Les devoirs de vacances de Giuliani (suite)

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Nous avons déjà signalé les lectures que le professeur Ron Paul a recommandées à l’élève Rudy Giuliani, qui s’est montré particulièrement dissipé, ignare et dépourvu en quelques matières essentielles pour comprendre la réalité du monde. Parmi les quatre livres dont Ron Paul recommande la lecture, il y a Dying to Win: The Strategic Logic of Suicide Terrorism, du professeur Robert A. Pape, dont nous avons déjà parlé.

Nous y revenons parce que la littérature du professeur Pape est très intéressante, même si elle ne fait que démontrer statistiquement l’évidence selon le bon sens. Mais l’évidence, de nos jours, et le bon sens, — ah, voilà des matières si rares.

Nous signalons une interview de Pape par Scott Horton, sur la chaîne radio d’Antiwar.com, en date du 1er juin. Pape revient sur cette évidence qu’il a montrée par ses recherches statistiques fouillées : le terrorisme n’est pas en général l’enfant de la folie de Dieu mais le geste de patriotes luttant contre des étrangers occupant leur patrie. (Il se trouve que nous sommes bien souvent ces “étrangers”-là.)

Le même Horton avait publié un article très complet sur le livre de Pape et sur la problématique que le sociologue y développait. Ce texte, datant du 23 juillet 2005, mérite sans aucun doute d’être lu ou relu (sans parler du livre de Pape, certes).

Un extrait :

«Pape has researched the strategic, social, and individual logic of suicide terrorism. He explains that when occupying forces are culturally and/or religiously alien, they are more vulnerable to demonization. It's the same with the American soldier who wrote to tell me that Iraqis are “animals” who “all look alike” and are all “guilty of something” as his excuse for taking life.

»A major problem with the “fringe religion” theory is that it ignores the fact that supermajorities in Islamic nations agree with bin Laden's view of American foreign policy, though not necessarily with his tactics. It denies the slightest possibility of a single legitimate grievance that might deserve to be addressed. It also enables our government to maintain its state of war indefinitely.

»The profile of the individual suicide bomber is going to need some major revision as well. Pape explains the difference between egoistic and altruistic suicide – the former being the desperate killing of oneself during a period of hopelessness for their own situation, the latter a selfless and noble sacrifice for others, like a soldier jumping on a grenade for his buddies, or a Kamikaze Pilot trying to delay a land invasion of his country. Egoistic suicide has been the model used by westerners to explain suicide bombings. The bombers are losers, they say; young, poor, uneducated, hopeless and full of rage. Having nothing to live for, they murder innocent people because evil Wahhabists brainwash them and promise them virgins in heaven.

»According to Pape, this model must be scrapped. Suicide bombers are typically upper-middle class, well-educated, successful, socially connected people who know exactly what they are doing. For their perception of a greater good, they give their lives to kill people as part of a strategic campaign aimed at the people of the West, to turn us against our governments, and to force them to end the occupations and protections.»

Nous ne soulignerons jamais assez notre étonnement que, devant de telles démonstrations comme celle de Robert A. Pape, non pas surprenantes mais rencontrant le bon sens, tant d’esprits occidentaux et particulièrement parmi nos dirigeants, continuent à croire à la thèse du terrorisme pour l’essentiel fondamentaliste et religieux. Il y a sans aucun doute dans cette croyance une réelle ingénuité, une sincérité qui ne fait pas de doute. La thèse du malaise psychologique, proche d’une pathologie collective engendrée par notre propre perception de l’image que nous nous sommes fabriquée de nous-mêmes, — virtualisme oblige, — cette thèse est plus vigoureuse que jamais. On a tort de trop moquer GW Bush, comme nous le faisons nous-mêmes. Nous avons le chef que nous méritons.


Mis en ligne le 3 juin 2007 à 16H00