Sarko en franc-tireur efficace

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Les journaux anglo-saxons l’ont un peu mauvaise tout en reconnaissant implicitement la joliesse de la manœuvre. Alors que toute l’attention est fixée sur les Polonais et les Britanniques lancés dans leur grandiose bataille de résistance au sommet de Bruxelles, le président français Sarkozy semble avoir réussi un assez bon coup en faisant sauter du traité en négociation une phrase-clé exigeant une complète ouverture à la compétition.

Le Financial Times apprécie la chose sans trop s’en offusquer mais avec un certain haussement de sourcil :

«The European Union’s 50-year-old commitment to “undistorted competition” has been scrapped from a list of the bloc’s objectives in a French coup that lawyers argue could undermine Brussels’ fight against protectionism and illegal state aid.

»Nicolas Sarkozy, French president, secured the change, on the eve of an already tense Brussels summit to allay concerns in his country that the EU has become too “Anglo-Saxon”.»

Le Times, lui, est plus agacé dans son affirmation critique, tout en tentant par ailleurs de minimiser l’action du président français pour la plus grande gloire des conceptions anglo-saxonnes.

«President Sarkozy of France was accused last night of trying to reintroduce protectionism into Europe’s internal market after he urged the removal of its 50-year-old commitment to “undistorted competition” from the aims of the EU.

»In the original Constitution, one of the EU’s main objectives was listed as “an internal market where competition is free and undistorted”.

»Mr Sarkozy admitted that it was France who persuaded the German EU presidency to drop that phrase in the proposed new reform treaty. “I had to take account of the 55 per cent of the French people who voted No,” he said, in a reference to the referendum in 2005 that rejected the Constitution.

»Mr Sarkozy has said previously that the EU must protect its citizens and not act as a Trojan Horse for globalisation.

»Opinion was divided last night over the impact of the change. British officials said that they viewed it as largely presentational, so that Mr Sarkozy could avoid a rerun of the referendum by arguing that he had made the new treaty more committed to social aims.

»Fear of growing “AngloSaxon” market competition damaging French jobs was said to be a key reason why the Constitution failed in France, leading to today’s summit talks on a reform treaty. But Mario Monti, the former EU competition commissioner, has said that the change would undermine the European Commission’s role as an anti-trust watchdog.»

La chose est de bonne tactique. La France n’est plus sous les feux de la rampe comme “vilain petit canard”, avec d’une part l’activisme constructif de Sarko, d’autre part l’attaque polono-britannique (et hollandaise) contre le traité qui donne ce rôle aux trois pays. L’Allemagne de Merkel, qui préside à nos destinées communes pour huit jours encore, a un besoin absolu du soutien français. Il est hors de question de risquer un nouveau référendum en France. Tout cela se paye. La démonstration est en train d’être faite qu’il vaut mieux être dans une position contestatrice mais indispensable plutôt que de mener le jeu dans la cacophonie européenne et de servir des concessions à tous les contestataires. La vraie politique française, nation indispensable à l’Europe, est de faire payer ce caractère indispensable par une position plus irresponsable ou/et de soutien à une politique déterminée par un autre au prix de concessions bien réelles. Dans ce cas, la France tient plutôt le rôle habituel des Anglais, en étant plus indispensable que les Anglais.


Mis en ligne le 22 juin 2007 à 08H54

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