Le but de Ron Paul : l’or concurrent du dollar

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Le nouveau (ou premier puisque cette sous-commission vient d’être créée) président de la sous-commission sur la politique monétaire de la Chambre des Représentants US n’y va pas de main morte. Ron Paul présidera cette sous-commission dont le programme réel est un audit complet de la Federal Reserve, – ce qui, en écoutant Ron Paul, signifie : la mise en accusation de la Federal Reserve. Ron Paul veut réintroduire l’or (et l’argent) comme monnaie “concurrente” du dollar sur le marché intérieur US. Ses intentions révolutionnaires sont à la mesure de ses inquiétudes («I don't believe we're anywhere near the end of this. I believe we're about to see the collapse of the bond bubble and you're going to see skyrocketing interest rates and price inflation coming back and that will be a whole new ballgame for us to face.»)

Il ne faut pas oublier que Ron Paul est un libertarien, donc un adepte de la régulation par les marchés et de l’absence totale d’interventionnisme central. Mais il pousse cette logique jusqu’à l’extrême, ce qui lui fait mettre d’abord en cause l'organisation des USA, autant la politique extérieure interventionniste d’une administration fédérale devenue impériale que le “monopole” de fait qu’exerce la Federal Reserve sur la politique monétaire et sur la monnaie elle-même.

C’est RAW Story qui donne une transcription commentée de l’interview que Ron Paul à donnée à MSNBC le 15 décembre 2010. MSNBC, qui donne ainsi un grand écho aux commentaires de Paul, est une station TV de gauche, comme Barney Frank est un démocrate de gauche, alors qu’il est clairement un allié très important de Ron Paul, – le même Frank qui avertit que les prises de position de Ron Paul risquent de mettre le parti républicain à rude épreuve…

«As the incoming chairman of the House monetary policy subcommittee, Rep. Ron Paul (R-TX) will hold the bully pulpit when it comes to the nation's money woes. He's not wasting any time getting right to the heart of the matter.

»The libertarian-leaning conservative has long been a critic of the US Federal Reserve and central banking as a whole, but this may be a new one: speaking with CNBC recently, Paul said he views the Fed as a “Monopoly” that could benefit from the introduction of competition.

»“We should start ending the Fed by allowing competition,” he said. “I don't like the fact that they have monopoly control. It's a cartel: they print the money. The Constitution really doesn't give them that authority. The Constitution said that only gold and silver can be legal tender. I want to legalize competition and allow individual Americans to use gold and silver in competition, as money. Today if you do that, you can go to jail.

»“I don't like the idea that the power gravitates to the Federal Reserve. They literally can have a yearly budget bigger than the whole Congress, then what they do is kept secret. We don't know where they spend the money. We're just starting to crack that nut in order to get some of this information and we should continue to do it.” […]

»Gold is largely viewed as an archaic store of value, but Paul is not alone in seeing it as a potentially viable alternative to the dollar. World Bank President Robert Zoellick argued recently that in reforming the global financial markets, a debate should be held on returning to a gold standard. […]

»In his push for greater transparency in the nation's central bank, Paul added that he wants a physical audit of America's gold reserves to ensure the Fed didn't "loan out" or "sell" it. The US Mint is regularly subjected to audits which includes the gold and silver at Fort Knox, but the most recent audit did not disclose how much was still there.

»The Congressman's take on the Fed could cause serious divisions between Republicans, who've often defended the nation's central bank. “I think you’re going to see a significant dispute within the Republican Party," Rep. Barney Frank (D-MA) recently told Bloomberg. Frank is the senior Democrat on the House Financial Services Committee who allied with Paul to push an audit of the Fed. “I do not believe that Ron Paul’s views on the Fed represent the views of most Republicans,” he added.»

Notre commentaire

@PAYANT Avec Ron Paul, écrivions-nous, c’est “la valse des étiquettes”… Cet adepte du libre marché absolu et de la réduction jusqu’à la quasi disparition de la puissance centrale serait, s’il n’appliquait ses thèses qu’au niveau global comme cela est aujourd’hui imposé par les puissances anglo-saxonnes, un serviteur parfait du Système. Mais Ron Paul ne manque pas de pousser la logique des choses jusqu’à leur extrémité et ses conceptions commencent par les USA eux-mêmes. Pour cette raison, il est adversaire de la Federal Reserve, qui représente un “monopole illégal” puisque c’est elle qui a, seule, le pouvoir d’administrer et de gérer la monnaie, en plus de “battre monnaie” sous forme de papier imprimé à profusion… La chose n’est pas autorisée par la Constitution, remarque Paul, au contraire de l’or et de l’argent, qui sont nommés comme seul “moyen légal d’offre” (d’achat). D’où son attaque contre la Federal Reserve, notamment au nom des principes libre échangistes de lutte contre le monopole.

A partir de là, les paradoxes ne manquent pas. Ron Paul est beaucoup plus proche d’un Barney Frank, démocrate de gauche interventionniste, que des républicains classiques qui sont libre échangistes pour les autres marchés et centralisateurs pour les USA. Il y a entre le libertarien de droite ennemi de tout centralisme et le progressiste de gauche adepte de l’interventionnisme un but commun, qui peut paraître tactique mais qui se révèle, au vu de la situation, absolument stratégique et fondamental : tenter de desserrer l’étau de la puissance financière sur les USA, cette puissance étant soutenue et entretenue par le Fed. La même logique conduit Ron Paul à mettre en cause la politique extérieure, interventionniste et belliciste, qui est issue évidemment de la forme centraliste et impérialiste du pouvoir fédéral. Il est finalement et évidemment inapproprié de s’arrêter à des considérations de pur raisonnement à partir d’une logique idéologique, sans tenir compte des réalités les plus pressantes… En effet, le résultat net, concret et politiuquement essentiel, de ces conceptions de Ron Paul est qu’il s’oppose par principe à la centralisation fédérale qui est le facteur central, c’est le cas de le dire, de la cohésion de l’Union depuis la victoire du Nord sur le Sud en 1865. C’est pour cette raison qu’envisageant l’hypothèse d’un Ron Paul candidat, puis élu président en 2012, nous faisions l’hypothèse supplémentaire qu’il deviendrait une sorte d’“anti-Lincoln”, l’homme qui lancerait la dévolution et le démembrement de l’Amérique (le 15 décembre 2010 : « …un anti-Lincoln, l’homme qui choisirait de commencer la dévolution et le démembrement des USA pour éviter une catastrophe intérieure.»)

Plus encore, il nous apparaît que cette poussée dont on perçoit les premiers craquements, à la fois contre la Federal Reserve et contre le dollar, contient en elle-même tous les ingrédients d’une dynamique potentiellement “dévolutionnaire”, elle aussi porteuse d’une possibilité de démembrement des USA. Cette dynamique s’attaque à des artefacts fondamentaux qui ne paraîtraient que techniques, sinon idéologiques au mieux, mais qui sont tels en réalité que cette dynamique devient porteuse d’une force considérable de déstabilisation psychologique. Elle s’attaque à un des ciments de l’Union telle que cette Union fut conçue après 1865 et telle qu’elle évolua nécessairement ensuite, avec notamment la création (en 1913) de la Federal Reserve comme étape essentielle de la dérive impériale et expansionniste du pouvoir central. La puissance centralisatrice américaniste est basée sur un équilibre de plusieurs forces elles-mêmes très puissantes, mais cet équilibre est nécessairement fragile du fait même de l’importance et des pressions propres à chacun de ces composants. La Federal Resxerve et le dollar sont un des liens fondamentaux de l’Union. Une attaque contre eux est une attaque contre l’Union. Ainsi en est-il du destin de Ron Paul, puisqu’effectivement la sagesse dont nous le parons, – nous l’appelons “le vieux sage”, – passe, nécessairement elle aussi, par la dévolution et le démembrement de l’empire.

Bien entendu, on ne peut s’en tenir là et considérer ces hypothèses comme suffisantes, même si elles sont nécessaires, pour un changement radical de situation. Les seuls effets hors des USA de telles hypothèses seraient également fondamentaux et interféreraient directement sur les diverses crises eschatologiques en gestation ou en développement ; et l’on peut être assuré qu’il ne s’agirait pas du facteur central de la crise générale du Système, même s’il y tiendrait évidemment une place considérable. L’épisode Ron Paul, même s’il était couronné de succès, ne constituerait qu’un chapitre, certes important, d’une crise infiniment plus vaste, qui n’implique rien moins que la chute du Système, – d’un système général de civilisation, où les USA jouent un rôle important mais qui ne peut être réduit aux seuls USA.


Mis en ligne le 16 décembre 2010 à 17H22

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