Topolanek-Réa, – suite embarrassée et embarras divers et métaphysiques…

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Oui ou non, finalement, Topolanek, le Premier ministre tchèque justement démissionné par la démocratique assemblée tchèque, oui ou non, a-t-il dit, pour qualifier devant le Parlement européen la politique économique des USA, “way to hell” ou “road to hell”, – et alors, avec le deuxième cas, est-il ainsi d’accord avec Chris Réa, et nous sommes-nous trompés à ce propos? Voire… On se querelle aussi pour savoir si Topolanek a dit “hell” ou “Hell”, – ah, l’importance d’une majuscule, entre séculaire insulte et blasphématoire imprécation, alors qu’il s’agit de notre-vertueuse Amérique et de sa politique économique pour enfin terminer la crise; on se rassure aussitôt les uns les autres, car notre-BHO, saint-Obama soi-même, viendra tout de même à Prague, c’est juré, après le sommet de l’OTAN comme prévu, pour ce sommet avec l’UE où le Topolanek pourrait n’être pas très loin.

Bien, depuis que nous avons publié notre première nouvelle à ce propos, ce matin, les rires ont fusé, mais plutôt jaunes, dans les commentaires transatlantiques. D’une façon générale, on serait plutôt abasourdis: comment un Tchèque, un si bon ami de l’oncle Sam, un ami des anti-missiles pacifiques, comment peut-il avoir parlé d’“Enfer” à propos de l’oncle en question? Il y eut vraiment comme un petit-grand frisson, une odeur de souffre.

Du coup, nous voilà engagés dans un exercice pratique dit de “damage control”, car les commentateurs assermentés ont découvert que parler d’“enfer” à propos de l’Amérique, soudain ouvraient des abîmes impensables. Nos commentateurs, si costauds, si ardents dans les concepts audacieux, eux qui n’ont jamais froid aux yeux lorsqu’il s’agit de taper sur Gaza ou de célébrer le 10ème anniversaire des «bombardements humanitaires» du Kosovo (dixit Havel, – tiens, un autre Tchèque), nos commentateurs ont parfois d’étranges réactions de midinettes de bénitier.

Par conséquent, exercice principal de “damage control”: ce qui a été dit n’a pas été dit, selon une technique éprouvée et une intervention appropriée du vice-Premier ministre tchèque qui dit n’avoir rien entendu qui ressemble à “hell” en tchèque dans le discours de son chef (en chinois non plus); la chose, telle que la rapporte EUObserver, le 26 mars 2009

«At a press conference later on Wednesday, Czech deputy prime minister Alexandr Vondra sought to downplay Mr Topolanek's comments. “I am optimistic about the G20 meeting regarding the EU and US approaches, that in fact they are converging together and that we will be able to find a common ground. I think it was a total misunderstanding” of Mr Topolanek's remarks, he said. “I was there and listened to the speech in Czech and he never mentioned the word ‘hell,’” Mr Vondra added.»

Par conséquent (suite), exercice complémentaire de “damage control”, cette fois sous l’égide des Américains qui n’en reviennent pas qu’on puisse laisser planer une telle hypothèse infernale. CNN.News s’est mis à la recherche d’une explication qui tienne la route, mais une route sans passage par l’enfer, pour enrober de fleurs de rhétorique une telle absurdité surréaliste. La dépêche est datée du 25 mars 2009 (ce matin pour nous) et répercute l’avis d’économistes ou experts tchèques qui explorent, pour les américanistes interdits devant cet événement étrange, les mystères de Topolanek, revu-Chris Réa.

Nous apprenons ainsi qu’“enfer” dans un pays non-croyant n’a pas la même signification qu’“Enfer” en pays croyant, que les flammes y brûlent moins, donc qu’il faut pondérer; que Topolanek est un provincial, puisqu’il habite Prague, qui est clairement la province par rapport au Texas ou au Colorado; que, de toutes les façons, il n’y connaît rien; qu’il ne sait pas, ou très mal, ce qu’il y a dans les mesures américanistes; qu’il est contre l’intervention des gouvernements, ce qui prouve (suite) qu’il n’y connaît rien, ni à l’Amérique, ni à l’évolution des temps; qu’il est un fondamentaliste zélé du libre marché, ce qui prouve (re-suite) qu’il n’y connaît rien, ni à l’Amérique, ni à l’évolution des temps; et ainsi de suite…

»Czech analysts caution that the Topolanek quote getting the most attention – “the way to hell” – sounds worse in English than it does in Czech. “It means a little something different,” said Jan Machacek, an economist and analyst for the Czech newspaper Hospodarske noviny. “This is an anti-religious country. When people say hell, they say it much more lightly than people do in America. It sounds like he listens to AC/DC,” the heavy-metal band.

»Jiri Pehe, the head of New York University in Prague and a leading political analyst, agreed that the remark “sounds a bit more sinister in English than it does in Czech.” But Pehe made no excuses for the Czech prime minister, who he said spoke out of both ignorance and political conviction.

»“He doesn't really know very much about the U.S. stimulus package, (and) he is a self-professed neo-liberal who believes that government should not intervene” in the markets, said Pehe, a long-time critic of Topolanek's center-right Civic Democratic Party. Free-market fundamentalism may be a valid stance for the head of a small country in the middle of Europe, Pehe said, but it was inappropriate for Topolanek to express when the Czech Republic holds the EU presidency. “He is entitled to those beliefs, but when he says that on this kind of stage – which means it's going to travel to the United States – it's stupid. The vocabulary he uses is unfortunate,” Pehe said.

»Topolanek may have been flustered, said Machacek, because his government lost a confidence vote in parliament the night before – by a single vote. That means he and all the ministers in his government must resign, which he said Wednesday he will do. Czech President Vaclav Klaus is expected to ask Topolanek to try to form a new government.

»Machacek also said Topolanek's criticism of the U.S. stimulus plan may be based on purely local experience. “His perspective is influenced by the Czech experience. This is a small open economy, where the stimulus would not be effective," he said.”…»

Tout cela dispense une certaine saveur, à observer les convulsions et contorsions des théories économiques des uns et des autres, selon les convictions des uns et des autres, et selon la couleur des temps; puisque, en l’occurrence, on est en train de faire la leçon à un Européen, président de l’UE et insulteur des USA à ce propos, pour avoir montré à cette occasion un peu trop de passion pour des thèses que les USA nous pressent depuis des décennies d’épouser et d’aimer beaucoup.

…Et puis, tout s’éclaire avec le dernier propos, du journaliste Machacek qui, pris d’un remord tardif, entend mettre l’attaque de Topolanek en perspective. Si l’on comprend bien, lorsque Topolanek parlait, c’était Merkel, et peut-être bien Sarko engagé dans l’affaire, qui parlaient discrètement par sa voix. En fait, personne n’en a jamais vraiment douté.

«That said, Machacek argued, Topolanek's position is not completely outside the pale in the European Union. “The Czech perspective doesn't differ that much from the German position,” he said. “But the Germans would never be so undiplomatic.”»


Mis en ligne le 26 mars 2009 à 16H33