Chapeau bas pour Sir David

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Chapeau bas pour Sir David


12 mars 2004 — La chose (le courage) étant assez rare, il est bienvenu de saluer le courage de certains hommes responsables quand ils en montrent. Sir David King est l’un de ceux-là. Ce scientifique renommé, conseiller scientifique du Premier ministre Tony Blair, a décidé de passer outre aux avertissements et à la censure secrète — comme d’habitude — de ce même Premier ministre.

On connaît quelques éléments de cette affaire. D’abord, The Independent met en évidence, le 9 janvier, un extrait d’un article de Nature avec des affirmations importantes de Sir David. La plus importante pour Tony Blair, bien sûr, n’est pas celle qui s’interroge sur la possibilité d’une catastrophe climatique aux conséquences apocalyptiques, mais celle où Sir David dit que cette crise est une menace plus grave que le terrorisme et que la responsabilité de l’administration Bush dans cette affaire est considérable

Deux mois plus tard, on apprend, par le plus grand des hasards (une maladresse informatique), que sir David a été mis en garde de ne plus faire cette sorte d’intervention, notamment la mise en cause de la politique américaine. Sir David est sous le feu de la censure du grand libéral humanitariste Tony Blair, parce que rien ne doit menacer la bonne humeur de GW à l’égard du Royaume-Uni. La question que pose Sir David, de l’avenir de la civilisation par rapport à la crise climatique, est, pour l’instant, jugée nettement secondaire.


« Downing Street tried to muzzle the Government's top scientific adviser after he warned that global warming was a more serious threat than international terrorism. Ivan Rogers, Mr Blair's principal private secretary, told Sir David King, the Prime Minister's chief scientist, to limit his contact with the media after he made outspoken comments about President George Bush's policy on climate change.

(...)

» Support for Sir David's view came yesterday from Hans Blix, the former United Nations chief weapons inspector, who said the environment was at least as important a threat as global terrorism. He told BBC1's Breakfast with Frost: “I think we still overestimate the danger of terror. There are other things that are of equal, if not greater, magnitude, like the environmental global risks.”

« Since Sir David's article in Science was published, No 10 has tried to limit the damage to Anglo-American relations by reining in the Prime Minister's chief scientist. In a leaked memo, Mr Rogers ordered Sir David — a Cambridge University chemist who offers independent advice to ministers — to decline any interview requests from British and American newspapers and BBC Radio 4's Today .

« “To accept such bids runs the risk of turning the debate into a sterile argument about whether or not climate change is a greater risk,” Mr Rogers said in the memo, which was sent to Sir David's office in February. “This sort of discussion does not help us achieve our wider policy aims ahead of our G8 presidency [next year].” The move will be seized on by critics of Mr Blair's stance over the Iraq war as further evidence that he is too subservient to the Bush administration. It will also be seen as an attempt to bolster the Prime Minister's case for pre-emptive strikes to combat the threat of international terrorism, which he outlined in a speech on Friday. »


Sans aucun doute, le plus consternant que nous apprennent tous ces articles est bien que les affirmations de Sir David ne sont nullement contestées par Tony Blair et son cabinet. Sir David n’est pas licencié pour catastrophisme ou charlatanisme scientifique. Il est «  highly regarded by Mr Blair », — par conséquent, on en déduit que le Premier ministre ne met pas en cause les compétences du scientifique. Ne rien dire dans ces circonstances, et interdire à King de parler en désignant le principal responsable de cette crise laisse sans voix. Il est difficile de ne pas être conduit à réviser le jugement assez favorable qu’on peut avoir de Blair le chef de gouvernement, lorsqu’on est conduit à un tel jugement. Cet homme porte, à cet instant, dans le domaine que nous commentons ici, une extraordinaire responsabilité.

Tout cela n’a pas découragé Sir David King. Convoqué aux Communes le 10 mars, sans doute à la suite des articles de The Independent, il a repris toutes ses accusations.


« The Government's chief scientist today set out an “apocalyptic vision” of global warming bringing back the conditions which drove the dinosaurs to extinction.

» Professor Sir David King told a House of Lords committee that urgent action was needed “within the next few years” to avert the threat of sudden and severe climate change.

» He claimed that last summer's heatwave was a man-made event and a warning sign of worse to come.

» And he defied Downing Street by repeating his charges that global warming is a bigger threat than terrorism, and that Washington is failing to tackle the problem. »


Nous mettons encore en évidence cette déclaration de Sir David King sur les responsabilités. Comme on dit, “tout le monde le sait” sans songer à en parler à haute voix ; avec une telle déclaration, on ne pourra plus dire qu’on ne savait pas. « And [King] accused American oil giant Exxon of funding lobbyists who are trying to undermine the consensus on global warming by suggesting that scientists are divided on the nature of the problem. »


[Pour plus de facilité, mais avec les restrictions d'usage, trois textes concernant cette affaire et renseignés comme liens sont publiés sur ce site, ce jour.]


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