Panic, USA : la Très Grande Crise arrive

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Panic, USA : la Très Grande Crise arrive


26 juin 2005 — A la lumière des événements en Irak et aux USA, la conférence sur l’Irak organisée il y a quatre jours à Bruxelles sous le sponsoring “moral” de la Commission européenne prend complètement sa véritable dimension définie, répétons-le, par ces quelques mots : lâcheté, stupidité, obscénité, aveuglement, conformisme. Que des commentaires de grands journaux type-Pravda à peine occidentalisée en fassent un triomphe de la diplomatie anglo-saxonne justifie l’emploi de ces mots, pour eux également. (Voir, exemple entre d’autres, Le Figaro du 21 juin, avec son titre : « Image internationale ternie, — La diplomatie européenne sous tutelle anglo-saxonne » : le texte aura sans doute été déconnecté du lien pour être proposé comme payant d’ici peu; pour le folklore, on peut payer, si on vient de faire un héritage… Pour le reste, on a compris ce qu’il nous dit.)

La réalité, c’est une situation formidablement dégradée en Irak, une confusion, un désordre sans peu de précédent, avec des pertes US beaucoup plus élevées qu’il n’est dit (cela est un élément capital et fondé, qui sortira un jour dans sa réalité sinistre); alors qu’on annonçait officiellement qu’il y avait eu sans doute l’une des plus meurtrières attaques par voiture piégée contre des Américains dans le conflit (« Five marines and a sailor were feared killed in a suicide car bomb attack on a military convoy travelling through Falluja »), avant de revenir sur ce bilan. Le même Guardian qui annonce la nouvelle, annonce également que GW prévoit une intervention dramatique la semaine prochaine, en prime time, — avant de nous annoncer que Bush a déjà parlé ce week-end, bien entendu sans grand effet.

Sidney Blumenthal, dans sa chronique hebdomadaire du même Guardian, observe combien la politique aveugle de l’administration, et particulièrement le triomphalisme de GW, ne cesse d’aggraver la situation aux USA.

Citons Blumenthal en abondance, il le mérite. Il nous dit que l’Irak n’est pas le Viêt-nam, que l’Irak est infiniment plus grave que le Viêt-nam.


« The war has reached a tipping point not in Iraq, but in the US. Every announcement of a ''turning point'' heightens the rising tide of public disillusionment. Every reference to September 11 strains the administration's credibility. Every revelation of how ''the intelligence and facts were being fixed around the policy'' for war, as in the Downing Street memo, shatters even Republicans' previously implacable faith.

» On June 21, a Gallup poll reported that Bush's approval rating was collapsing along with support for the war. Only 39% of Americans support it. ''The decline in support for the war is found among Republicans and independents, with little change among Democrats.'' (Since March, Republican support has fallen 11 points to 70%.)

» ''They're starting to talk numbers again,'' Pat Lang remarked to me about the return of body counts. Lang is the former chief at the Defence Intelligence Agency for the Middle East, south Asia and counter-terrorism. ''They were determined not to do that. But they can't provide a measurement to tell themselves they're doing well. As you know, it means nothing.''

» Lang, who served as an intelligence officer in Vietnam, observes: ''For almost all of the war, Vietnam was a better situation than Iraq. During the conduct of the war the security situation was far better than this.'' The Iraqi elections are ''irrelevant to the outcome of the war because the people who voted were the people who stood to gain''.

» Iran is the long-term winner. ''Iran intends to pull the Shia state of Iraq into its orbit. You can be sure that Iranian revolutionary guards are honeycombed throughout Iraq's intelligence to make sure things don't get out of hand.'' About the ''euphoria'' after the election, especially echoed by the press corps, Lang simply says: ''Laughable, comical, pathetic.''

» Bush's Iraq syndrome is a reinvention of Lyndon Johnson's Vietnam syndrome. In December 1967, Walt Rostow, LBJ's national security adviser, famously declared about the Vietcong and the North Vietnamese: ''Their casualties are going up at a rate they cannot sustain ... I see light at the end of the tunnel.'' The official invitation to the New Year's Eve party at the US embassy in Saigon read: ''Come see the light at the end of the tunnel.'' The Tet offensive struck a month later.

» ''Even when what happened was really more positive than it seemed to be - the Tet offensive in 1968 was a military disaster for the Vietcong and North Vietnamese army - no one believed it because there was no light at the end of tunnel,'' Harry McPherson, who was President Johnson's counsel in the White House, told me. For a modern instance, McPherson cited the statement this week by Chuck Hagel, a Republican senator from Nebraska: ''The White House is completely disconnected from reality. It's like they're just making it up as they go along. The reality is that we're losing in Iraq.''

» Bush's light-at-the-end-of-the-tunnel vision can only accelerate the cycle of disillusionment. His instinctive triumphalism inevitably has a counter-productive effect. His refusal to insist on responsibility for blunders — indeed, rewarding and honouring their perpetrators — enshrines impunity and hubris. »


Ces bruits, ces déclarations, ces affirmations sont confondantes de gravité, elles sont dramatiques. Elles pourraient ressembler, — elles ressemblent désormais aux signes annonciateurs d’une crise majeure aux USA, qui n’aurait aucun précédent à cause de l’entêtement, de la psychologie non-politique du Président, de sa conviction faith-based et ainsi de suite. Ce que dit Blumenthal est essentiel : le triomphalisme de GW, sa conviction absolument sans faille que tout va bien en Irak, — ce “virtualisme triomphaliste” si l’on veut, — conduit à l’image classique quoiqu’à “fronts renversés” pour le cas, de celui qui, devant l’incendie qui gronde, continue à déverser ses jerricans d’essence. Ce président, au lieu de tenter de contenir la crise qui l’assaille de toutes parts, ne cesse de l’alimenter avec la plus complète bonne foi. Imaginez un Johnson ou un Nixon qui, en 1968-72, n’aurait cessé de proclamer que le Viêt-nam tournait de mieux en mieux, qu’il fallait y laisser les Américains, que le triomphe allait récompenser cette bataille pour la démocratie ; et imaginez le climat aux USA.

... Certes, le climat intérieur des USA en 2005 n’a rien à voir avec celui de 1968 ou de 1972. Ce n’est pas un motif de rassérènement. D’abord, parce que le climat, justement, pour ce qui concerne l’Irak dans tous les cas, est en train de changer de façon bien dangereuse pour GW. Ensuite, parce que l’époque est différente et que les “accidents fondamentaux” ne prennent plus les mêmes voies pour se manifester. Nous nous permettons de nous citer ici, à partir d’ un texte accessible sur ce site: « Auparavant (les XIXème et XXème siècles), la libération se faisait par l'acte brutal du désordre. La rue était le cadre privilégié d'une libération qui passait nécessairement par la révolte violente. […]

» Ces débordements ne sont plus possibles parce que la mécanisation et la publicité des procédures (l'accompagnement statistique de la démocratie et les communications entourant et commentant en permanence la vertu du système) les interdisent en condamnant et en ridiculisant la violence de facto (l'esprit lui-même de l'individu potentiellement révolté en vient à cette conclusion). Mais cette mécanisation et cette publicité des procédures ont atteint un tel degré de perfection mécanique qu'elles induisent massivement les effets pervers dont elles sont chargées… »


On connaît l’un de ces “effets pervers” avec le référendum français, dont l’aspect explosif et historique a été permis par les sondages. Reste à voir quelle forme ces “effets pervers” vont prendre aux USA, pour atteindre à une explosion historique dont il importe désormais de se demander quand elle aura lieu, et non plus si elle aura lieu.


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