Les alliés n’étaient pas dans le “coup” de la NIE 2007 (suite)

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De partout viennent des confirmations de l’absence complète d’information de Washington pour ses alliés, concernant la NIE 2007 avant sa diffusion publique le 3 décembre. Le long article du Washington Post du 8 décembre que nous citons par ailleurs pour un autre propos contient quelques passages intéressants sur la situation de l’information des alliés des USA, par les USA, concernant cette affaire.

Nous citons ces passages, qui nous confirment (nous l’avions déjà observé à propos de Solana) que cette information fut si proche de zéro qu'on ne l'en distingue guère.

«At first, Mike McConnell, the director of national intelligence, decided to keep the new findings secret, but reluctantly reversed course in a flurry of discussions last weekend out of fear of leaks and charges of a coverup, officials said. At that point, only the Israelis had gotten a heads-up. Congress, European allies and the U.N. nuclear watchdog agency were not given full briefings about the report until hours before it was released.

»That irritated European allies. “The administration is going to pay a price for not allowing allies in on it at an earlier date,” said Robert J. Einhorn, a former State Department nonproliferation official. “The French had carried the administration's water on this issue and really went out on a limb to get the European Union to adopt tough sanctions. And now the rug has been pulled out from under them.”»

(…)

»The [NIE] process was climaxing just as Bush was convening a Middle East peace conference in Annapolis, a meeting designed at least in part to rally the region against Iran. No one told participants about the new information, but on the same day they were gathering in Annapolis on Nov. 27, the National Intelligence Board met to finalize the new NIE. McConnell and others briefed Bush and Cheney the next day. Even though intelligence officials planned to keep it from the public, Bush later that day passed it on to Israeli Prime Minister Ehud Olmert and Cheney told Defense Minister Ehud Barak.

(…)

»On Monday [3 December], Secretary of State Condoleezza Rice called counterparts in Britain, France, Germany, Russia and China, which have been negotiating a new set of sanctions against Iran. Foreign officials groused about how it was handled. Had they known before the summit, a senior Israeli official said, “I'm not sure we would have shown up.”»

Constat particulier: les Israéliens ont été favorisés, mais à peine, et surtout après le sommet d’Annapolis, ce qui leur laisse l’impression d’avoir été manipulés. A part cette faveur qui est dérisoire par rapport à la longueur et à l’intensité de la bataille intérieure à Washington, et par rapport au sujet pour Israël, rien du tout.

Nous devons nuancer notablement notre jugement habituel sur les causes de cette indifférence des USA pour leurs alliés. Certes, cette indifférence a joué, mais, pour ce cas, ce fut un point accessoire. Il y eut essentiellement le fait de la formidable bataille interne qui s’est passée à Washington, qui détournait évidemment tous les participants de la préoccupation d’informer les alliés à propos de NIE 2007, – tous les alliés, c’est-à-dire y compris les Israéliens. Il s’agissait donc bien, du point de vue de l’intensité de la bataille, de l’enjeu de l’ordre du “coup d’Etat”. On ne pensait évidemment pas une seule seconde aux alliés, mais même si on y avait pensé il est assuré que la décision aurait été prise et respectée qu’aucune information ne leur serait adressée. La NIE 2007 fut d’abord une affaire intérieure au pouvoir américaniste, une crise majeure de ce pouvoir, en circuit fermé et complètement étanche. Le contenu de la NIE 2007 (la situation nucléaire de l’Iran) vient, en importance, très loin derrière, puisqu’il n’a été que l’occasion de cette formidable bataille intérieure.


Mis en ligne le 10 décembre 2007 à 03H00