La QDR-2005 est un mystère enveloppant des menaces inconnues

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La QDR-2005 est un mystère enveloppant des menaces inconnues


29 septembre 2005 — Kenneth Krieg, qui supervise depuis août l’exercice central de planification du Pentagone QDR-2005, a fait un discours plein de sous-entendus menaçants le 21 septembre, devant un parterre de quelques 150 patrons de l’armement US et généraux. Non que Krieg se soit montré directement menaçant pour son auditoire ; mais il a tenu surtout à l’avertir de ce qui l’attend.

L’intervention de Krieg, telle qu’elle est rapportée le 26 septembre par Defense News :

« “If you believe that demand on the military will grow but defense resources will be challenged, if not diminished, then how will the nation balance this equation?” Krieg said Sept. 21. [...] “My challenge to you is to consider how you and your organizations will react to the choices that we have to make.”

(...)

» As the Quadrennial Defense Review is contemplating trade-offs between conventional and unconventional warfare, the defense undersecretary for acquisition called for a realistic national debate about military needs — and what the Pentagon can afford.

» Krieg invoked President Dwight Eisenhower’s warning about an all-powerful military-industrial complex, and said that while Ike’s worst fears had proven groundless, “his concerns are still instructive.” He said that the military-industrial complex had fared better when the Army — the sponsoring service — canceled the Comanche helicopter program than when the Pentagon killed the Crusader gun and A-12 attack plane. »


On peut, on doit rester perplexe devant le jugement qu’impliquent les remarques de Krieg (notamment son « while Ike’s worst fears had proven groundless » qui laisse à penser) à propos du fameux discours d’Eisenhower. La référence est pourtant instructive et marque l’extrême inquiétude où se trouvent aujourd’hui les dirigeants du Pentagone, autant à propos de la situation elle-même qu’à propos de pressions d’événements extérieurs, qui en rajoutent sur la précédente.

En gros, Krieg a dit à son auditoire : “nous sommes très sérieux et il est très probable que la QDR-2005 vous causera quelques surprises désagréables mais il est impossible de faire autrement”. Les réactions ont été de deux sortes, — et nous sommes bien en peine de les départager, parce qu’il y a des arguments pour soutenir les deux appréciations.

• Il y a ceux qui prennent l’avertissement diablement au sérieux : « “Krieg is signaling that they might go after big programs” for outright cancellation instead of “salami-slicing” small portions of many programs, said one executive of a major defense contractor. “His example of Comanche being the least painful cancellation suggests that services might be asked to cue up programs to cut.” »

• Il y a ceux qui sont plutôt du type “on ne me la fait pas” et accueillent ces déclarations avec une philosophie sceptique: « “I’ve heard words like ‘big cuts are coming’ before,” said another company executive. “I’m more of the wait-and-see type … and not an alarmist.” Citing Congressional Budget Office (CBO) forecasts, [he] said, “It’s not a big revelation that the budget is tight and there might be cancellations. … Some programs may be delayed and others stretched out.” »

• Parmi les suggestions lancées pour interpréter cette intervention de Krieg, qui représentait manifestement un effort important du Pentagone pour sonner l’alarme devant les problèmes budgétaires et de développement de la programmation, il y a l’hypothèse qu’elle reproduit l’intervention du secrétaire adjoint à la défense Perry (futur secrétaire à la défense) en 1993. Perry avait réuni les grands patrons de l’industrie d’armement pour les presser d’entreprendre une réorganisation colossale, — ce qui aboutit effectivement au grand mouvement de restructuration industrielle de 1993-97. La réaction de Krieg devant cette suggestion est pour le moins ambiguë, malgré l’interprétation de Defense News… « Krieg was asked whether his speech would become another “Last Supper” — the 1993 dinner between then U.S. Secretary of Defense William Perry and defense CEOs that led to a wave of industry consolidation. But he appeared to brush off such comparisons. “I don’t know,” he said after the speech in a hotel conference room in Arlington, Va. “Those are all part of the stuff we need to deal with. It’s good to get the dialogue started.” »

Quoi qu’il en soit des spéculations en cours, il faut mettre en évidence que l’environnement du Pentagone et des dépenses d’armement est extraordinairement pressant. Jamais depuis que le processus QDR existe (1996) il n’a fallu tant de temps pour aboutir au terme de cet exercice de programmation quadriennal. D’habitude, la QDR parvient à son terme et est rendue publique dans la période mai-juin de l’année en cours. Nous sommes fin septembre et l’on en est encore à annoncer des changements fondamentaux et à spéculer sur la sortie du document. Certains disent dans les prochaines semaines, d’autres, comme Government Executive.com, avancent la date de février 2006. C’est au moins le signe de l’incertitude inquiète devant les décisions considérables à prendre.

Cerise sur le gâteau de cette situation terriblement fluide pour la bureaucratie qui n’aime rien tant que la lourde stabilité des programmes assurés par des dizaines de milliards de dollars de programmation, l’initiative prise par la Commission des Forces Armées de la Chambre, et analysée dans ce même texte de Government Executive.com du 23 septembre. La Commission Hunter (du nom de son président, le terrible Duncan Hunter, spécialiste du protectionnisme des technologies US) va faire sa propre QDR, non pas basée sur l’argent disponible mais sur les besoins réels du Pentagone en face de toutes les menaces imaginables (tout un programme).

Le Pentagone approuve l’initiative, imaginant qu’il aura ainsi un soutien pour des fonds supplémentaires. La réalité est que la Commission Hunter n’ajoutera qu’un peu plus de confusion au désordre général en suggérant d’autres priorités ou des priorités renforcées au-delà du budget disponible par rapport aux décisions de la QDR-2005.


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