Une enquête sur les menaces classiques et sur l’ambiguïté des relations transatlantiques

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Grande enquête annuelle transatlantique, conduite par le German Marshall Funds of the United States, organisation “frontiste” de l’establishment washingtonien (avec connexion allemande). D’autres organisations participent au sondage. La chose est des plus sérieuses. Il est alors intéressant de voir ce qu’en disent nos confrères sérieux.

Nous avons repéré quelques articles sur ce sondage, et nous les citons, par leurs titres.

• « Poll: Europe, U.S. Share Growing Anxiety About Terrorism, Islamic Extremism », titre Defense News le 6 septembre. Ainsi sommes-nous implicitement assurés (et rassurés par le fait) d’une grande solidarité et d’une grande proximité entre USA et Europe.

• « US and Europe are united in rejection of ‘war on terror’ », titre The Independent du 7 septembre. A nouveau union entre l’Europe et les Etats-Unis mais, très significativement, contre un concept qui est essentiellement américaniste, qui représente la philosophie fondamentale de la politique extérieure des USA.

• « French, Americans would back strike on Iran: poll », titre Reuters le 6 septembre. Surprise : cette fois, Français et Américains sont d’accord pour attaquer l’Iran.

• « Bush doctrine on terror fails to convince public », titre le Guardian du 7 septembre. Cette fois, le journal parle d’une détestation du “public” en général pour la conception centrale de la politique de GW Bush.

Le plus remarquable est que rien de tout cela n’est complètement faux, que rien n’est suffisamment vrai (parce qu’il ne s’agit que d’un seul aspect d’un ensemble de choses). Cette enquête qui place Européens et Américains côte à côte sonne à la fois extraordinairement sophistiquée et extraordinairement amputée d’une question fondamentale. On peut comparer la tendance générale des résultats (collectés en juin) de German Marshall Funds, organisation germano-américaniste bon chic bon genre (avec tout ce que cela implique) du temps de la Guerre froide avec le résultat (collecté en août) signalé hier du Angus Reid Global Scan.

L’enquête du German Marshall Funds nous montre à plaisir la complexité et les contradictions d’un monde transatlantique préalablement débarrassé de sa plus inquiétante perception (les USA perçus par les Européens comme une menace pour la stabilité du monde, ce qui signifie bien plus qu’une “opposition à la politique extérieure des USA” alors qu’on s’accorde par ailleurs sur l’identification des menaces). Il est intéressant d’observer que, malgré cette mesure sanitaire, les contradictions voguent au gré des situations.

Reuters rapporte à propos de l’Iran : « On Iran, 96 percent of Americans and 85 percent of Europeans see the possibility of Tehran becoming a nuclear power as a very important or somewhat important threat.

» Asked the best way to avert the risk, 45 percent in Europe and 28 percent of Americans favored incentives while 36 percent of Americans and 28 percent of Europeans backed sanctions.

» Only a handful in either the United States or Europe cited supporting opposition groups, while 15 percent of Americans and 6 percent of Europeans see military action as the best way.

» However, when asked what should happen if non-military measures failed to stop Tehran acquiring atomic weapons, 53 percent of Americans and 43 percent of Europeans supported taking military action rather than accepting a nuclear Iran.

» In France, the figure was 54 percent. In Germany, 40 percent supported military action but 46 percent said it would be better to let Iran acquire nuclear arms. »

Defense News observe : « Meanwhile, the poll reveals that for the first time in its five-year history, a majority of Americans (58 percent) disapprove of President George W. Bush’s handling of international affairs. European disapproval of his international performance has risen steadily during the five years, from 56 percent to today’s 77 percent. Europe’s support for U.S. leadership in world affairs has dropped precipitously, from 64 percent to 37 percent during the same period, the poll reports. »

The Guardian commente : « The survey, conducted by the German Marshall Fund of the United States, provides a devastating commentary on the failure of President Bush and Tony Blair to convince the public of the merits of the “war on terror” . »

L’ensemble très fourni de l’enquête est accessible sur le site du German Marshall Funds.


Mis en ligne le 7 septembre 2006 à 20H16

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