Plus ça change… Ce que cherchent les Américains en Afghanistan

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Pour comprendre la situation des USA vis-à-vis de l’Afghanistan et vis-à-vis de leurs alliés (l’OTAN), il faut d’abord bien avoir à l’esprit deux points :

• Les Américains sont persuadés d’avoir complètement retournés la situation en Irak. Certains Européens peuvent le croire eux aussi, cela leur occupe l’esprit.

• Les mêmes Américains sont persuadés d’avoir retourné cette situation notamment mais sans doute décisivement grâce à l’emploi de leur force aérienne se substituant pour partie aux interventions terrestres de leurs propres forces. (Les interventions de l’armée irakienne que ces mêmes Américains jugent désormais “sûre”, – le jugement tombe à pic, – et les accords sonnants et trébuchants passés avec les autorités locales et les gangs locaux se sont substitués à leurs propres interventions terrestres. En réalité, les Américains ont cédé le contrôle de l’essentiel du terrain aux diverses forces irakiennes, réfulières ou non, ces forces campant désormais sur les territoires qu’elles contrôlent.)

Les Américains ont dans l’idée de suivre un schéma similaire pour leur propre compte en Afghanistan (la situation terrestre étant différente puisqu’il y a les forces de l’OTAN). L’intervention de Gates, que les autres membres de l’OTAN, les Européens surtout, ont pris comme une attaque contre eux, était destinée en réalité à critiquer l’organisation générale de la bataille. Gates a d’ailleurs précisé depuis (voir plus bas) qu’il jugeait inefficace l’action des forces de l’OTAN, Américains compris. Ce faisant, il amorçait ce qui pourrait devenir une revendication US majeure en Afghanistan.

La lumière est largement faite sur cette revendication par une intervention de Dell Dailey, ancien général de l’U.S. Army et actuel coordinateur de la lutte anti-terroriste au département d’Etat. Cette intervention, en date du 22 janvier, est ainsi rapportée par AFA Daily en date du 23 janvier.

«Simply put, the effectiveness of NATO forces in Afghanistan is limited by the commander’s freedom of action, Dell Dailey, the State Department’s coordinator for counterterrorism, said yesterday. “It has got nothing to do with capabilities,” Dailey, a retired Army lieutenant general with special operations experience, told the Defense Writers Group on Jan. 22. “It has got everything to do with the national caveats.” NATO’s International Security Assistance Force, commanded by US Army Gen. Dan McNeill, is supporting Afghan President Hamid Karzai in waging a counterinsurgency there against Taliban elements and al Qaeda extremists. NATO’s forces “are darn good,” Dailey said. “They have got some good special operations forces. They have got some fantastic air. They have got darn good helicopters and good helicopter support.” However, he added, “You go to Dan McNeill and Dan McNeill will say, ‘I need more freedom to use the forces outside of the existing national constraints.’” US Defense Secretary Robert Gates last week ruffled the feathers of Canadian and European allies when he said NATO forces are not adequately trained for counterinsurgency operations. After a storm of criticism, Gates clarified his comments, saying he was referring to the alliance as a whole and not to individual members of ISAF, some of which have considerable expertise in this area.»

Ce que veulent les Américains, c’est une liberté et un contrôle complet de l’action aérienne en Afghanistan, sans aucune restriction des forces au sol ou des gouvernements nationaux contrôlant ces forces. Rien de nouveau, c’est une exigence standard des USA, comme lors de l’offensive contre le Kosovo en 1999, où le SACEUR Wesley Clark ne cessa de réclamer une absence de toute restriction sur l’emploi des forces aériennes. Il est très probable que les exigences US de nouvelles troupes non-US de l’OTAN est surtout une tactique de négociation avec leurs alliés: abandonner cette exigence contre le contrôle complet de l’activité aérienne. Il est probable que l’on parlera de cette formule, à l’insistance des USA, au sommet de Bucarest de l’OTAN en avril.

Plus que jamais, le Pentagone croit à l’efficacité totale de l’intervention aérienne dans la lutte contre le terrorisme, conforté en cela par les enseignements sélectifs et biaisés tirés des derniers développements en Irak. On peut chercher à imaginer ce qu’une telle intervention donnerait si les forces aériennes US étaient libérées de toute entrave en Afghanistan, du point de vue des dommages “collatéraux” et éventuellement des pertes “fratricides” (pertes accidentelles dues de troupes amies dues à des tirs sur des forces amies), et aussi du point de vue de l’efficacité à terme sur le terrain.


Mis en ligne le 26 janvier 2008 à 11H55