Les vertus de la samba iranienne

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Curieuse circonstance. Les Israéliens veulent obtenir des soutiens “extérieurs” dans leur antagonisme avec l’Iran parce qu’ils perçoivent dans leur habituel obligé, à Washington D.C., certaines réticences qui les agacent. Le ministre israélien des affaires étrangères, Avigdor Lieberman, qui voyage beaucoup, s’embarque pour un tour en Amérique Latine. Première escale: le plat de résistance, l’immense Brésil, également membre du BRIC et candidat à un siège de membre permanent au Conseil de Sécurité.

Avigdor Lieberman est accueilli avec une extrême politesse, mais pour s’entendre signifier notamment, entre deux portes, que l’Iran est un “acteur essentiel” au Moyen-Orient, avec lequel il faut compter. Il est vrai que les relations entre le Brésil et l’Iran sont excellentes; que Lula a été l’un des premiers chefs d’Etat à féliciter Ahmadinejad pour sa réélection malgré le bruitage sonore des bonnes consciences occidentales; que le même Ahmadinejad doit être reçu au Brésil en visite officielle avant la fin de l’année. Avigdor Lieberman poursuit ses visites en Amérique Latine par le Pérou, sans doute un peu désorienté et s’interrogeant sur les résultats de sa tournée qui est destinée à contrer l’influence iranienne. Pendant ce temps, le ministre brésilien des affaires étrangères, qui fait l’éloge de l’Iran, affirme également que son pays peut jouer un rôle d’“honnête courtier” au Moyen-Orient, notamment entre Israéliens et Palestiniens, parce que le Brésil a la confiance de tous, parce que ceux qui s’exercent depuis des décennies dans cette entreprise (suivez son regard vers Washington D.C.) n’ont réussi qu’à accroître le trouble et les désordres.

Quelques mots, sur AFP, des déclarations du ministre brésilien, le 27 juillet 2009.

«Iran is “an essential player” in Middle East peace talks, Brazil said Monday as Israel's foreign minister continued a Latin American tour aimed at boosting pressure on the Islamic republic over its nuclear aims. The “involvement of countries that have influence in the region is absolutely essential,” Brazilian Foreign Minister Celso Amorim said during a conference organized by the United Nations in Rio. “Iran is an essential player,” he said.

»The top Brazilian diplomat said he believed one of the reasons that successive peace plans for the region have failed is that “the players have always been the same.” Brazil, which is hoping to obtain a permanent seat on the UN Security Council, has said it would be able to act as a mediator between Israel and the Palestinians because it has “the confidence” of both parties.»

La situation est intéressante, si l’acrimonie des rapports entre les USA et Israël, essentiellement nourrie par une perception extrêmement exacerbée des Israéliens, pousse ces derniers à effectuer des reconnaissances et à chercher des appuis hors des sphères habituelles (la sphère euro-atlantique). Ils rencontrent alors effectivement des puissances “émergentes”, qui en voient leur statut rehaussé, qui envisagent d’intervenir dans des problèmes jusqu’ici réservés à la susdite sphère euro-atlantique, avec le succès qu’on voit, qui introduisent des perceptions complètement nouvelles, débarrassées du moralisme hypocrite et des divers complexes de culpabilité ou de supériorité, c’est selon, des Occidentaux.

La situation est intéressante et ironique: le Brésil s’affirme en bons termes, aussi bien avec Israël qu’avec les Palestiniens, mais également en bons termes avec l’Iran. Cette situation inédite mesure le niveau de nouveauté rafraîchissante que les “pays émergents”, notamment du groupe BRIC, peuvent apporter dans une diplomatie de crise complètement paralysée par la sclérose intellectuelle occidentale. Le Brésil mérite largement un siège de permanent au Conseil de Sécurité.


Mis en ligne le 29 juillet 2009 à 16H56