Notes sur le Rafale et l’exportation (II)

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Notes sur le Rafale et l’exportation (II)

Nous poursuivons notre travail de documentation historique, selon notre point de vue (et notre expérience directe de nombre des événements rapportés) sur l’avion de combat français Rafale en particulier, sur le rôle de la France dans l’exportation des armements et sur l’évolution de l’exportation des armements en général. Cette fois, nous examinons la période post-Guerre froide, après les épisodes ratés et hautement significatifs des années 1985-1990 (voir notre premier texte du 10 octobre 2009).

Pour introduire ce propos, il n’est pas indifférent de tirer une conclusion plus générale de l’article précédent. Il s’agit d’enseignements à la fois généraux et spécifiques, portant sur la situation européenne d’une part, sur l’attitude des Français d’autre part (sur le cas Rafale, certes, mais l’enseignement est assez général pour s’étendre à toute la problématique des armements, et le sens politique général qui va avec, qui concerne la souveraineté et l’indépendance de la politique).

• Le premier point se résume au constat que jamais la situation ne fut plus favorable à la coopération profonde, structurelle et véritablement fondatrice des armements en Europe qu’en cette période 1985-1990, avec la France disposant d’opportunités remarquables. Depuis, rien de semblable n’a existé. (Pour l’avenir, on verra dans un troisième article sur le sujet.) Il est évident, sinon aveuglant, que l’occasion existait d’un second programme d’avion de combat européen basé sur le Rafale, qui aurait occupé une place puissante et féconde s’il avait existé, vue la médiocrité du premier programme (l’Eurofighter) et sa propre dynamique. Il y aurait eu certainement des conséquences politiques importantes, du point de vue européen et du point de vue transatlantique.

• L’occasion fut ratée essentiellement à cause de la France. Les tribulations politiciennes internes, d’abord. Le gouvernement Chirac (cohabitation à partir de mars 1986) torpilla, simplement parce qu’il s’agissait d’une initiative de Mitterrand, cette remarquable initiative lancée en septembre 1985 par le président français (le GEPAM, ou Groupement Européen de Production des Avions Militaires) et déjà acceptée par nombre de pays européens. Le GEPAM aurait organisé et intégré un deuxième programme d’avion de combat européen basé sur le Rafale, dans un sens beaucoup plus politique et “européaniste” que l’Eurofighter.

• La fascination US, ensuite, avec la tentative du ministre de la défense (Giraud) du gouvernement Chirac de faire un avion transatlantique avec le Rafale du côté français et le F-18 Hornet du côté US – le Hornet-2000. Cette initiative dura un peu plus d’un an avant de s’éteindre devant l’habituel diktat US (“nous dirigeons tout”) et elle eut pour effet collatéral une démobilisation française pour lancer le Rafale comme deuxième programme européen. Cela pesa son poids dans la tentative belge.

• Enfin, la tentative belge, de mettre la Belgique dans une coopération Rafale, avec achat d’avions de production et perspective d’“européanisation” du Rafale par une autre voie que le GEPAM. Les Français y furent pitoyables. Ils confièrent leur campagne de prospection interne (contacts avec le gouvernement belge et les financements nécessaires) à un homme dont ils ne comprirent jamais qu’il jouait double jeu. Leur campagne de relations publiques consista à en dire le moins possible, alors que le public belge aurait pu soutenir un projet qui impliquait un très fort apport technologique à la Belgique. Il faudra peut-être que la France absorbe une partie de la Belgique pour que les Français commencent à comprendre quelque chose à la Belgique.

• Face aux Français, en Belgique, les USA n’avaient rien. Ils firent donc leur boulot: ils inventèrent un avion sur papier (l’Agile Falcon) pour prétendre figurer dans une “compétition”; il firent leurs pressions habituelles. Le Pentagone (la DIA) lança une campagne de désinformation, notamment contre les journalistes qui soutenaient les Français. L’on vit cette situation incroyable de la DST relayant vers les SR belges certaines de ces informations que lui avait données la DIA, pour discréditer ces journalistes. La DST n’y vit que du feu, gobant les fables sur des “agents du KGB” alors qu’elle participait inconsciemment au blanchiment d’informations tendant à discréditer des journalistes pro-Rafale. Les SR belges, eux, comprirent la manœuvre.

@PAYANT Ces diverses remarques doivent servir, autant sinon plus qu’au rappel de l’article précédent, d’introduction à cette seconde partie de la carrière et du destin – deux choses différentes, au reste – de l’avion de combat Rafale. Il s’agit donc de la période dite post-Guerre froide, mais largement continuée, poursuivie, après 9/11 et le reste, pratiquement jusqu’à nos jours heureux et actuels.

La Guerre froide finie, vive la guerre chaude

La fin de la Guerre froide, brutale comme on la connaît, amena un vent de panique parmi les constructeurs d’armement. Ce vent avait nom “les dividendes de la paix” (c’est-à-dire, réduction des dépenses militaires, des budgets, des besoins et ainsi de suite). Le jugement général était bien entendu que l’événement allait se répercuter gravement sur les exportations.

Un autre événement contribua, soit à brouiller les cartes, soit à éclaircir les jeux des acteurs en présence. La guerre du Golfe première du nom commença, dans sa phase préparatoire, un peu plus d’un mois après l’invasion du Koweït par Saddam, par une énorme commande en septembre 1990 de l’Arabie Saoudite de divers matériels US, portant sur $23 milliards. La première explication évidente était que l’Arabie, outre de s’armer pour le futur, “payait” les USA pour l’intervention promise contre Saddam, à partir du territoire saoudien.

La seconde, à considérer dans la perspective historique, est que les USA lançait une offensive majeure pour “écraser” les prix et les marchés à l’exportation, par leur puissante industrie de défense elle-même concernée par “les dividendes de la paix”. Tout cela se faisait avec l’aide active du gouvernement US, qui soutenait parallèlement, en sous-main, une énorme restructuration de cette industrie qui aboutirait à réduire une dizaine de sociétés à capacités multiples à trois géants: Lockheed Martin, Boeing et Northrop Grumman.

Effectivement, les USA étaient sur le sentier de la guerre pour sauver leur industrie d’armement attaquée par “les dividendes de la paix”. Cela passait par la conquête par tous les moyens – pressions politiques, pressions militaires, soutiens monnayés, etc – des marchés extérieurs.

Une réaction chaotique de la France

Comment réagirent les Français, et Dassault en particulier, face aux mêmes événements, et devant ce qui fut aussitôt perçu comme l’offensive US décrite ci-dessus? Ce fut une réaction chaotique, mélangeant des appréciations exactement contraires qui, d’une façon très caractéristique, épousaient l’attitude politique générale de la France.

Nous nous souvenons parfaitement de cette période où les discours qui vous étaient tenus en a-parte étaient de deux ordres, parfois dans une même conversation et sans souci de la contradiction. D’une part, il vous était affirmé que les Américains avaient comme projet d’exercer une maîtrise absolue sur les marchés extérieurs et, pour cette raison, leur premier objectif était de “tuer Dassault”, jugé comme le seul vrai concurrent. Ce jugement (Dassault, seul vrai concurrent) n’était pas faux – et il reste vrai. Les Russes étaient plongés dans le chaos eltsinien, les Britanniques suivaient les USA et auraient une “niche”, une autorisation de vendre ici ou là – et c’était à peu près tout. Au reste, la considération US pour Dassault est une constante historique de l’histoire moderne de l’aéronautique, déjà marquée par un rapport fameux de la RAND Corporation de 1969, décrivant avec admiration, les méthodes et les capacités du constructeur français.

Cette appréciation française sur la volonté prédatrice des USA était accompagnée d’une volonté affirmée d’en découdre, appuyée sur la conviction d’une part de disposer d’un matériel et de système adéquats pour le faire, d’autre part de rencontrer le désir de nombre de pays qui seraient désireux de se dégager de la tutelle US après cette période de Guerre froide. (La commande de Taïwan pour des Mirage 2000, en 1992, fit croire à cette possibilité.) Mais aussitôt, ce propos relativement réaliste sinon héroïque était contredit par un autre propos, paradoxal dans sa contradiction.

En même temps qu’on identifiait cette volonté d’hégémonie prédatrice qu’il fallait combattre, on observait que les USA seraient sans doute conduits à reconnaître qu’ils ne pourraient pas tout prendre en charge dans les marchés extérieurs et qu’ils laisseraient à la France une part de ces marchés. C’était supposer que serait renouvelée, d’une façon explicite et dans les conditions nouvelles de l’après-Guerre froide, la situation qui s’était établie durant la Guerre froide. La France avait attiré à elle une part variant de 7% à 10% des marchés extérieurs en s’appuyant sur une politique extérieure qui prônait implicitement une “troisième voie” (ni le bloc américaniste ni le bloc communiste). On espérait que serait donc renouvelé cet “arrangement”, cette fois d’une façon formelle et à deux (une “deuxième voie” à côté de l’américanisme triomphant), qui impliquait une sorte d’accord tacite avec les USA.

Cette double appréciation contradictoire reflétait somme toute la politique française elle-même. On continuait à affirmer l’indépendance nationale, tout en sachant, et en acceptant ce risque, que cela pouvait déboucher sur une confrontation avec les USA. D’autre part, on caressait l’espoir qu’après tout, cette situation pourrait être acceptée telle quelle par les USA, et être pérennisée sans affrontement, simplement par une reconnaissance mutuelle de ces “différences”. Il y avait là une crise latente, presque une “crise d’identité” de la politique française, tentée de subsister telle qu’elle était, sur l’acquis gaullien du temps de la Guerre froide, entre la crainte de l’affrontement inévitable et l’espérance utopique d’un arrangement possible.

Une politique d’arrangement et d’affrontement

Cette incertitude, d’ailleurs compréhensible en partie par l’incertitude éprouvée par rapport à la politique US et, surtout, par rapport aux réactions des autres nations confrontées au comportement politique US, se solda d’une façon qu’on pourrait juger irrémédiable par l’échec. La France engagea le Rafale dans quelques grands objectifs où elle jugeait avoir raisonnablement le champ libre, comme dans la longue campagne pour obtenir une importante commande des Emirats Arabes Unis. Même si elle réussit à vendre des Mirage 2000 (2000-9), elle trouva très vite une concurrence acharnée, et bientôt politiquement irrésistible, avec le F-16 Block 60 contre le Rafale. La France perdit le marché d’une façon qui devait faire comprendre qu’elle n’aurait jamais plus une attitude plutôt arrangeante des USA pour ne pas trop lui disputer une conquête qui aurait fait partie de sa propre “niche”.

D’autre part, elle prit à certaines occasions, le parti d’affronter les USA directement, comme en Corée du Sud lorsque le Rafale fut notamment opposé au F-15K de Boeing (McDonnell Douglas). Là aussi, elle perdit, toujours pour les mêmes causes d’une machinerie impitoyable et d’une grande puissance, utilisée avec détermination pour l’emporter par tous les moyens, notamment les moyens de la pression politique et de la corruption installée presque comme un étendard claquant au vent. A chaque fois, même si d’autres concurrents étaient présents, sans aucun doute le concurrent français, le Rafale, était perçu par les Américains comme le concurrent principal, celui qu’il importait d’écraser plutôt que de le vaincre.

C’est le moment de ressortir une fois de plus la fameuse phrase du général US au général belge Briquemont, en 1993, lorsque Briquemont commandait les forces de l’ONU à Sarajevo : «Nous autres, aux USA, nous ne résolvons pas les problèmes, nous les écrasons.» Ainsi, Dassault, et la France par extension, étaient toujours un problème pour les USA.

L’illusion européenne

Parallèlement, une autre voie semblait s’ouvrir et fut effectivement suivie. Là encore, Dassault suivit les orientations de la politique française dans la voie européenne. On observera que c’est, par rapport au diagnostic que nous avons posé concernant la période 1985-1990, curieusement à contretemps. Il y avait, dans l’esprit des Français, l’idée que le développement de l’Europe dans les années 1990, autour (avant et après) du traité de Maastricht et de l’adoption de l’euro, une logique européenne d’intégration qui se répercuterait au niveau des armements.

Sans doute ce domaine – les armements – manifeste-t-il plus qu’aucun autre la tromperie politique complète qu’est la dynamique européenne des années 1990, bien abusivement identifiée comme “intégratrice” puisqu’elle ne l’est que pour des contraintes économiques et finalement pro-américanistes et nullement pour de véritables avantages européens. La décennie 1990 est encombrée de communications, d’esquisses de programmes, de projets divers d’une “politique industrielle”, d’une “politique européenne de l’armement”, etc., sans qu’aucun résultat sérieux avec une capacité de structuration n’ait pu être atteint. Les concepts d’un “marché européen de l’armement”, d’une “préférence européenne”, etc., avec une dimension politique européenne, furent impitoyablement écrasés et délayés entre deux forces d’une puissance semblable: la croyance quasi-religieuse des institutions européennes au dogme libéral de l’absence de protection et de préférence au profit d’un libéralisme sans frein de la concurrence qui ne pouvait profiter qu’à ceux (les USA) qui étaient déjà en place (en Europe) et d’ore et déjà les plus puissants; l’océan de bureaucratie et de réglementation produit par les mêmes bureaucraties, qui soumettait tout projet à l’invasion théorique de règles, d’exigences référentielles, etc., qui n’eurent comme effet que la paralysie de toute dynamique politique, y compris européenne bien entendu.

Dans cette jungle faite essentiellement pour tout changer bureaucratiquement sans rien permettre politiquement, la France, accusée-vedette pour sa politique d’indépendance et son hostilité supposée à tout ce qui avait trait à la référence américaniste, ne connut que des déboires à la mesure inverse de ses espérances. Pour le Rafale et les projets de programme d’avion de combat pouvant refléter une réelle dynamique européenne (au contraire de l’Eurofighter, ce monstre mi-OTAN mi-européen servant d’outil de corruption de l’Etat-BAE), 2002 fut le coup de massue.

En 2002, quand cinq pays européens décidèrent d’entrer dans le programme JSF pour un investissement total dépassant $4 milliards – la somme aurait permis de lancer un programme européen – la Commission européenne ne fit pas la moindre remarque. Il fallut l’intervention privée d’un fonctionnaire européen auprès du commissaire européen aux relations extérieures Chris Patten, pour que celui-ci prenne sur soi de téléphoner au Premier ministre hollandais, la veille de la décision hollandaise en faveur du JSF, pour le presser de faire un choix européen. L’affaire n’était pas de la compétence de Patten, mais celui-ci fut le seul commissaire à la juger suffisamment importante pour intervenir – sans succès, bien entendu.

Le marteau-pilon du JSF

Effectivement, les années 2001-2008 sont comme la moisson des grains catastrophiques semés dans les années 1990. Là aussi, la question que nous développons suit la situation politique générale, avec l’attaque du 11 septembre 2001 et l’espèce d’hystérie hégémonique qui s’empara des USA.

Comme nous l’avons vu par ailleurs (voir le 3 novembre 2009), le programme JSF bénéficia dans une mesure extraordinaire du climat, encore plus que de la politique elle-même, qui s’installa après 9/11. Il devint bien plus qu’un favori ou qu’une référence, il établit une sorte d’absolutisme de la prospective des marchés d’armement à l’exportation. Ce fut une sorte de période d’anesthésie, essentiellement entre 2001-2002 et 2008, avec un début de redressement assez significatif pour qu’on puisse parler d’un changement structurel en vue sur la fin de la période, surtout de la part de la Russie, correspondant d’ailleurs au redressement politique de ce pays sous la direction de Poutine. En effet, la description de la domination “totalitaire” du JSF ne signifie pas que des ventes n’eurent pas lieu, mais toute prospective était désormais liée à la perspective de l’arrivée sur le marché de ce programme qui, à partir de cette date, soumettrait l’ensemble du marché à ses conditions. Le seul point qui détonait un peu était que cette date d’arrivée du JSF sur le marché était insensiblement mais régulièrement retardée à mesure que le temps de cette période passait.

Cette affirmation de puissance du JSF se fit sous toutes les formes et par tous les moyens, y compris ceux des plus basses besognes. L’assassinat du dirigeant populiste hollandais Pim Fortuyn, le 6 mai 2002, à quelques jours du vote d’élections où il aurait emmené son parti à la victoire, alors qu’il avait déclaré son opposition au JSF et que le nouveau Parlement allait devoir voter sur la décision du gouvernement d’entrer dans le programme, les manipulations grossières qui suivirent – tout cela relève effectivement des basses besognes et des mœurs du crime organisé, auxquels les ambassades US sont accoutumées en Europe depuis les péripéties des réseaux Gladio. Ces réseaux jouèrent, eux aussi, un rôle dans le verrouillage des (cinq) pays européens dans le programme JSF.

Le Rafale anesthésié par le JSF

Le Rafale français subit de plein fouet cette période de totalitarisme politico-technologique, à partir d’une position déjà fortement dégradée. En général, les Français ne donnèrent qu’une analyse parcellaire de la situation générale de la domination US qui semblait en train de s’établir pour presque un siècle. Du côté de Dassault, il était de coutume de se plaindre, en l’admirant secrètement, de “la puissance et [de] l’efficacité de l’offensive marketing du JSF, soutenue par le gouvernement US”. Le constat plus général, chez le constructeur où l’état d’esprit n’était plus celui du temps de Marcel Dassault, était celui d’une défaite inéluctable sanctionnant une puissance américaine jugée désormais irrésistible, et la certitude que le programme JSF serait mené à son terme sans problème majeur, et instituerait effectivement un quasi-monopole US sur les marchés d’armement.

La vision des autorités gouvernementales françaises, quand il y en avait une, se résumait à un fatalisme catastrophique qui complétait l’humeur de Dassault. Cette attitude fut résumée par une observation, dite sur un ton sérieux, que nous fit un membre du cabinet du ministre de la défense du gouvernement Jospin, en 2001, alors que nous l’interrogions sur les possibilités de l’avenir du Rafale à l’exportation : «De toutes les façons, nous finirons par faire un JSF transatlantique avec les Américains, une idée à laquelle nous réfléchissons sérieusement, et la question sera résolue d’une façon rentable et entre alliés loyaux.» Les socialistes au pouvoir à cette époque correspondaient bien à la définition que le chevènementiste Didier Motchane avait donné d’eux dans son livre Un atlantisme à la charentaise – De Jarnac à Maastricht, dix ans de politique étrangère (1992).

Le Rafale fit en 2001 la “compétition” hollandaise de sélection pour le remplacement des F-16 en service (la première du nom, car il y a eu d’autre depuis, pour le même programme de renouvellement des F-16), qui aboutit au choix hollandais d’entrer dans le programme JSF. Il s’y classa presque à égalité avec le JSF, selon des critères techniques existants, contre des critères techniques et budgétaires du JSF sur papier, qui n’ont cessé de se dégrader depuis. Le 30 janvier 2002, après l’annonce de la “sélection” du JSF, nous écrivions:

«Et voilà que la RNethAF, dans un accès de transparence inattendu et qui laisse à penser à certains, a laissé filer dans le domaine public (dans la presse néerlandaise) les “cotations” des candidats, – dans les domaines technologiques et opérationnels essentiellement. Les résultats, quantifiés à partir des critères de la RNethAF, dont on connaît le sérieux et le professionnalisme, sont les suivants: 6,97 pour le JSF, 6,95 pour le Rafale, 5,83 pour le Typhoon, 5,80 pour le F-16C-60.»

Le tournant de 2008

Rien ne changea vraiment jusqu’en 2008, année à laquelle nous arrêterons notre exploration car c’est bien l’année d’un grand tournant. (Bien entendu, nous faisons référence à la grande crise financière de septembre 2008 et à tout ce qui s’en est suivi.) Les Français subissait ce qu’ils jugeaient être le destin inéluctable de la domination US.

L’arrivée de Sarkozy à la présidence en mai 2007 laissa présager la possibilité de relancer une dynamique de marketing à l’exportation qui évoluait dans ce climat lugubre. Effectivement, des mesures de réorganisation furent décidées, justement sous l’impulsion du nouveau président, très intéressé par le dossier Rafale. Il est difficile de mesurer l’importance et l’effet spécifiques de ce renouvellement de l’effort du gouvernement français à l’exportation, dans la mesure où son plein rendement commença à s’affirmer en 2008, qui est cette année d’une importance cruciale à cause d’événements dépassant la seule situation française et changeant cette situation par un autre facteur que les initiatives intérieures. Quoi qu’il en soit, cet effort eut lieu et, s’il bénéficia des circonstances, son à-propos n’en est que plus évident.

Dans tous les cas, tout était prêt pour un complet changement de la situation générale. Cela concerne le Rafale mais, comme on le comprend, cela illustre également tous les domaines de la vie internationale et de la situation de crise du monde. 2008 équivaut largement à 2001, à l’inverse sans nul doute.


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