Un cri de révolte de Thomas Friedman, — de révolte et de panique?

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Rarement il nous aura été donné de mesurer un tel sentiment de révolte, — révolte d’un jour peut-être, révolte d'un instant contre soi-même sans doute, — mais révolte, sans aucun doute, et aussi quelque panique qui s’ensuit. C’est une colonne furieuse du célèbre Thomas L. Friedman, que l’International Herald Tribune du 30 septembre a même mis en lecture libre (d’habitude, Friedman, columnist du New York Times, est en accès payant).

Ce cri de fureur d’un chroniqueur libéral d’une influence considérable, contre l’abrutissement de l’Amérique autour de l’idée de la guerre contre la terreur, contre cet enchaînement systémique, contre l’effondrement de l’influence de l’Amérique, — disons, un instant de lucidité furieuse, — un instant, ce n’est pas mal, c’est mieux que le néant général, dont Friedman est du reste partie prenante en temps courant... Car Friedman n’est pas un anti-guerre, tout le monde le sait, et nous encore plus; il ne s’est d’ailleurs pas débarrassé de tous les préjugés de supériorité et d’inculpabilité qui encombrent la psyché US, y compris dans ce texte; qu’importe, cela donne plus d’écho encore à ce cri de colère («9/11 has made us stupid. I honor, and weep for, all those murdered on that day. But our reaction to 9/11 — mine included — has knocked America completely out of balance, and it is time to get things right again.»)

Nous portons rarement Friedman dans notre cœur. Certains de ses commentaires méritent une place d’honneur dans le bêtisier absurde qu’est devenue l’Amérique, — une place d’honneur, sans nul doute. A côté de cela, il faut reconnaître l’événement lorsqu’il se produit, lorsque soudain, dans un moment peut-être d’égarement, peut-être de lucidité rencontrée, peut-être de panique devant ce que cette lucidité d’un instant lui révèle de l’Amérique, Friedman hurle contre les loups: «9/11 has made us stupid…»

«Before 9/11, the world thought America's slogan was: “Where anything is possible for anybody.” But that is not our global brand anymore. Our government has been exporting fear, not hope: “Give me your tired, your poor and your fingerprints.”

»You may think Guantánamo Bay is a prison camp in Cuba for Al Qaeda terrorists. A lot of the world thinks it's a place we send visitors who don't give the right answers at immigration. I will not vote for any candidate who is not committed to dismantling Guantánamo Bay and replacing it with a free field hospital for poor Cubans. Guantánamo Bay is the anti-Statue of Liberty.

»Roger Dow, president of the Travel Industry Association, told me that the United States has lost millions of overseas visitors since 9/11 — even though the dollar is weak and America is on sale. “Only the U.S. is losing traveler volume among major countries, which is unheard of in today's world,” Dow said.

»Total business arrivals to the United States fell by 10 percent over the 2004-05 period alone, while the number of business visitors to Europe grew by 8 percent in that time. The travel industry's recent Discover America Partnership study concluded that “the U.S. entry process has created a climate of fear and frustration that is turning away foreign business and leisure travelers and hurting America's image abroad.” Those who don't visit us, don't know us.

(…)

»We can't afford to keep being this stupid! We have got to get our groove back. We need a president who will unite us around a common purpose, not a common enemy. Al Qaeda is about 9/11. We are about 9/12, we are about the Fourth of July - which is why I hope that anyone who runs on the 9/11 platform gets trounced.»


Mis en ligne le 2 octobre 2007 à 10H11

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