La guerre de 40 ans, est-ce un bon argument électoral?

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D’abord, nous nous interrogeons, un peu naïfs: pourquoi 40 ans? Pourquoi pas 50 ans, ce qui sonnerait mieux, plus chiffre rond, non? L’ambassadeur du Royaume-Uni à Washington avait parlé, plus poétiquement, très récemment, d’“un certain nombre de décennies” ou quelque chose du genre. Le nouveau chef d’état-major des forces armées britanniques nous annonce que la guerre UK en Afghanistan durera au moins 40 ans… Et puis non, rengainons nos ironies, pour découvrir que, prudent, le général nous a, en réalité, précisé les choses avec l’imprécision qui importe: en fait, l’Afghanistan devrait durer quelque chose “autour de 30 à 40 ans”.

Nous sommes, nous l’avons dit, fort secoués. Nous nous interrogeons; comment ces types, avec toutes leurs médailles, galons, titres honorifiques, gamelles et casseroles, qui accumulent les n’importe quoi depuis huit ans, les fausses prévisions, les montages et les bidouillages divers, les guerres remportées en trois semaines qui durent de 7 à 77 ans, peuvent-ils annoncer, tout de go, sûrs d’eux, – 40 ans! Ou bien, finalement “30 à 40 ans”, ou bien plutôt “quelques décennies”… Cela vaut-il, aujourd’hui, qu’on s’attache aux déclarations des généraux et des ambassadeurs, disons en général, pour ne décourager personne? Ont-ils vraiment quelque chose à dire, à partir de ce que leur susurrent leurs experts, qui déclament leur expertise et leurs capacités prévisionnelles à partir de ce qu’ils jugent être l’attente de leur hiérarchie d’une part, des service de la communication et des droits de l’homme d’autre part?

Voici donc que nous ne présentons pas spécialement les déclarations exclusives du nouveau chef d’état-major des forces armées britanniques (dans le Times de Londres, le 8 août 2009), parce que, franchement, elles n’ont guère d’intérêt, parce que l’on ignore pour quelles raisons il faudrait leur donner le moindre crédit et donc leur accorder le moindre intérêt.

Plus amusantes, en un sens, plus fraîches, plus spontanées et venues plus comme un cri du cœur, les réactions à ces déclarations, dans le Sunday Times du 9 août 2009; notamment de la part des politiciens qui ont lancé cette guerre, qui y ont applaudi, qui la jugent si nécessaire, et qui s’effraient de découvrir que les prévisions qui n’ont strictement aucune base ni aucun crédit de quoi que ce soit, dites par des hommes qui s’y connaissent assez pour n’y plus rien comprendre, leur promettent cette guerre pour encore “quelques décennies”, voire 40 ans. On demande au général de se rétracter vite fait et de bien faire comprendre à cette guerre en Afghanistan qu’il est hors de question qu’elle dure de 30 à 40 ans.

«General Sir David Richards, who takes up his post this month, is at the centre of a row over the war after claiming that Britain will be committed to the region “in some manner” for the next three to four decades.

»The prediction also provoked an angry reaction from opposition politicians, who warned that public opinion would never support a military commitment of that length. Last night the Ministry of Defence was trying to persuade Richards to “clarify” his remarks, suggesting they had been taken out of context.

»In an interview published yesterday, Richards warned that it would “take time” to save Afghanistan: “This is nation-building — not the starry-eyed type, but nation-building none the less. It is not just reconstruction; jobs and simple governance that works are the key ... The army’s role will evolve, but the whole process might take as long as 30 or 40 years.”

»His remarks were immediately condemned by Liam Fox, the shadow defence secretary, who warned that such commitment was “unaffordable”. “Any idea of maintaining military involvement for that length of time is not a runner. It would require a total rethink of our foreign and security policy. The military campaign in Afghanistan has already cost British taxpayers more than £5 billion,” Fox said.

»The prediction was also dismissed by Sir Menzies Campbell, the Liberal Democrat MP, who insisted that a much earlier withdrawal would be necessary. “Forty years may be the military estimate, but political opinion in this country will never support a commitment of that length,” he said. “In Afghanistan, Britain is subordinate to the United States and you can bet your life Barack Obama will not wish to run a campaign for re-election as president with an openended obligation.”»

Au fond, la seule parole de bon sens dans cette bouillie pour les chats est celle du libéral Campbell, qui comprend un certain nombre de vérités possibles, – sans pour autant que nous dussions y voir des certitudes si l’on se réfère à la façon dont nous fonctionnons par les temps qui courent: “En Afghanistan, le Royaume-Uni est subordonné aux Etats-Unis et vous pouvez parier ce que vous voudrez que Barack Obama ne se lancera jamais dans une campagne pour sa réélection avec sur les bras en engagement sans fin dans cette guerre”. Concluons donc aussitôt et prudemment que, bien entendu, même ce bon sens-là, et surtout lui, n’est pas assuré du tout.


Mis en ligne le 10 août 2009 à 09H48

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