Le mépris désenchanté de Krugman et la question du temps

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Le chroniqueur de New York Times et professeur d’économie Paul Krugman nous donne une chronique qui synthétise bien la crise financière en lui donnant la dimension qui lui sied, qui est sa dimension politique par défaut, par l’absence de pouvoir, d’autorité. Son titre est «A leadership vacuum» (le 3 octobre dans l’International Herald Tribune), et il dit déjà beaucoup du propos.

Le ton est celui du mépris désenchanté, pour cette direction politique impuissante, médiocre, impréparée en tout, qui n’a rien vu venir et qui a improvisé avec des bouts de ficelles et des centaines de $milliards un plan mirobolant dont nul ne sait comment il marchera, – puisqu’il sera voté sans doute, aujourd’hui, par la Chambre, puisqu’on y a mis le prix en y attachant divers avantages qui doivent séduire divers Représentants dans leurs entreprises locales de réélection. Il nous paraît évident que l’interprétation de Krugman est la bonne, que le “bailout”-miracle de Paulson n’a rien ni d’un complot, ni d’une formule magique, que c’est l’improvisation dans la trouille du désastre de quelques amateurs qui ne s'étaient jamais aventurés à concevoir que la direction d'un pays de la puissance des USA pouvait être différente de celle d'une grande banque d’investissement mangée par les termites de service et assurée de voir ses dettes réglées par la puissance publique.

«…How bad is it? Normally sober people are sounding apocalyptic. On Thursday, the bond trader and blogger John Jansen declared that current conditions are “the financial equivalent of the Reign of Terror during the French Revolution,” while Joel Prakken of Macroeconomic Advisers says that the economy seems to be on “the edge of the abyss.”

»And the people who should be steering us away from that abyss are out to lunch.

»The House will probably vote Friday on the latest version of the $700 billion bailout plan - originally the Paulson plan, then the Paulson-Dodd-Frank plan, and now, I guess, the Paulson-Dodd-Frank-Pork plan (it's been larded up since the House rejected it on Monday). I hope that it passes, simply because we're in the middle of a financial panic, and another no vote would make the panic even worse. But that's just another way of saying that the economy is now hostage to the Treasury Department's blunders.

»For the fact is that the plan on offer is a stinker - and inexcusably so. The financial system has been under severe stress for more than a year, and there should have been carefully thought-out contingency plans ready to roll out in case the markets melted down. Obviously, there weren't: the Paulson plan was clearly drawn up in haste and confusion. And Treasury officials have yet to offer any clear explanation of how the plan is supposed to work, probably because they themselves have no idea what they're doing.

»Despite this, as I said, I hope the plan passes, because otherwise we'll probably see even worse panic in the markets. But at best, the plan will buy some time to seek a real solution to the crisis. And that raises the question: Do we have that time?»

Le temps, effectivement... Krugman ne voit rien venir en fait de la possibilité d’une autorité et d'une direction politique avant fin janvier 2009; encore cela est-il dépendant de qui sera élu (on voit vers où penche Krugman). Mais d’ici fin janvier 2009, soit quatre mois? Rien, une administration en lambeaux, des dirigeants médiocres et affolés, un monde politique divisé, les remous de l'élection, la possibilité d’une détérioration extraordinairement rapide de la situation financière et économique, jusqu’à la menace réelle d’une perte de contrôle.

Le précédent qui vient à l’esprit est particulièrement accablant. (Et son souvenir va peser sur les psychologies pour encore plus aggraver la vision et la perception de tous.) C’est durant l’interrègne entre les deux administrations Hoover et Roosevelt, entre novembre 1932 et mars 1933, que la situation atteignit aux USA la dimension d’une menace d’une complète désintégration du pays, que la Grande Dépression atteignit son paroxysme de puissance déstructurante. La période fut si terrible et laissa un si terrible souvenir que, dès qu’un certain ordre eut été rétabli après les débuts de l’administration Roosevelt, le Congrès vota un amendement à la Constitution pour réduire le délai entre l’élection et la prise de fonction (de novembre-mars à novembre-janvier). Il aurait fait bien plus court s'il avait connu GW.


Mis en ligne le 3 octobre 2008 à 17H54

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