Méthode britannique: pour avoir un avion au prix défiant toute concurrence, il suffit de classer son prix “secret Défense”

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Le prix des avions de combat est toujours un objet de spéculations considérables. Aujourd’hui, c’est plus que jamais le cas. Mais cela ne concerne pas le Typhoon, avion européen dont on croit souvent, surtout lorsqu’il est exporté, que c’est une production exclusive de BAE. Pour le Typhoon, toute spéculation est interdite puisque nous sommes dans le domaine du fameux “secret Défense”. Cela nous vaut une précision bien étonnante, directement de la part des amis britanniques du MoD, par le Guardian qui relaie l’information aujourd’hui à propos des divers programmes d’armement dont les coûts dépassent les prévisions. Il s’agit de précisions données dans le contexte du rapport du National Audit Office «on the MoD's 20 largest procurement projects, now estimated to cost £28bn».

Donc, arrêtons-nous au Typhoon, avec cette précision:

«The long-delayed Eurofighter project, now called the Typhoon, is also excluded from today's report, on the grounds that its costs must be kept secret for reasons of commercial confidentiality. The multi-role aircraft is being supplied to RAF squadrons and more than 70 have been bought by Saudi Arabia for more than £7bn. The plane is being offered to other countries.»

Le Typhoon est, dans le cas britannique, un cas assez extraordinaire. (Nous précisons : “cas britannique”, puisqu’il s’agit, faut-il le rappeler, – oui, il faut le rappeler, – d’un avion européen, fabriqué aussi par l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne.) Cet avion est l’objet de toutes les attentions, de tous les secrets concernant des informations aussi inattendues, – ou, plutôt, aussi attendues que son prix. (Nous entendons ceci qu’il nous semble que le prix d’un armement, d’un système d’armes pour les forces armées nationales comme le Typhoon est bien une information qu’un gouvernement qui se dit aussi bruyamment démocratique que le britannique doit à ses citoyens.) D’autre part, si l’on veut faire simple, on conclura, en l’absence d’informations, que 70 Typhoon vendus à près de £7milliards à l’Arabie, cela fait le Typhoon à £100 millions l’unité, soit près de $200 millions. Ou bien, cette sorte d’opération de division est-elle classée “secret Défense”? Il est vrai qu’elle ne prend pas en compte la commission fort officiellement prévue, on l'espère pour lui, pour Prince Bandar.

Le Typhoon semble donc être l’objet de la même fureur de protection et d’enthousiasme que l’est BAE de la part des autorités britanniques, alors qu’il ne semble être de guère d’intérêt pour les forces armées britanniques. La RAF ne s’intéresse guère aux dernières versions et aux dernières commandes de Typhoon pour elle-même, alors qu’elle s’intéresse beaucoup au JSF dont nul ne sait le prix (même sans “secret Défense”), les capacités, les transferts de technologies qui l’accompagnent, la date d’entrée en service, ni s’il existera vraiment un jour d’ailleurs.

Peut-être les Français envieront-ils les Britanniques. Eux, au lieu d’avoir le prix de leur avion de combat classé “secret Défense”, ils avaient deux prix pour le Rafale offert au Maroc, et que tout le monde semblait connaître et connaît désormais. Celui que les Français avaient d’abord normalement communiqué aux Marocains; puis celui que les Français communiquèrent aux mêmes Marocains, plus tard, en confidence, qui concernait en fait les exemplaires du Rafale acheté par l’Armée de l’Air, et moins élevé que celui qu’on offrait à l’exportation. Devant une telle impudeur, le Maroc a abandonné l’affaire alors que l’Arabie, elle, tient ferme sur ses Typhoon.


Mis en ligne le 30 novembre 2007 à 18H43