Malgré tout, l’Allemagne reste intéressante

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Malgré tout, l’Allemagne reste intéressante


11 septembre 2005 — Les élections allemandes entretiennent le suspens. Les derniers sondages indiquent que les résultats, avec une remontée de la gauche, devraient conduire à un résultat beaucoup plus partagé que celui annoncé depuis des mois, avec la certitude de l’expérience, par les augures. Ceux-ci, dans la foulée, annonçaient que l’alliance anglo-allemande succéderait au couple franco-allemand pour le plus grand bien d’une Europe ainsi mise dans le droit chemin du grand marché libre transatlantique. Il est possible que nous aboutissions, dans cette basse cuisine, à la seule possibilité d’une ‘grande coalition’ entre conservateurs CDU-CSU et SPD, — ce qui promet du sport.

Les derniers sondages concordent pour signaler, depuis le face à face Schröder-Merkel du 4 septembre, une « chute libre » (selon Le Figaro du 10 septembre) des conservateurs. Depuis juin, période où l’on tenait l’élection triomphale de Merkel pour acquise, l’avance des conservateurs sur le SPD est tombée de 21% à 7%. Hier, The Independent observait :

« A survey for Germany's ARD television channel showed that support for the Chancellor's SPD had increased by three points to 34 per cent in under a week, leaving Ms Merkel's Christian Democrats still ahead but with their lead cut from 10 to 6 per cent. “The trend is in our favour,” Mr Schröder insisted in a newspaper interview. ”I am sure that we will emerge the strong-est party on election day. I don't believe that a so-called mood for change exists any more.”

» The Chancellor attributed his comeback to both his 90-minute television debate with Ms Merkel last Sunday, after which a majority of viewers judged him the winner, and also to the Christian Democrats' leader's controversial proposal for a 25 per cent flat-rate income tax which has become one of the key issues of the campaign. Strongly criticising the tax plan envisaged by Paul Kirchhof, a Heidelberg professor nominated as Ms Merkel's shadow finance minister, Mr Schröder said: “Nurses, Opel car workers and police will be the ones who will be paying for the millionaires who will only pay 25 per cent in taxes.”

» Mr Schröder's hopes were also boosted by another poll which showed that he could expect to win 54 per cent of the vote compared to 35 per cent for Ms Merkel, if the election involved voting only for the main candidates and not their parties.

» The poll findings signalled the first significant decline in support for Ms Merkel's party since Mr Schröder declared in May that he would bring the election forward a year to 18 September. But most political pundits said if the trend continued, the most likely outcome of the election would be a ‘grand coalition’ government comprising Social Democrats and conservatives. Both parties have so far rejected the prospect of such an alliance. »


A côté de ces questions de politique interne, qui poursuivent notre récent commentaire du 8 septembre, de récentes indications permettent d’avoir une idée plus précise de l’évolution de l’Allemagne après le 18 septembre. Cette évolution concerne, elle, des sujets plus intéressants parce que plus hauts que les complications de la politique électorale ; elle concerne principalement le sujet de la grande politique européenne, fortement secouée après le résultat négatif français au référendum du 29 mai.

• De récentes indications précises font état d’une évolution, également récente, au sein de la CDU, concernant cette politique européenne. Cette évolution a eu lieu au sein des cadres conservateurs, notamment la nouvelle génération (les quadragénaires), très active au sein du groupe parlementaire CDU et dans l’orientation de la plate-forme politique du parti. Elle concerne un intérêt grandissant pour ce que nos sources nomment “un accord pour une Europe stratégique”. Il s’agit d’une approche impliquant la recherche de la constitution d’un “noyau dur” européen, avec de nouveaux accords qui se feraient hors du cadre communautaire et porteraient sur des matières essentielles, dont la défense. Cette évolution rencontre des hypothèses évoquées en marge du référendum français sur la Constitution, qu’il s’agisse de l’idée d’un “noyau dur” européen, ou celle d’une relance d’une formule de défense européenne impliquant de facto un schéma de “noyau dur”.

• Selon l’explication qui nous est donnée, il s’agit d’un regain de réalisme de la part des conservateurs, constatant l’impossibilité d’écarter des liens serrés avec la France, et la nécessité d’une initiative européenne tenant compte de l’événement considérable du résultat négatif du référendum français. « A la francophilie de l’ancienne génération a succédé le réalisme de la nouvelle, constate une de nos sources qui entretient des contacts avec les conservateurs allemands. Les réalistes constatent que l’Allemagne ne peut se passer de ses liens avec la France. Le paradoxe est que le résultat politique de ce changement de générations, finalement, serait de ne rien changer sur l’orientation politique. »

• Sur ce point fondamental de l’évolution européenne, il semblerait logique d’observer que le SPD ne fait pas une analyse très différente de celle de la CDU. De ce côté également, une initiative européenne, dans le même sens d’un “noyau dur” européen, semblerait favorisée ou, à tout le moins, recevrait un accueil intéressé.

• Dans les deux cas, il semblerait également logique de considérer que l’initiative devrait rencontrer l’intérêt des Français, qui suivent l’évolution allemande avec la plus grande attention.

Tout cela répond à la logique des situations politiques et géographiques respectives, et à la pression de “la force des choses”.