L’association européenne (sans but lucratif) des amis du JSF n’est pas vraiment à son aise

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Les vieux de la vieille, qui ont le souvenir des années dorées de la Guerre froide, se souviennent des grands programmes d’avions de combat US fourgués aux Européens (F-84, F-86, F-104, F-16). Une fois le contrat d’achat signé, une fois le choix fait, tout allait tambours battant sans doute ni états d’âme. Quelle différence avec le JSF… Ce programme fabuleux, pharaonique, magique et tellement “sexy”, il aurait du satisfaire tous les protagonistes une fois les “chiffons de papier” signés. Le grand événement est que, – pas du tout… Au contraire, l’angoisse ne cesse de monter et d’étendre son ombre sur le vieux continent (sauf à Paris, où l’on n’a pas acheté le JSF puisqu’on a le Rafale, où l’on rate avec zèle et méthode toutes les possibilités d’exportation du Rafale, où l’on vous dit que “de toutes les façons, les Américains, comme toujours, s’en sortiront et rafleront tous les marchés”, – texto et dito).

Bref, voici quelques échos pour justifier nos exclamations… Rien d’officiel parce qu’il n’y a rien d’officiel concernant le JSF qui ne soit le ciel bleu et transatlantique, brillant de tous les feux du soleil américaniste où se réchauffent nos âmes qui, sans lui, seraient si inquiètes. Le jour où vous voulez savoir quelque chose d’un peu plus sérieux, il vous faut quitter les carnets encombrés des communiqués officiels.

• En Hollande, on lit l’article que nous mettons en ligne ce jour, d’un journaliste indépendant hollandais qui vaut bien des affiliés de la presse officielle européenne qui cotisent et recopient les communiqués officiels. L’article attire notre attention sur les déboires techniques du JSF, dont le proto d’évaluation semble bel et bien cloué au sol depuis mai dernier. L’article attire également notre attention sur une question au ministre de la défense hollandais, au Parlement, à propos du JSF, qui montre que cette affaire est de plus en plus difficile à suivre sans empêcher un sourcil ou l’autre de se froncer devant les mauvaises nouvelles du programme qui se susurrent ici et là. (Nous reviendrons très prochainement là-dessus: certains font leur cheval de bataille du cover-up réalisé par le système américaniste à propos de l’attaque 9/11; mais que ne s’intéressent-ils au cover-up du siècle : le programme JSF.)

• Le même article fait allusion au mécontentement qui se manifeste en Norvège et au Danemark devant la pauvreté ou le maquillage des informations venues des USA, via le Pentagone et Lockheed Martin. Pour la Norvège, nous confirmons par le biais d’une confidence d’une source européenne d’origine norvégienne, qui reste en contact avec son pays malgré ses occupations européennes officielles, et qui précise que «l’exaspération vis-à-vis des Américains est à son comble», et que cette affaire du JSF est, en Norvège, «un baril de poudre prêt à exploser». Effectivement, ce n’est pas un communiqué officiel, ça.

• En Italie, on ne dit rien, pas un mot, pas un article (pas un seul communiqué officiel) sur le JSF. Et l’on prie, parce que l’on est très croyant, pour que cela continue. Il existe en Italie une crainte panique qu’un jour on se mette à parler du JSF, tant on craint des réactions exacerbées et furieuses, notamment du public (tiens, il existe, celui-là). Le gouvernement Prodi est encore plus tétanisé devant la perspective d’un débat que ne l’était le gouvernement Berlusconi, ce qui en dit long sur les vertus européennes et autres de ce gouvernement “de gôche”. Ce silence en Italie, où l’on est pourtant très prolixe, accompagné d’une surveillance inflexible vis-à-vis d’éventuels dissidents, est au moins aussi significatif, sinon plus, que les mauvaises humeurs hollandaise, danoise et norvégienne.

Revenons là-dessus pour terminer, car c’est bien l’essentiel. Au contraire de tout ce qui a précédé dans ce domaine de la “coopération” sur les programmes d’armement de ces pays européens-là avec les USA, le programme JSF présente la particularité de faire monter la tension vers des paroxysmes probables prochainement, après les signatures de l’engagement. Cela confirme ce mot d’un général d’un des pays européens, après la signature de l’engagement de son pays dans le programme JSF au début de cette année, à qui l’un de ses collaborateurs un peu taquins disait, connaissant ses engagements atlantistes : «Eh bien voilà, vous êtes satisfait?», et qui répondit, dans l’ordre, par un soupir, puis par ces mots (que nous traduisons pour l’occasion): «Oh non… C’est maintenant que les ennuis commencent.»


Mis en ligne le 22 novembre 2007 à 12H41