La fascination de la spirale de la mort

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La fascination de la spirale de la mort

7 septembre 2011 – Que faire de toutes ces informations, qui n’en sont pas vraiment, qui suscitent pourtant un effet formidable, une réverbération sans fin, comme un roulement de tonnerre… Plus que jamais, le programme JSF ressemble à l’attaque du 11 septembre 2001 ou à l’écroulement de Lehman Brothers, le 15 septembre 2008, – ou au discours étrangement prémonitoire du secrétaire à la défense Donald Rumsfeld, le 10 septembre 2011, – un jour avant le lendemain…

Bien plus qu’un effondrement, bien plus qu’un complot, bien plus qu’à la fascination de l’autodestruction, le programme JSF ressemble à un symbole gigantesque d’un simulacre de métaphysique de la contre-civilisation en cours d’effondrement… «Contemplating the death spiral», titre Philip Ewing, de DoDBuzz.com, le 1er septembre 2011 ; cela se traduit en mot par mot par “En train de contempler la spirale de la mort”, ce qui nous va assez bien dès lors que cette contemplation ressemble à une fascination.

«All that stuff from Wednesday about the Air Force’s total commitment to the F-35A? That still stands. But a set of new updates indicates the foundations beneath the airmen and their jets may be already starting to crumble.»

Effectivement, le 31 août 2011, le même Ewing rapportait le discours d’un général de l’USAF, parlant du F-35 (programme JSF) en des termes extraordinairement pompeux, surréalistes, et à la fois avec une touche de désespoir tragique (comprenez-vous ? interroge Ewing, “si vous abandonnez le F-35, vous détruisez l’essentiel de l’Air Force”).

«The service’s almost complete dependence on its F-35A Lightning II was driven home again last weekend when Gen. Edward Rice, head of Air Education and Training Command, officially ‘rolled out’ the Air Force’s first jet at Eglin AFB, Fla. (The fighters have been around for years, but you know how these guys are — any excuse for pageantry and ceremony, right?) Rice characterized the A as the absolute zenith of aviation, per an official Air Force story:

»“The aircraft was developed in a span of only 15 years, one-eighth of the 118 total years powered flight has existed, he said. The F-35 brings advanced technological capabilities for the future and the nation’s defense — something the general explained was clearly unimaginable when Orville and Wilbur Wright performed their maiden flight Dec.17, 1903, at Kitty Hawk, N.C.” […]

Ewing ne peut s’empêcher d’ironiser, tant l’argument paraît incompréhensible de porter aux nues jusqu'à la vénération un programme, qui est bien loin d’exister encore, parce que son développement a pris (estimation bien modeste), un huitième du temps qui nous sépare du premier vol des frères Wright, le 17 décembre 1903 : «Did you copy that? Even the Wright Brothers could not have conceived of the disruptive, game-changing, fifth-generation warfighting advantages the A will bring. But seriously…»

Il faut dire, pour tenter d’offrir un élément de compréhension à un tel déchaînement d’éloquence technologique et métaphysique, que le 29 août 2011, notre ami Bill Sweetman, publiait deux énormes pages en ouverture du contenu intérieur d’Aviation Week & Space Technology (AW&ST), montrant un F-35B à décollage et atterrissage vertical, effectivement en train d’atterrir ou de décoller verticalement, au-dessus du titre, «Under Fire»… L’entame du texte de Sweetman était sévère, avec, de notre part, un souligné de gras pour signaler la force du propos.

«For the first time in the history of the Joint Strike Fighter program, a senior Pentagon appointee has raised the question of whether one of the three versions of the Lockheed Martin F-35 should be canceled to save money. The move comes as program leaders and Pentagon cost experts are trying to prepare for a long-delayed Defense Acquisition Board review of JSF, including a comprehensive effort to establish reliable predictions of acquisition and operating costs.

»Navy Undersecretary Robert Work told the Navy and Marine Corps in July to provide lower-cost alternatives to the Navy’s current tactical aviation plan, and to examine the consequences of terminating either the F-35B short-takeoff-and-vertical-landing (Stovl) version or the carrier-compatible F-35C. Work is seeking decisions in time for the 2013 budget submission…»

Avant cet article, qui élargit le propos et l’analyse qui va avec, Sweetman avait signalé le document (le mémorandum du vice-ministre US de la marine) sur lequel il appuie effectivement ce propos (voir le 27 août 2011). Après la parution de l’article de Sweetman dans AW&ST, il y eut de nombreuses réactions. Nous en signalerons deux, à ce point.

• La première est extraordinaire dans la forme. Il s’agit d’une intervention, sur le site Second Line of Defense, le 30 août 2011, du vice-ministre Work lui-même. Il tente de désamorcer l’effet de l’article de Sweetman, avant même que cet effet se soit manifesté publiquement d’une façon remarquable, obtenant d’ailleurs lui-même un effet inverse par le caractère extraordinaire de sa démarche. Pour que Work intervienne de façon si inhabituelle, et aussi vite, il faut effectivement que le cas soit pressant, – et ce cas, c’est surtout celui de l’état du programme JSF tel qu’il est perçu au sein du Pentagone, l’incertitude qui y règne à cet égard et les réactions que l’article de Sweetman y a provoqué, – toujours au sein du Pentagone. L’intervention de Work est longue, tentant de tracer un tableau plutôt encourageant de l’état des choses pour l’U.S. Navy dans cette atmosphère de crise (crise budgétaire, dette du gouvernement, etc.). Work fait une allusion directe à l’article de Sweetman, indiquant qu’il y répond, mais il n’apporte aucun élément décisif, contre la thèse de Sweetman, sur la question précise soulevée…

«If you re-read Bill Sweetman’s article, and not the headlines, you will see…how shocking!!…that we are reviewing the DoN TACAIR portfolio. Why? Because it consumes a lot of money, and we have a lot less of it than originally planned. The goal of the exercise is simple: “to determine the best-value [TACAIR] alternative, factoring in both cost and capability.”»

• Placé par un lecteur devant cette intervention, décrite par ce lecteur comme démentant complètement le sens de son article, Bill Sweetman répond (le 2 septembre 2011) brièvement, mais sans aucune ambiguïté. (On y lit une allusion – «as Work told some apparently upset Marines» – indiquant que les “sources” de Sweetman sont précises et le tiennent informés tout aussi précisément de cette affaire et de ses suites, et que l’article semble avoir provoqué des réactions très vives auprès du vice-ministre Work.) Réaction de Sweetman : «As they say, I stand by my reporting. The memo has been posted. Read it, and (as Work told some apparently upset Marines) read the full article.»

• Tout cela se trame, s’échange et se heurte sur un fond fort peu encourageant pour la santé, psychologique surtout, du Pentagone, alias Moby Dick, dont le JSF est le plus beau fleuron indicateur de la catastrophe qui l’entraîne, – catastrophe du Pentagone et catastrophe du programme JSF. Même les plus ardents et zélés défenseurs du complexe militaro-industriel (CMI) montrent un réel désarroi devant la situation présente, devant la façon dont les membres les plus éminents du CMI section-Pentagone défendent bien mal leur cause… Car il y a une “cause” en l’espèce, sinon en espèces ; mais la caractéristique de la situation présente est bien que les composants du CMI ne s’entendent guère pour la formuler, caractéristique indiscutable du thème “discorde chez l’ennemi”. Ainsi l’excellent Daniel Goure, du Lexington Institute, qui n’en finit pas d’exhaler sa rancœur et sa hargne devant les agissements du Pentagone ; ainsi en est-il de son texte du 2 septembre 2011, sur Early Warning, dont une partie renvoie à l’exemple du JSF, qui semble, paraît-il, fort mal défendu malgré ses vertus innombrables.

«The last time the services faced a similar situation was in the run up to the first Quadrennial Defense Review (QDR) in 1996. Then the Pentagon had been struggling with almost a decade of steadily declining budgets. It was in the process of absorbing a 40 percent reduction in force structure; the army went from 18 divisions to 10 and the Navy from nearly 600 ships to a little over 300. The future looked rather bleak, particularly if the services were restricted to their historic shares of the defense budget pie. […]

»What is interesting today is not the accuracy or inaccuracy of the services’ visions but rather the absence of any compelling case by any of them for their particular set of skills and capabilities. Rather than trying to make the case for the F-35 or a new aerial tanker, the Air Force better start worrying about making the case for retaining it as an independent service. […] Perhaps the services hope that by hiding in plain sight they can survive the deluge to come.»

Ces commentaires catastrophés de Goure pour l’hypothèse d’une réduction possible (dans le pire des cas) de $50-$70 milliards/an sur un budget du Pentagone qui dépasse les $1.000 milliards/an contrastent joliment, pour ce qui est du réalisme de la chose, avec cette remarque de Doug Casey sur les mesures à prendre pour tenter d’éviter une “Greater Depression” aux USA : «Military spending should be cut 90%, with the closure of all foreign bases, covert operations, and aid…» On voit qu’on est loin du compte dans le rapport des alarmes avec les intentions budgétaires, que ces alarmes concernent une proportion infime des réductions budgétaires nécessaires pour rétablir les finances des USA, – bref, que nous ne sommes pas sortis de l’auberge, sur ces points divers et précis…

Dans tous les cas, y compris celui du Pentagone en général avec Goure, il y a un contraste marqué entre l’atmosphère et l’humeur catastrophiques, d’une part, et la confusion des arguments, y compris les menaces qui planent autour de ce domaine, d’autre part. Le cas de l’article de Sweetman sur le JSF est remarquable ; il est vrai que le mémorandum du vice-ministre Work n’envisage nullement à proprement parler l’abandon d’une version du F-35, et il est vrai que nulle part Sweetman ne suggère qu’il ne l’envisage. Simplement, il “met sur la table” cette option, ce qui est une perspective qui a existé d’une façon implicite depuis de nombreuses années, et d’une façon explicite depuis un peu plus d’un an, lorsque le secrétaire à la défense d’alors, Robert Gates, plaça la version F-35B (atterrissage et décollage vertical) “en probation” pour deux ans, délai au bout duquel, selon l’état du programme, on poursuivrait ou on abandonnerait cette version. De ce point de vue, l’affirmation de Sweetman («For the first time in the history of the Joint Strike Fighter program…») paraît presque un peu sollicitée.

Mais Sweetman peut arguer du fait qu’il y a bien une hypothèse prospective qui est étudiée, qui implique l’abandon de l’une ou l’autre version navale (F-35B et F-35C), voire des deux. Il est très probable que Sweetman, s’il écrit cela, l’écrit notamment parce qu’il sait des choses qu’il n’écrit pas. Il précise plus loin dans son texte que Work a fait partie du Center for Strategic and Budgetary Assessments et a co-signé une étude recommandant le développement de systèmes aériens de combat non pilotés (UCAV) pouvant présenter une alternative au JSF. (Il propose dans son mémo d’étudier également une telle alternative.) L’allusion que Sweetman fait dans sa dernière et courte intervention («…as Work told some apparently upset Marines») indique effectivement qu’il y a eu des remous internes à la suite de la publication de son article, et des “remous internes” accentués par la perception, à l’intérieur du Pentagone, que Work est plus ou moins “anti-JSF”.

Il n’empêche, on ne peut tenir comme une surprise que l’U.S. Navy (avec le Marine Corps) étudie des options de réduction, voire d’abandon de sa partie du JSF. Dans les services impliqués, la Navy a été dès l’origine la plus réticente, la moins impliquée, et elle a toujours tenu en réserve une option de substitution qu’elle développe d’ailleurs d’une façon subreptice, par le simple fait de la constante modernisation de sa flotte (il s’agit de la nouvelle version Super Hornet du F-18, alors que Boeing développe de son côté une “nouvelle-nouvelle version” du même). Par conséquent, le mémo de Work n’est pas en soi une alarme particulière.

Il est vrai qu’il vient en même temps qu’une autre nouvelle, rappelée notamment par Ewing, de DodBuzz pour justifier sa remarque qu’un “ensemble de nouvelles indications montrent que les convictions des aviateurs pour leur avion préféré recommencent à s’effondrer” : «Air Force Secretary Michael Donley, on a visit to Australia’s capital, Canberra, acknowledged to reporters that DoD may have to cut or delay its planned buy of F-35s, even as the Air Force keeps its full and complete fidelity to the jet. He said he didn’t know what that might mean for the costs and schedules of the 100 copies that Australia wants to buy — and, by extension, the other members of Club F-35 — although one likely answer is they would be later and more expensive.»

Il y a d’autres part une mobilisation au Congrès des partisans du JSF, dans le chef de lettres officielles d’au moins deux sénateurs de la commission des forces armées envoyées au secrétaire à la défense, qui reprochent au Pentagone de ne pas assez défendre, sinon “protéger”, le JSF. Ces lettres, justement, renvoyaient implicitement au mémo de Work (alors connu des sénateurs bien que non encore rendu public) et aux déclarations de Donley. Ces sénateurs recommandent même explicitement qu’il soit interdit aux services concernés d’envisager des options de substitution au JSF (sous la forme, pour le Navy, du “nouveau-nouveau” F-18). Sweetman, cite à cet égard et d’une façon approbative (c’est assez rare entre les deux hommes) Loren B. Thompson, du Lexington Institute, sur le fait que des sénateurs pro-défense attaquent de façon offensive et nominative un programme militaire (le F-18 en l’occurrence) : «As Thompson notes,“You know the budget wars are heating up when a senior Republican senator starts attacking weapons programs important to other legislators in his own party.”»

Bref, concluons sur ce point, sur la remarque d’une situation qui est dans un état de pression considérable (plus que dans des faits immédiatement catastrophiques pour le cas du JSF), que cette pression concerne le JSF, mais aussi le Pentagone, mais aussi la crise budgétaire du gouvernement. Ainsi trouve-t-on réunis tous les facteurs de la crise américaniste à partir de celle du JSF, qui confirme ainsi son caractère exemplaire… La situation générale se résume en une expression qui est celle de “crise de confiance”.

Du JSF au Système

Comme on l’a vu, le tohu bohu fait à l’occasion de l’article de Sweetman porte sur un cas qui n’est pas vraiment pendable, selon une hypothèse qui n’est pas nouvelle, à partir d’un document scrupuleusement retranscrit et qui n’annonce aucune décision irrévocable. Dans ce cas largement substantivé par nombre d’éléments modérateurs, on serait effectivement conduit à diagnostiquer essentiellement une “crise de confiance” ; ce qui fait toute sa puissance et toute son importance, c’est qu’elle est fondée sur des réalités incontestables, accumulées depuis des années, tout au long de la saga sans fin du JSF, sur la constante déstructuration et dissolution d’un programme d’abord présenté (à la fin des années 1990) comme universel, unique, sans concurrent, formidable triomphe de l’américanisme et ainsi de suite… Par conséquent, il s’agit d’une “crise de confiance” justifiée dans son fondement, dans son essence même si elle paraît injustifiée par rapport aux événements à propos desquels elle s’exprime.

Il est vrai également que cette “crise de confiance” anticipe les conditions matérielles diverses de ce qui sera, très vite et inévitablement, un paroxysme de la crise du programme JSF. Le caractère extraordinaire de la situation est alors que cette “crise de confiance” anticipe les conditions conjoncturelles qui devraient la ranimer et la justifier ; elle est fondée par rapport au passé, lors des multiples alertes de dépassements de coût, de problèmes techniques, elle est beaucoup moins fondée par rapport au présent et singulièrement le mémo de Work, elle est par contre complètement fondée par rapport à l’avenir immédiat, par rapport aux problèmes qui vont se poser avec la question de la réduction des dépenses publique. La conséquence est qu’elle obscurcit et dramatise par avance les conditions de l’inévitable crise qui nous attend dans “l’avenir immédiat”, et qu’elle les anticipe dramatiquement, qu’elle les aggrave par avance. Involontairement, elle rend l’inévitable et très proche débat de la fin de l’année, infiniment plus grave et pressant qu’il n’aurait dû être dans des conditions normales.

Mais certes, nous ne sommes pas, c’est entendu, dans “des conditions normales”. Nous sommes dans des conditions où la psychologie prend le pas sur tout, et c’est bien une psychologie malade qui est le fondement des remous, de cette sorte de “crise de communication” qui accompagne l’article de Sweetman. Ce n’est pas la première fois que l’on relève cette pathologie de la psychologie à propos du programme JSF, comme à propos de l’américanisme en général bien entendu. Il se trouve que l’on commence à atteindre les conditions même de la réalité du programme, qui est “l’avenir immédiat” dont on parle plus haut, c’est-à-dire les décisions de réduction budgétaire dont on attend qu’elles touchent le Pentagone et, par voie de conséquence pour toutes ces psychologies inquiètes, le programme JSF. C’est alors que la pathologie de la psychologie, se rapprochant des conditions de la réalité, se transforme en ce que l’on a nommé plus haut : une “crise de confiance”. Cette situation en cours de formation et d’affirmation touche désormais les acteurs centraux du programme, à l’intérieur de Pentagone (les Marines contre Work), entre le Pentagone et le Congrès lui-même divisé entre partisans extrêmes du JSF et adversaires non moins extrêmes, type-John McCain. La “crise de confiance” existe également entre le Pentagone et Lockheed Martin (LM), marquée ces dernières années par des restructurations, des blâmes du Pentagone pour LM, etc. C’est la nouveauté de la situation psychologique autour du programme JSF, jusqu’alors mis en cause du dehors, par ses critiques. Par conséquent, on s’achemine vers une situation où, les doutes du dehors ayant atteint l’intérieur du Pentagone, la forteresse Pentagone-LM qui protégeait le JSF jusqu’en 2009-2010 s’est transformée en un théâtre interne d’affrontement. Ce sont les pires conditions qu’on puisse envisager pour les perspectives très rapprochées où des décisions difficiles devront être prises.

Bien entendu, ces conditions qui sont en train de se rassembler pour le JSF valent aussi bien pour le Pentagone. En cela, le JSF est le parfait représentant du Pentagone, autant que le détonateur de l’accélérateur de la crise du Pentagone. La crise est effectivement psychologique dans tous ces cas, exactement à l’image, par exemple, de la crise du pouvoir US, où les positions n’ont cessé de se radicaliser pour atteindre un point où aucune entente, aucun compromis n’est possible. Dans certaines conditions qui se précisent très vite, le programme JSF pourrait rencontrer la même situation au sein du Pentagone et dans les rapports entre l’exécutif et le Pentagone. (Là aussi, duplication inspiratrice de crise du Pentagone elle-même.) La situation serait bien, alors, qu’aucune entente ne serait possible en raison des différences de perception et des affirmations partiales et partisanes faites au nom de l’excitation de la psychologie. Cela ne signifie pas que des ententes ne sont pas possibles, comme au niveau du pouvoir politique d’ailleurs (entre le président et le Congrès, d’une manière générale). Cela signifie que la “crise de confiance“ est telle à l’intérieur de l’establishment et du Système que les psychologies ne peuvent plus s’accorder. Le JSF, et peut-être le Pentagone avec lui, est désormais tenu en otages par ceux-là même dont il dépend, par ceux qui l’ont conçu et qui ont tout intérêt à sa réussite, et qui, pourtant, travaillent à sa perte.

…Cela signifie, d’une façon plus générale et plus fondamentale que la crise de confiance du JSF telle qu’elle est déjà et telle qu'elle s’annonce plus encore, – le moment où la pathologie de la psychologie sera confrontée à des facteurs matériels impératifs et déchirants, – sera nécessairement une crise de confiance dans les capacités de l’américanisme, sa capacité à maîtriser le technologisme, à assurer la gestion des grandes entreprises du Système. Les conditions mêmes que va imposer cette crise de confiance du JSF se transmuteront elles-mêmes en crise de confiance dans le Système lui-même. On comprend que tout cela se traduise fort bien par ce «Contemplating the death spiral», qui est l’image même de cette crise de confiance, inspirée puissamment et irrésistiblement par la crise de l'autodestruction du Système.