En Irak, alerte aux missiles sol-air

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En Irak, alerte aux missiles sol-air


La perte le 30 janvier d’un C-130 Hercules de la RAF, avec dix hommes des unités SAS à bord (tous tués), semble de plus en plus devoir être attribué au tir d’un missile par un groupe de guérilla. L’hypothèse a été renforcée par la diffusion d’une vidéo par la chaîne de TV Aljazeera, montrant ce qui pourrait être la phase de destruction de l’avion par un missile.

Un article de The Independent, de ce jour, développe la thèse de l’attaque. L’article présente les très graves les inquiétudes que fait naître cette attaque.


« Insurgents had threatened a “spectacular” attack and senior MPs said the timing, coinciding with the elections, suggested strongly that the aircraft was brought down by a missile. One senior Liberal Democrat figure said: “The US flooded Afghanistan with Stinger missiles and there are plenty of them around. It is highly likely that the plane was brought down by one of their missiles.”

» The attack is likely to increase pressure on the allied forces. Most roads in the country, especially in the Sunni area of central Iraq, are highly vulnerable to insurgent attacks, and convoys are regularly ambushed. This has forced US and British forces to rely on aircraft for moving troops and supplies.

» Senior military sources in Iraq described the gravity of the situation. One officer said: “If we lose freedom of air movement it will be a massive problem. The investigation will conclude what exactly happened, but at the moment it looks more and more like enemy action. The C-130 has anti-missile defences, so this is quite puzzling. We are taking the precaution of carrying out a security review because this is Iraq and you cannot take chances.”

» A senior MoD official said: “It was a routine operational flight from Baghdad international airport to Balad. They were transporting people. We don't comment on special forces operations normally but this was a routine operational sortie.”

» Peter Felstead, editor of Jane's Defence Weekly, said: “If the al-Jazeera footage is genuine, it shows that an aircraft flying at altitude has been shot down by what looks like some sort of spliced-together weapons system. This would be an unprecedented and catastrophic event. Hitherto we have not seen the insurgents capable of launching such an attack.”


Une telle attaque constituerait, si elle est confirmée dans l’hypothèse qu’on développe, un événement tactique essentiel. Cela est d’autant plus inquiétant qu’il existe, très récemment, d’autres indications qui pourraient corroborer cette nouvelle situation où les guérillas seraient capables d’intervenir contre les aéronefs de la coalition. Il y a, essentiellement, le cas de l’hélicoptère du Marine Corps CH-53 qui s’est écrasé le 26 janvier avec 31 hommes à bord (voir ci-après). Il y également d’autres indications périphériques.


Le mystère de la destruction du CH-53 des Marines

Officiellement, l’hélicoptère Sikorsky CH-53 qui s’est abattu près de la ville de Rutba le 26 janvier a été victime du mauvais temps. Des sources proches de la rébellion irakienne, citées par le journaliste Pepe Escobar, de Atimes.com, disent, d’une façon très différente, qu’il a été touché par un missile individuel SA-7 Strella et s’est écrasé à la suite de cette attaque.

Selon Escobar:


« ...On the same day [26 January], the resistance fired a Sam 7 rocket at a CH-53 Sea Stallion helicopter over the city of Rutba, 460 kilometers west of Baghdad in the western desert - which is controlled by the resistance. Free Arab Voice reports that ‘shepherds and motorists who witnessed the attack saw the Americans gathering the remains of 31 American bodies ... and American vehicles hauling away the wreckage of the helicopter that had been scattered over an approximately two kilometer area’. The Pentagon said the crash was due to bad weather. Sources close to the resistance in Baghdad say it was a Sam 7 rocket. »


Cette version est renforcée par le constat, rapporté par une source indépendante US, que, normalement, les éléments aériens US évitent la ville de Rutba parce qu’elle fait partie d’une zone contrôlée par les rebelles et que les Américains craignent effectivement de tirs de missiles. Par contre, il se pourrait que le mauvais temps ait joué un rôle indirect en amenant le pilote de l’hélicoptère dans une zone où il n’aurait pas dû aller. La présence du CH-53, hélicoptère lourd non armé de transport, avec 31 soldats à bord, au-dessus d’une zone dangereuse, paraît incompréhensible sans ce type d’explication.


Une spéculation à propos de missiles SA-7 nicaraguayens

Les informations officieuses qui circulent sur la destruction du CH-53 par un missile portable d’origine soviétique SA-7 sont peut-être liées à des informations publiées par le Washington Times, relayant des fuites du Pentagone dont l’objectif serait de mettre sous pression les gouvernements latino-américains.

(Le Washington Times, quotidien du révérend Moon, est acquis aux thèses extrémistes de l’administration GW Bush. Il est suspecté de relayer certaines opérations de désinformation de l’ex-OSP [Office of Special Operations] de Donald Rumsfeld. D’autre part, historiquement le Washington Times fut indirectement proche du scandale dit de l’Irangate , dans les années 1985-87, qui porta notamment sur des transferts illégaux de missiles et sur le financement, également illégal, de la rébellion anti-sandiniste des Contras à cette époque. L’Irangate, qui impliqua les USA, le Nicaragua et l’Iran, impliqua également divers réseaux privés extrémistes, dont certains proches du révérend Moon.)

Le 27 janvier, le journal avait affirmé que 80 missiles SA-7 avaient été volés pour être revendus au marché noir, à partir d’un stock de 1.000 SA-7 de l’armée nicaraguayenne qui ont théoriquement été détruits l’année dernière à la demande des Américains. L’affirmation n’a pas été démentie par l’administration (remarque du porte-parole du département d’État Richard Boucher le même jour : « We have asked the government of Nicaragua to look into that and to investigate and find out whether indeed there might be some of these that have gone missing or might be in the wrong hands »). Il est possible qu’un lien existe entre les deux informations et que les Américains aient l’intention d’impliquer tel ou tel gouvernement étranger dans une situation où, effectivement, l’utilisation éventuelle de SA-7 (et de missiles du même type, sol-air portable, comme les Stinger US) par la guérilla poserait un grave problème à ces mêmes Américains en Irak. D’ores et déjà, cette menace aurait un effet d’“interdiction”, en dissuadant les Américains d’utiliser certains moyens aériens dans certaines parties de l’espace aérien irakien.


Et une indication à propos de “Stinger” US en Afghanistan

Autre information qu’il est difficile de ne pas lier aux précédentes: l’annonce par un officiel du gouvernement afghan qu’un effort vient d’être entrepris pour récupérer des missiles sol-air américains Stinger, qui sont des missiles de la même catégorie que le SA-7, portable et maniable par un seul homme. (Il va de soi que l’hypothèse la plus probable est que la décision du gouvernement afghan, contrôlé par les Américains, a été inspirée par ces derniers.)

Les Américains avaient fourni des Stinger à la résistance afghane dans les années 1984-88, contre les Soviétiques. Cette arme avait joué un rôle-clé dans la défaite des Soviétiques. Bien entendu, il s’agit d’une affaire aux origines lointaines (il n’est pas assuré que des Stinger livrés il y a vingt ans soient encore utilisables). Mais l’information semble indiquer que les Américains craignent que les réseaux (avec des connexions privés, comme dans le cas de l’Irangate) ayant fourni des Stinger à la résistance afghane soient restés en activité d’une façon ou l’autre.