La chute de l'as, abattu par $2,4 millions

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Le député de Californie Randy S. Duke Cunningham (63 ans) a démissionné de sa charge de membre de la Chambre des Représentants après avoir été jugé coupable de corruption pour un montant évalué à $2,4 millions. Cunningham a annoncé la double nouvelle en pleurs, au cours d’une conférence de presse qui se transforma, comme d’habitude dans cette circonstance désormais courante aux USA, en séance de repentance. « I can't undo what I have done but I can atone. The truth is I broke the law, concealed my conduct, and disgraced my office. I know that I will forfeit my freedom, my reputation, my worldly possessions and, most importantly, the trust of my friends and family. »

La conduite de Cunningham représente l’archétype de la corruption parlementaire grâce à l’héroïsme guerrier recyclé par le complexe militaro industriel: « The former Vietnam War flying ace is known on Capitol Hill for his interest in defence issues and his occasional temperamental outbursts. He drew little notice outside his San Diego-area district until the San Diego Union-Tribune reported last June that he'd sold his home to Mitchell Wade, who runs the defence contracting company, MZM Inc.

» In addition to buying Mr Cunningham's home at an inflated price, Mr Wade let him live rent-free on his yacht, the Duke Stir, at the Capital Yacht Club. His firm also donated generously to Mr Cunningham's various charity campaigns. Around the same time as the house sale, MZM Inc was winning valuable defence contracts from the government.

» Mr Cunningham sat on the House Appropriations sub-committee that controls defence dollars. In 2004, the little-known company, MZM, based in Washington DC, tripled its revenue and nearly quadrupled its staff, according to information on the company web site before Mr Wade stepped down as president and the company was sold. Prosecutors said Mr Cunningham had taken bribes that enabled him to buy a mansion, a suburban Washington house, a yacht and a Rolls-Royce. »

Cunnigham mit donc vingt ans à troquer un F-4 Phantom de la Navy pour une Rolls Royce de parlementaire. En 1972, comme lieutenant de vaisseau de la Navy, il avait acquis une grande célébrité ainsi que diverses médailles pour héroïsme en devenant le premier as de la guerre aérienne du Viet-nâm, avec cinq victoires aériennes (des MiG-21 nord-vietnamiens) à bord de son F-4.

(Dans la plupart des forces aériennes, le chiffre de cinq victoires en combat aérien donne “droit” à porter le titre d'“as”. Cette classification est totalement officieuse, sans aucune existence au niveau officiel et hiérarchique, mais d'une très puissante force promotionnelle, tant pour le milieu des pilotes de chasse que pour l'image que l'extérieur entretient de la guerre aérienne. Le titre d'“as” est hérité des débuts de l'aviation, lorsque les premiers pilotes d'avant 1914 étaient désignés comme des as, d'après la carte à jouer.)

Devenu un héros pour la droite républicaine, Cunningham avait réintégré la vie civile et mené campagne contre le mouvement anti-guerre démocrate et l’establishment washingtonien qu’il accusait de défaitisme. Les titres de noblesse s’accumulèrent : ami du patriarche américaniste John Wayne, défenseur d’une défense forte, sauveteur avec d’autres du programme F-14 Tomcat un moment menacé par des restrictions budgétaires et la quasi-faillite de la firme Grumman qui produisait l’avion, consultant grassement payé chez ce même Grumman sauvé des eaux… A la Chambre, à partir de 1992, il était devenu un des plus sûrs soutiens des grands programmes aéronautiques, grâce notamment à son expertise du Viet-nâm et son auréole de héros des batailles aériennes.

Cunningham, ou un vrai destin américaniste, — “American Dream”, sort of...


Mis en ligne le 29 novembre 2005 à 08H59