Une impitoyable bataille intérieure

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L’excellent bulletin quotidien du Progress Report fait une analyse d’un aspect important de la situation politique à Washington, dans son édition du 5 février. Il s’agit de la lenteur de la confirmation de certaines nominations de l’administration Obama aux postes de direction, dans ce cas celle de la nouvelle secrétaire au travail Hilda Solis, nommée le 19 décembre 2008 et qui a du attendre le 5 février un vote de la commission sénatoriale sur son cas. C’est l’exemple d’une intense guérilla fondée sur l’hostilité idéologique (Solis est une progressiste), de la part des républicains des commissions concernées, à l’aide de manœuvres procédurières, de manœuvres d’obstruction, etc. L’affaire caractérise un climat d’affrontement partisan au Congrès, avec les républicains partout à l’offensive pour contrecarrer le fonctionnement et la politique de l’administration Obama.

Extrait du compte-rendu du Progress Report qui, dans sa version originale, offre de nombreux liens vers des arrtticles sur cette affaire.

«President Obama has nominated his top appointees at a record speed – far faster than his two immediate predecessors, but the confirmation process has been far slower for him. Even after a rocky transition, President Clinton had all but one cabinet nominee confirmed by the end of his first day in office; President Bush had all but one confirmed by the end of January, despite the lengthy 2000 recount. Some of Obama's confirmation problems have been a result of the nominees' own errors – as with Timothy Geithner and Tom Daschle – but others have been caused by nothing more than conservative obstruction. In particular, the widely praised Hilda Solis, currently a Democratic U.S. representative from California, is being blocked by Senate Republicans for her progressive views supporting American workers. “This is just harassment,” said Scott Lilly, a senior fellow at the Center for American Progress. “I haven't seen anything that has been raised that looks like a truly substantive question about whether President Obama should have her serve him as labor secretary.” After waiting 55 days since her nomination on Dec. 19, Solis will finally face a scheduled vote in the Senate Health, Education, Labor and Pensions Committee today.»

C’est une question particulièrement importante qui est soulevée ici, c'est-à-dire la situation politique de Washington illustrée par ce cas. Obama a tout misé sur un appel à l’unité nationale, le bipartisanship en termes politiciens. Il s’appuie sur la logique de rassemblement de sa campagne en phase terminale, et sur la logique de sa bataille contre la crise dont il juge qu’elle doit être soutenue par l’ensemble du corps politique. Il a fait des “gestes” à l’égard des républicains, pourtant politiquement très minoritaires, notamment en prenant trois républicains à des postes de direction de son administration. En retour, il n’a rien, les républicains utilisent toutes les ficelles pour contrer son action, sans donner d’argument de fond à cette attitude. Les mésententes sur la forme de l’action anti-crise existent mais elles ne sont pas fondamentales, et d’ailleurs les derniers mois de l’administration Bush ont montré qu’une entente sur ce point était possible. Les républicains ne réagissent pas selon une stratégie, mais selon un pur esprit partisan et destructeur, attisé par l'amertume de leurs défaites électorales autant que de l’échec calamiteux des huit années d’administration Bush.

Nous n’en sommes plus, ni à la raison, ni au raisonnement politique. La situation washingtonienne caractérise un état de décadence avancée du corps politique. Il n’y a plus vraiment de dessein politique, de programme ou de stratégie. Comme c’est dans la logique de cette sorte de situation, les républicains, minoritaires et radicalisées, mènent un combat d’autant plus féroce qu’il est complètement nihiliste, simplement intéressés, en plus de leur fond de commerce idéologique, à conserver le soutien des différents lobbies et forces d’argent qui n’ont évidemment aucune cohésion politique, là aussi avec l’accentuation du désordre à la clef. Le résultat est la paralysie de l’action politique et la désunion générale, cela alors que la crise ne cesse de s’aggraver.


Mis en ligne le 6 février 2009 à 12H29