Effectivement, voici «le temps des “Pudding-eating surrender monkeys”»

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La situation se détériore à grande vitesse dans la ville de Basra, dans le sud de l’Irak, qui n’est même plus officiellement considérée comme “tenue” par les Britanniques. Il s’agit désormais d’un retrait qui est déjà une retraite et qui est presque une déroute. Les Américains commencent à s’en aviser sérieusement et nous voilà déjà, encore plus vite que prévu, pas loin du «temps des “Pudding-eating surrender monkeys”»

Au moins deux articles dans la presse londonienne montrent la “préoccupation” des Américains devant la situation des Britanniques en Irak, alors que le retrait de ces mêmes Britanniques devrait commencer juste après le show Petraeus à Washington en septembre (rapport, auditions au Congrès, etc.). Le premier, dans le Sunday Times de ce jour rapporte les préoccupations US pour une possible déroute britannique durant le retrait :

«A military adviser to President George W Bush has warned that British forces will have to fight their way out of Iraq in an “ugly and embarrassing” retreat.

»Stephen Biddle, who also advises the US commander in Iraq, said Iranian-backed Shi’ite militias in the south would try to create the impression they were forcing a retreat. “They want to make it clear they have forced the British out. That means they’ll use car bombs, ambushes, RPGs [rocket-propelled grenades] . . . and there will be a number of British casualties.”»

Le second, du Sunday Telegraph également d’aujourd’hui, est encore plus précis. Il décrit en détail le sentiment des chefs militaires US en Irak, prenant argument de la situation à Basra pour critiquer les Britanniques, — autant leur actuel comportement que leur intention de quitter l’Irak. Désormais, le “narrative” est clair: non seulement les Britanniques s’en vont (dito ils abandonnent leur grand allié US) mais, en plus, ils laissent une situation épouvantable qui requérra l’intervention US (dans le Sud de l’Irak). Nous ne sommes plus très loin de la trahison.

«When America's top commanders in Iraq held a conference with their British counterparts recently, Major General Jonathan Shaw — Britain's senior officer in Basra — was quick to share his views on how best to conduct counter-insurgency operations.

»For much of the last four years, the Americans in the room would have listened carefully, used to deferring to their British colleagues' long experience in Northern Ireland. This time, however, eyes that would once have been attentive simply rolled.

»Few were in the mood for a lecture about British superiority, when they fear that Downing Street's planned pull-out from Basra will squander any progress from their own hard-fought “troop surge” strategy elsewhere.

»“It's insufferable for Christ's sake,” said one senior figure closely involved in US military planning. “He comes on and he lectures everybody in the room about how to do a counter-insurgency. The guys were just rolling their eyeballs. The notorious Northern Ireland came up again. It's pretty frustrating. It would be okay if he was best in class, but now he's worst in class. Everybody else's area is getting better and his is getting worse.”

»The meeting, called by General David Petraeus, the senior US officer who has the task of managing the surge, is emblematic of what is fast becoming a minor crisis in Anglo-American military relations.

»In Britain, Gordon Brown's government has tried to depict a quiet process of handover to Iraqi troops in Basra, which will see the remaining forces in the city withdraw to the airport in November.

«What US generals see, however, is a close ally preparing to “cut and run”, leaving behind a city in the grip of a power struggle between Shia militias that could determine the fate of the Iraqi government and the country as a whole. With signs of the surge yielding tentative progress in Baghdad, but at the cost of many American lives, there could scarcely be a worse time for a parting of the ways. Yet the US military has no doubt, despite what Gordon Brown claims, that the pullout is being driven by “the political situation at home in the UK”.»

«[A]minor crisis in Anglo-American military relations.», écrit le journaliste Tim Shipman? On comprend cela. Le Telegraph, qui est pro-US notamment par la grâce de son orientation (proche des néo-conservateurs), se doit de prendre des gants. Il n’empêche qu’on est bien sceptique devant le “minor” car, au contraire, la crise à ce niveau du retrait britannique d’Irak pourrait devenir considérable entre les deux pays, US et UK.

On comprend en effet également, — et l’article le laisse entendre, — comment le “narrative” (le scénario, la fable, etc.) va se poursuivre. A Washington, GW va exploiter à fond le retrait britannique, en le noircissant également à fond, du point de vue politique et du point de vue militaire, pour deux raisons qui sont autant d'arguments pour sa politique:

• La situation catastrophique que laissent les Britanniques nécessite l’intervention US et un engagement US encore plus grand.

• Le départ britannique et la catastrophe qui s’installe à Basra, hors de tout contrôle, montrent que la pire des stratégies est de quitter l’Irak. Ce qui vaut pour les Britanniques vaut encore plus pour les USA.

Par conséquent, les Britanniques n’ont aucun cadeau à attendre. Ils seront humiliés sur le terrain et essuieront des pertes. Ils seront critiqués, moqués, accablés à Washington, et de tous les côtés, des républicains aux démocrates parce qu’on ne plaisante pas avec le sang des “boys” abandonnés en Irak par leurs alliés. Brown peut attendre avec patience de meilleures relations avec Washington, avec le prochain président, — il pourrait attendre longtemps. Nous sommes bien au «temps des “Pudding-eating surrender monkeys”». Les Français vont pouvoir conseiller leurs amis britanniques sur la façon de subir avec le plus de stoïcisme possible l’outrage de la vindicte américaniste ; mais non, d’ailleurs, les Britanniques connaissent, à peu près aussi bien qu’ils connaissent les techniques de la guerre anti-guérilla.

Par contre, ils semblent ne toujours pas avoir compris ce qu’est vraiment la guerre transatlantique.


Mis en ligne le 19 août 2007 à 06H44