La paranoïa israélienne contre BHO: ça suit son cours

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Alors que la politique d’Obama vis-à-vis d’Israël progresse à pas comptés et à pas de loup, avec une prudence de Sioux postmoderne, les réactions de l’Israël de Netanyahou et de tout ce qui en est proche continuent à marquer une exacerbation sans cesse en augmentation. Il n’est d’ailleurs même plus nécessaire d’actes politiques d’Obama à cet égard; c’est une évolution psychologique qui s’entretient d’elle-même, basée sur la certitude paranoïaque, conduite par le Premier ministre israélien, que l’administration Obama et tout ce qui l’accompagne mettent en grand danger les relations entre les USA et Israël, la politique d'Israël, l'existence d'Israël et ainsi de suite.

Deux articles, ce week-end, mettent cette situation en évidence.

• Dans le Daily Star de Beyrouth, ce 8 août 2009, le commentateur Rami G. Khouri, un Palestinien de nationalité US travaillant à l’université américaine de Beyrouth, s’interroge pour savoir si le lobby pro-israélien (l’AIPAC) de Washington n’est pas entré dans une phase très difficile. Khouri estime que le “Lobby” est affolé devant la politique d’Obama et devant le soutien que la politique Obama obtient au Congrès, relayant en cela en la renforçant la paranoïa des dirigeants israéliens, et qu’il riposte par des initiatives qui risquent de s’avérer très contre-productives à cause de leur excès.

«An interesting new case suggests that the pro-Israeli maniacs in Washington are losing their cool in opposing Obama’s decision to bestow the Presidential Medal of Honor on Mary Robinson, the former president of Ireland and a widely respected international human rights advocate. Some Jewish groups and members of Congress feel that Robinson has shown a persistent anti-Israel bias in her work as a human rights advocate. Representatives Eliot Engel and Shelley Berkley, among others, feel that during her days as UN human rights commissioner she was one-sided in her criticism of Israel and allowed the global debate on human rights to include anti-Israeli sentiments (such as at an anti-racism conference in Durban, South Africa, in 2001, which included widespread criticism of Israel by national delegations, causing the American and Israeli delegations to walk out).

»The Anti-Defamation League and AIPAC have also criticized the award to Robinson. She told an Israeli newspaper this week that she was “surprised and dismayed” by the protests, which she called “old, recycled, untrue stuff.” She is universally admired for her commitment to human rights, and her criticisms of Israelis and Arabs alike reflect her sense of an obligation to speak out whenever fundamental norms of law and decency are broken by states or non-state groups. For key elements in the pro-Israel lobby in the US to attack such an internationally respected individual as Mary Robinson is a pretty strong sign of panic.»

• Un autre article du plus grand intérêt est celui que Haaretz a publié le 9 août 2009. Il s’agit de la publication d’extraits d’une note très violente du consul israélien à Boston, adressée au gouvernement Netanyahou, et critiquant très vivement l’attitude extrémiste de ce gouvernement vis-à-vis de l’administration Obama. Le diplomate, Nadav Tamir, a été convoqué cette semaine à Tel Aviv, pour s’entendre sans doute signifier que la réalité de la situation US se trouve du côté de ce gouvernement et nullement du côté des constats que lui-même peut faire, autour de lui, aux USA.

«A ministry statement said that Israel's consul-general in Boston, Nadav Tamir, would arrive in Jerusalem next week to give a clarification [about the confidential memo] to the ministry's director-general. The memo, which was addressed to the Foreign Ministry in Jerusalem, stressed that the public spat with the U.S. over the issue of a settlements freeze has alienated a significant number of American Jewish supporters.

»Tamir, a veteran well respected diplomat, wrote the memo under the heading “melancholy thoughts on Israel-U.S. relations.” Tamir's missive is considered unusual given the blunt, pointed nature of the criticism against the premier's policies.

»“The manner in which we are conducting relations with the American administration is causing strategic damage to Israel,” Tamir wrote. “The distance between us and the U.S. administration has clear consequences for Israeli deterrence.” “There are American and Israeli political elements who oppose [U.S. President Barack] Obama on an ideological basis and who are ready to sacrifice the special relationship between the two countries for the sake of their own political agendas,” the consul general in Boston wrote.

» “There has always been a discrepancy in the approaches of both states [on the issue of settlements], but there was always a level of coordination between the governments,” Tamir wrote. “Nowadays, there is a sense in the United States that Obama is forced to deal with the obduracy of the governments in Iran, North Korea, and Israel.” “The administration is making an effort to lower the profile of the disagreements, and yet it is [Israel] that is the source which is highlighting the differences,” Tamir wrote.»

On trouve dans ces deux cas une assez belle unité de psychologie et des actions qui en résultent. Il s’agit d’une psychologie entièrement construite autour de la fameuse “politique de l’idéologie et de l’instinct” du temps de GW Bush, qui n’envisage comme système que celui de l’extrémisme et de la radicalisation permanentes, qui base toutes ses analyses sur une vision instinctive qui, dans ce cas précisément, s’appuie sur une perception extrêmement paranoïaque de la situation. Dans tous les cas, avant même qu’il n’agisse, avant même qu’il ne soit désigné comme candidat démocrate, Obama a été perçu comme hostile à Israël puisqu’il n’avait pas affirmé un allégeance à 120% et/ou pour n'importe quelle autre raison qu'on laisse imaginer. Tout ce qu’il fait et tout ce qu’il peut faire est pré-jugé à l'aune de cette affirmation en forme de principe, avec les effets qu’on voit, la surenchère dans la réaction et la riposte à des attaques d’Obama qui n’ont pas vraiment eu lieu. Le point le plus significatif est certainement celui où Tamir met en cause le gouvernement de Tel Aviv pour faire le maximum de publicité à la mésentente que ce gouvernement lui-même alimente alors qu'il a lui-même demandé, dès la manifestation des premières mésententes, que tout cela soit traité avec le minimum de publicité.

...Quant au point le plus ironique, voire le plus goûteux, et cela pour les gourmets, c'est l'affirmation par un Tamir furieux qu'aujourd'hui, aux USA, Israël est mis, pour ce qui est de la difficulté de traiter avec son gouvernement, sur le même plan que l'Iran et la Corée du Nord.


Mis en ligne le 10 août 2009 à 12H17