Crise et blocage constitutionnels : le roi est nu dans la Grande République

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La situation à Washington est celle d’une crise sans précédent par l’addition des facteurs dramatiques et pressants qui la composent. La “crise constitutionnelle”, — c’est-à-dire la crise de la Constitution, — est la plus caractéristique de l’état du système parce qu’elle se développe par rapport à son fondement, ses ambitions et sa réputation. Par conséquent, elle montre le système à nu. Par conséquent, le roi est nu. (Le Roi? King George? Tout est là, semble-t-il.)

Notre ami Jean-Philippe Immarigeon nous avait déjà signalé certaines de ses remarques sur l’actuelle situation à Washington. Il les développe sur son site AmericanParano, dans un long texte d’analyse sous le titre de «Feu la Constitution US». Sa conclusion a les caractères méritoires de la netteté, de la clarté et de l’actualité.

«…Si les Etats-Unis sont paralysés, c’est qu’ils n’ont plus les moyens d’agir, et que leurs institutions ont participé de cet échec et ne sont pas conçues pour y remédier. Imagine-t-on les Américains changer de république ? New America ? Il n’y a qu’une seule vérité américaine, disait Arendt, la Constitution : si demain elle n’est plus dans sa forme originelle, que restera-t-il, sinon du rêve ? Une sorte de “village Potemkine” à l’échelle d’une île-continent, comme ces usines soviétiques que l’on voit dans le premier Tintin, façades de carton derrière lesquelles on fait beaucoup de bruit pour faire “comme si”.

»Défaite militaire, débâcle diplomatique, faillite des institutions : si ce n’est pas une crise de régime, qu’est-ce qu’une crise de régime ?»

Un des lecteurs d’Immarigeon signale dans un commentaire que le texte d’un constitutionnaliste américain rejoint en tous points le sien, pour constater et expliquer l’état de crise de la paralysie de l’édifice constitutionnel des USA. On peut également consulter ce texte de Garrett Epps (professeur de droit constitutionnel à l’université de Oregon, auteur de Democracy Reborn: The Fourteenth Amendment and the Fight for Civil Rights in Post-Civil War America), sur le site de Salon.com, en date du 1er février.

Voyez un extrait de ce texte :

«Crisis is what we are facing now. Public opinion has decisively turned against the president's war in Iraq, with voters dissenting where our system says they should — at the polls. Congress, the supposed locus of the power to “declare war,” is belatedly registering its disapproval of Bush's inept conduct of that war. Even the normally secretive military and national-security bureaucracies are busily signaling their objections to the commander in chief's plans.

»In virtually any other advanced democracy in the world, government personnel and policy would by now reflect this political earthquake: Either the chief executive would have resigned, or the parties would have coalesced in a government of national unity. But here, the repudiated leader is escalating his war and proclaiming, “I'm the decision maker.” Regarding Congress, Bush said during a recent ‘60 Minutes’ interview, ”They could try to stop me from doing it. But I made my decision, and we're going forward.” And now the president appears to be barreling toward a confrontation with Iran.»

La “mère de toutes les crises constitutionnelles”, indeed. Nous reviendrons prochainement sur cette question, cela nous semble inévitable.


Mis en ligne le 2 février 2007 à 08H01

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