Le Mossad parle aux Russes

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Il s’agit d’un événement à grande valeur symbolique, en plus de l’intérêt du contenu de l’intervention, que de lire une interview d’un ancien chef du Mossad israélien sur le site de Russia Today, une station russe activiste, caractérisée par ses prises de position critiques de la politique du bloc BAO dont Israël est partie prenante, et notamment critique de la politique du bloc BAO contre l’Iran. Il s'agit d'Ephraïm Halévy, qui s’est déjà signalé comme critique des intentions bellicistes de la paire Netanyahou-Barak, et qui fait partie du “groupe Dagan” regroupant notamment un certain nombre d’anciens dirigeants des services de renseignement.

Cette affirmation publique, voire désormais internationale jusque dans des médias inattendus (avec cette interview de RT), d’anciens chefs d'un service habitué à la discrétion la plus stricte, voire à l'anonymat et au secret, et au strict devoir de réserve, est un important événement politique de communication. Il témoigne de la diversification désormais structurelle de ce qui était jusqu’alors considéré comme un “bloc” d’unanimisme inconditionnel derrière une politique de sécurité nationale maximaliste, – le “bloc” des organes de sécurité nationale en Israël. Cela renvoie à une situation de plus en plus diversifiée et marquée de très fortes ruptures internes au sein des directions politiques, essentiellement dans les pays du bloc BAO (voir notre F&C du 2 novembre 2011) ; et cette « situation de plus en plus diversifiée” renvoyant, elle, au désordre en constante augmentation des relations internationales, notamment et largement du à la “politique“ des directions des pays du bloc BAO, marquée par un complet virtualisme maniaque, donc indifférente aux faits et aux nécessités des situations envisagées. Cette diversification interne est un événement structurel politique et psychologique d’une très grande importance, bien entendu ignoré par la presse-Système puisque d’une très grande importance.

D’autre part, l’interview d’Halévy (le 6 février 201, sur RT) contient des déclarations très élaborées et intéressantes par les diverses nuances exposées. Il est remarquable que ces déclarations ne signifient nullement un changement de position fondamentale d’Halévy, notamment sur le problème iranien, puisqu’une solution idéale pour lui serait que l’Iran renonce à jamais à toute arme nucléaire et signe un accord avec Israël garantissant cet engagement, – ce qui est beaucoup demander aux Iraniens. Il n’y a donc pas “trahison” d’Halévy, qui reste un super faucon israélien, mais bien diversification notable à l’intérieur de ce camp des super faucons. C’est bien en cela que cette diversification est remarquable parce qu’il s’agit alors d’une source de désordre interne à l’intérieur d’un camps très spécifique, très influent et restant effectivement spécifique mais en mettant à nu et en pleine lumière ses divergences internes.

Il faut noter également l’insistance d’Halévy à évoquer les armes nucléaires d’Israël comme une simple hypothèse non prouvée ni acceptée comme un fait, ce qui renvoie à la position officielle constante d’Israël lui permettant d’échapper aux règles internationales (non-adhésion au traité de non-prolifération), et justifie dans sa propre logique l’idée de l’accord avec l’Iran tel qu’il est exposé. (En quelque sorte, cette logique d’Halévy, évidemment très sophistique par rapport à la vérité de la situation, est de suggérer : “Puisqu’Israël n’a pas officiellement d’armes nucléaires, il n’a pas d’armes nucléaires tout court, et il est alors justifié de proposer un tel accord à l’Iran en exigeant que l'Iran n'ait pas, comme lui, d'arme nucléaire”.)… Par conséquent, si cette réalité des armes nucléaires israéliennes étaient finalement officiellement actée par Israël, pour une raison ou l’autre, la logique conduirait à conclure qu’Israël n’a plus aucun argument pour exiger de l’Iran qu’il ne devienne pas une puissance nucléaire, à moins que ce même Israël accepte, dans le cadre d’un accord régional, sa propre dénucléarisation.

Voici des extraits de l’interview d’Halévy par RT…

«Israel and Iran have no other conflict aside from the latter’s nuclear ambitions, former Mossad chief Efraim Halevy has told RT in an interview. As the threat of military action escalates, Halevy believes a peaceful outcome is still possible. Despite the ongoing conflict, Halevy thinks there are still people on both sides who want peace in the region; people who want an end to the current confrontation and a return to the kind of relations the two countries enjoyed from 1948-1978.

»“Iran and Israel basically do not have bones of contention,” he said. “I think it would be wrong for Iran to allow ideology to be the main driver of its policies and the cause of serious setbacks.”

Halevy argues that talk of Iran posing an “existential threat” to Israel is merely Tel Aviv using big words to impress the international community. “I think Israel is strong enough to protect itself, to take care of itself. I think ultimately it is not in the power of Iran to destroy the state of Israel,” he told RT. “I believe the leadership believes that in order to arouse international public opinion, in order to mount pressure on the Iranians, it is necessary to impress upon the world at large that this is a serious international threat.”

»Halevy says that there is an assumption internationally that Israel possesses nuclear weapons. Whether it is true or merely a bluff no-one can tell. But whatever the truth is, the assumption serves Israel’s interests. “This is something which is important in the present situation because part of the game now is deterrence. It is very important to deter Iran. If Iran believes Israel has certain capabilities, whether it has or not, I think this is a positive card in the hands of Israel,” he told RT.

»When asked whether Mossad’s current mission is preventing war or weakening Iran, he said the mission of Mossad was “to do everything in its capabilities to make a threat which has been opposed to Israel dormant.” “We have been in what we call a clandestine war for quite some time with Iran. What’s interesting about this war is both sides have more or less preferred that the details of this war, the details of various events, not be exposed to the public,” said Halevy.»


Mis en ligne le 8 février 2012 à 06H19

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