Le vrai danger de la crise iranienne?

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Le vrai danger de la crise iranienne?

La crise iranienne est entrée dans une phase d’aggravation marquée par un durcissement occidental, particulièrement français. Les Français sont désormais en pointe dans les exigences de sanction contre l’Iran; ils affirment et réaffirment : “l’arme nucléaire iranienne est inacceptable”. Pour autant, les conditions n’ont pas changé et les Iraniens peuvent aisément répondre: “Pourquoi les armes nucléaires israéliennes et pakistanaises sont-elles, elles, acceptables?” Ce qui nous amène au Pakistan.

Il y a une école d’analyse, discrète et minoritaire, mais dont l’argument est puissant: le véritable danger de la crise iranienne, c’est le Pakistan. On trouve notamment cette tendance dans l’U.S. Navy, notamment chez l’amiral Fallon, actuel commandant de Central Command et ennemi juré du général Petraeus. Des indications sur cette tendance sont données dans le texte de Gareth Porter rapportant l’affrontement Fallon-Petraeus à Bagdad en mars dernier:

«The CENTCOM commander believed the United States should be withdrawing troops from Iraq urgently, largely because he saw greater dangers elsewhere in the region. “He is very focused on Pakistan,” said a source familiar with Fallon's thinking, “and trying to maintain a difficult status quo with Iran.”

»By the time Fallon took command of CENTCOM in March, Pakistan had become the main safe haven for Osama bin Laden's al-Qaeda to plan and carry out its worldwide operations, as well as being an extremely unstable state with both nuclear weapons and the world's largest population of Islamic extremists.»

Les évaluations actuelles de la Navy disent que le pouvoir du général-président Musharaf est menacé au Pakistan. Une prise de pouvoir par les islamistes nécessiterait une intervention militaire immédiate des USA, selon la Navy. Les USA n’ont actuellement pas les capacités de le faire. Ils devraient en tout état de cause dégarnir d’urgence leurs fronts afghan et irakien, sans aucune garantie de succès au Pakistan et dans les conditions qu’on imagine (la rapidité de redéploiement n’est pas une des qualités premières des forces US). Leurs adversaires en Afghanistan et en Iran en profiteraient pour faire des gains significatifs jusqu’à déstabiliser la situation dans ces deux pays, et toute la région à la suite. Un enchaînement catastrophique pourrait suivre. Dans cette perspective hypothétique peu encourageante, on comprend que Fallon essaie “de maintenir un difficile statu quo avec l’Iran”. Les diplomates occidentaux (désormais français compris et en première ligne), ardents sur les principes après la sélection qui convient (Israël et Pakistan non compris), ne l’entendent pas de cette oreille.

 

Mis en ligne le 18 septembre 2007 à 09H02