembre prochain, un retour sérieux sur la question.

«“This was always a hyper-politicised programme. It likely had nothing to do with the Air Force’s choice, but many will see this as a Republican selected aircraft built in a Republican state,” said Richard Aboulafia, an aerospace expert at the Teal group.

»“If Democrats gain full control, they might be tempted to cut KC-30 acquisition rates, and possibly even add a parallel KC-767 procurement line.”»


Mis en ligne le 4 mars 2008 à 13H18