Tout, tout pour le Typhoon

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On devrait lire avec intérêt ce très court billet de Christina MacKenzie, sur Ares, de Aviation Week & Space Technology (AW&ST), le 18 mai 2011… Même s’il est court, il doit être perçu comme significatif d’une démarche d’influence, illustratif de la tactique employé, indicateur de la situation concernée. Il s’agit d’un texte d’influence, volontaire ou involontaire d’ailleurs, et sans doute plutôt involontaire, dans le chef de la journaliste ; texte d’influence, réglé comme tel par les circonstances d’obtention de l’information et le contenu de ces informations, qui dispose d’un important potentiel d’écho en raison du canal de communication qui le propose, avec la caution d’AW&ST.

«Close and experienced observers of the Indian defense sector are placing their bets on the Eurofighter Typhoon beating the Rafale in the competition to provide India with new combat aircraft. They say the two aircraft down-selected at the end of last month are very similar performance-wise and so the decision is likely to swing to the Typhoon.

»And why? Because Dassault in December signed a $2.1 million contract to upgrade India's fleet of 51 Mirage-2000s and, these observers say, India is likely to buy submarines from France. So, in keeping with India's policy of keeping a broad supplier base, India is unlikely to also procure its 126 new medium multi-role combat aircraft from France.»

Il s’agit d’une intervention écrite typique de la propagande anglo-saxonne, plutôt qu’américaniste dans ce cas, recyclée par le biais de l’information dispensée vers la presse spécialisée. C’est avec ce constat à l’esprit, sinon à l’œil, qu’il faut lire ces quelques lignes. On doit aussi avoir à l’esprit que le système de l’américanisme et les Anglo-Saxons, maintenant que les avions US sont écartés du marché MRCA indien, feront tout pour faire triompher le Typhoon sur le Rafale français, que toutes les lectures qu’offre le système de la communication identifient effectivement le Typhoon comme britannique alors qu’il est européen (EADS, avec la France ayant une part évidemment importante). Ayant donc ces principes fondamentaux de stratégie à l’esprit pour faire une lecture de ce court billet, nous proposerons les constats suivants :

• Le premier est que le parti de l’américanisme semble avoir entériné la défaite des avions US, c’est-à-dire sans espoir de faire revenir l’Inde sur sa décision, et sans moyen suffisant et suffisamment efficace pour l’y forcer. Si ce n’était le cas, il n’y aurait pas de soutien au Typhoon par les différents canaux du système de la communication, notamment américanistes, comme dans ce cas.

• Le second est que la perception des divers canaux de la communication semble accepter l’idée qu’il est devenu très difficile, au contraire de ce qui prévalut jusqu’ici dans la technique du système de la communication, d’affirmer bruyamment la supériorité du Typhoon sur le Rafale (supériorité totalement usurpée et faussaire, évidemment, le contraire étant le vrai). Dans ce cas du texte de MacKenzie, on note que les deux avions sont mis sur le même pied, ce qui permet de faire bénéficier le Typhoon de la réputation grandissante du Rafale, – et signe également que cette réputation grandissante du Rafale est en train de se répandre et de pénétrer les esprits puisqu’elle acquiert, même sur ce site, un statut implicite de référence. Du coup, les arguments pour le choix du Typhoon deviennent poussifs et ont surtout appuyé sur une comptabilité d’épicier qui est loin d’être convaincante : les Indiens veulent effectivement des achats et des connexions avec différents fournisseurs et différentes zones régionales, mais ce ne serait certainement pas au prix de choisir un avion que leur force aérienne ne jugerait pas de très grande qualité. Par conséquent, l’argument reste d’autant plus boiteux qu’il ne peut s’appuyer sur une supériorité du Typhoon qu’il est désormais impossible d’affirmer. (On ajoutera, comme argument opérationnel important en faveur du Rafale, que l’avion français possède une version embarquée et que les Indiens pourraient vouloir un avion embarquée pour une unité porte-avions de leur marine ; le Typhoon n’a qu’un vague projet d’une version embarquée, toujours sur le dernier tiroir en dessous de la table à dessin, et dont personne ne peut garantir le succès.)

• Par rapport aux habitudes du système de la communication manipulé par les Anglo-Saxons, on déduira d’une façon générale, du ton ainsi constaté, de la modestie de l’argumentation, du caractère bancal de l’affirmation du choix du Typhoon, que ces mêmes Anglo-Saxons (les Britanniques et leurs relais américanistes par solidarité idéologico-culturelle, voire idéologico-raciale) sont très mal à l’aise dans cette phase ultime de la compétition. Par déduction de perception, on comprend aisément que le Rafale semble objectivement apparaître comme fort bien placé dans l’évaluation finale, pour emporter le marché. Ce dernier point est la perception anglo-saxonne et américaniste.

• L’exceptionnel sens de la surenchère permanente des Anglo-Saxons et de l’américanisme, leur refus absolu de concéder la moindre faiblesse, la moindre défaite, toutes ces attitudes d’une sorte de suprématisme racialio-culturel exprimé au niveau de la communication, risquent, comme on le voit de plus en plus souvent, de leur coûter de cuisantes et complètes défaites (dans ce cas, bien sûr, victoire du Rafale sur le Typhoon). Par leur insistance, justement, par leurs constantes affirmations suprématistes, ils devraient de toutes les façons aboutir à une dramatisation de l’écho de ce marché indien, à un tel niveau qu’une éventuelle victoire du Rafale serait perçue comme une défaite fondamentale pour eux, sans doute bien pire qu’elle ne l’est en réalité. Mais comme, de toutes les façons, nous nous trouvons, essentiellement grâce aux Anglo-Saxons, dans un univers où la réalité et sa vérité ont totalement disparues, où seules comptent la communication et la perception, cet effet excessif deviendrait réalité.


Mis en ligne le 19 mai 2011 à 14H28