De l’Afghanistan à Münich: où est la plus rude bataille?

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Ce week-end avait lieu le fameux séminaire annuel de la Wehrkunde. Il est toujours réjouissant de constater combien tous ces alliés qui jurent être liés par les valeurs et les liens les plus sacrés ne cessent de rabacher leurs désaccords, leurs incompréhensions, leurs critiques vaches et ainsi de suite, tout en continuant à se réjouir d’être alliés. L’Occident transatlantique qui n’arrête pas de parler beaucoup trop ne cesse d’étaler ses divisions comme signe incontestable de la justesse, de la logique et de la nécessité de l’alliance atlantique.

Cette année, il fut question de la dernière catastrophe en date, qui se nomme Afghanistan. On put entendre notamment ces commentaires, que rapporte le Guardian d’aujourd’hui, après avoir exposé les échanges acrimonieux, notamment entre Américains et Allemands (avec cette remarque d’un Allemand, pas si fausse après tout: «It seems to be a debate about casualties. If there were 100 more German dead, would they be happier?»):

«Behind the persistent bickering, senior officials said, lies a fundamental gulf in perception over what the mission is for.

»“The Americans talk about the war on terror,” said a European policy-maker. “People don't use those words on this side of the Atlantic. There's a lack of clarity about the real strategic objective. It's a big muddle.”

»Another official said there was no “strategic unity” between the Americans and the Europeans. A Nato summit in April is to come up with a strategy paper on Afghanistan. Critics say that, more than six years after the fall of the Taliban, the Nato blueprint is more than overdue.»

Il est bien entendu réjouissant et peut-être étonnant de découvrir que, presque sept ans après 9/11, presque sept ans après l’attaque de l’Afghanistan, on n’est, entre Européens et Américains, d’accord ni sur ce que c’est que la guerre contre la terreur, ni sur la stratégie d’une guerre qu’on a faite et refaite à plusireurs reprises depuis 2001. Il ne faut pas vraiment s’exclamer, mais simplement admettre que l’explication de ces délais, de ces manquements, de ces retards et de ces absences est d’une extrême simplicité. On n’en parle pas entre Européens et Américains parce qu’on sait bien que le désaccord est si grand que son constat officiel et acté menacerait grandement et dangereusement l’alliance.

Nous attendons avec un intérêt gourmand le “strategy paper” de l’OTAN sur l’Afghanistan, par intérêt clinique pour cette sorte de monstre bureaucratique à laquelle est contrainte l’OTAN pour justifier la guerre étrange en cours aujourd’hui en Afghanistan. Ce sera sans doute une création inédite pour la chose militaire. On définira une stratégie pour justifier une guerre en cours depuis des années, à partir de ce qui s’est déjà passé dans cette guerre et pour que ça continue sans fâcher personne.


Mis en ligne le 11 février 2008 à 15H38