La censure-panique du Système

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La censure-panique du Système

En rédigeant notre texte de ce 4 mai 2013 sur l’apparition du mot “falseflag” dans une déclaration du colonel Wilkerson, l’ancien chef de cabinet de Colin Powell au département d’Etatt, nous pensions rajouter l’exemple a contrario que donne Paul Craig Roberts dans un texte qu’il adresse à ses lecteurs le 1er mai 2013. Nous nous sommes aperçus que cet exemple qu’il citait, sans indication de date, concernait un événement vieux de deux ans. Nous avons pensé que cet exemple appelait toujours un commentaire, mais spécifique et différent de la forme à laquelle nous avions déjà pensé... La partie du texte de Paul Craig Roberts à laquelle nous faisons allusions est la suivante.

«Every time I write a column that is the truth or the truth as I am able to discover it, instead of hawking the propaganda line, I move up on the list of those who are persona non grata in the Empire.

»A writer can find himself demonized and declared a kook simply by reporting findings from distinguished scientists, high-rise architects, structural engineers, first responders, and an international collection of high government officials. Not too long ago a writer or reporter for the Huffington Post discovered to his surprise that Pat Buchanan and I disagreed with all the wars that had been launched to protect us from terrorism. He asked me for an interview, and I agreed.

»An hour or so after the interview was posted on the Huffington Post, I received an emergency call or email. He had been criticized for interviewing me, “for giving you a forum when you are a 9/11 sceptic.” He was unsure that it was possible for a Reagan presidential appointee to be a 9/11 sceptic and asked if I was. I replied that I had reported the findings of scientists, architects, engineers, and the public testimony of first responders, because I thought these were qualified people whose opinions at least ranked equally with the politicians on the 9/11 Commission and the talking heads on Fox “News” and CNN, none of whom could pass a high school test in the laws of physics, much less high-rise architecture and structural engineering.

»The Huffington Post writer panicked. Instead of taking down the interview, he felt impelled to assure readers and his boss that he had been deceived. He wrote at the beginning and ending of the interview that he did not know he was interviewing someone about the Iraq War who had given ink to those conspiracy theorists who raised questions about the truthfulness of the US government. He wrote that my views on the wars should be disregarded, because I wrote that scientists, architects, engineers, and first responders provided evidence contrary to the government’s claims...

Nous avons été rechercher le texte de l’interview de Paul Craig Roberts sur HuffingtonPost. Il date du 7 mars 2011. Le site HuffingtonPost, qui se targuait d’être d’une tendance activiste marquée et très critique de la politique générale des USA, a été vendu au conglomérat AOL en février 2011 par sa propriétaire Arianna Huffington, pour $315 millions. L’activisme d’Arianna Huffington, nettement orienté (anti-Bush) et faisant partie d’engagements partisans politiciens internes au Système, ne résista guère à l’arrivée d’Obama au pouvoir. Plutôt qu’incurver l’orientation du site dans une orientation pro-Système trop évidente avec le soutien à Obama, qui eut rétrospectivement discrédité ce qu’elle avait fait auparavant, Huffington préféra la vente, avec la somme confortable qu’on a vu, selon un processus normal d’enrichissement au sein du corporate power. AOL institua immédiatement les règles du susdit corporate power sur le site sans vraiment avoir à le proclamer, ni d’ailleurs à incliner les esprits et les plumes dans ce sens sur un terrain déjà préparé par Huffington.

La réaction de l’intervieweur de Paul Craig Roberts fut effectivement très intéressante, et le mot de “panique” écrit par Roberts n’est pas déplacé. Cet intervieweur n’est pas un journaliste anonyme : il s’agit de Dan Fromkin, ancien du Washington Post dont le “profil” est accessible sur le site. («Dan Froomkin is in the process of launching a new accountability journalism project, ... contributing editor of Nieman Reports, ... former senior Washington correspondent for the Huffington Post. He wrote the White House Watch column for the Washington Post website from 2004 to 2009, and was editor of the site from 2000 to 2003.» Fromkin a quitté HufingtonPost depuis, cela sans rapport avec le cas ni aucun désaccord avec AOL) La réaction de Fromkin à la “découverte” que Roberts ne croit pas à la version officielle de 9/11, outre de montrer son degré assez bas d’information sur la situation du commentaire aux USA, et notamment du commentaire “dissident” dont Roberts est un des grands noms, permet effectivement de mesurer l’aspect quasi-religieux de l’opposition, dans les milieux-Système, à toute attitude mettant en doute la version officielle de 9/11 et, au-delà, à toute attitude accordant in fine quelque crédit que ce soit à la possibilité de montage et de manipulations de la part des autorités, dans quelque affaire que ce soit. La réaction de Fromkin fut effectivement de placer une rapide introduction d’avertissement au texte et un Update à la fin, beaucoup plus circonstancié...

«Editor’s Note: A reader brings to our attention that Roberts is also a self-described “9/11 skeptic”, espousing views that call his judgment into question. See update below... [...]

»Update – A reader notes that Roberts has also written several times that he does not believe the official explanations surrounding the 9/11 terrorist attacks. Roberts wrote an essay in 2006 espousing many of the so-called “Truther” beliefs, casting doubt on how the World Trade Center towers actually collapsed and raising the possibility of a military cover-up. Roberts defended those views in an email: “No real investigation has been done, and experts who raise points have simply been brushed aside or called ‘conspiracy theorists.’” He added that "until the ‘truthers’ are professionally answered, I will remain a 9/11 skeptic.” Roberts' beliefs clearly raise questions about the soundness of his foreign policy views. He either should not have been cited in the piece or the article should have clearly noted his perspectives.»

Les deux dernières phrases sont effectivement proprement extraordinaires puisqu’elles font dépendre la qualité du jugement de la personne interviewée sur des sujets généraux de politique extérieure de sa “croyance” (beliefs) au fait religieux de la version officielle sacralisée de 9/11. Il s’agit de jugements rationnels (views) concernant certains événements objectifs, jugements qui sont certes de la responsabilité de Roberts mais qui ne peuvent en aucun cas être mis dans la même catégorie de “pensée” qu'une “croyance”. (Les deux phrases : «Roberts' beliefs clearly raise questions about the soundness of his foreign policy views. He either should not have been cited in the piece or the article should have clearly noted his perspectives.») Ce cas de censure “paniquée”, – Fromkin et la direction d’HuffingtonPost n’ont pas osé faire disparaître le texte, de crainte de se faire prendre en flagrant délit de la censure la plus grossière et brutale, – montre encore mieux qu’une “censure grossière et brutale” le fondement de la démarche. Nous rappelons dans notre texte cité que nous allons jusqu’à envisager une démarche “métaphysique” concernant la “sacralité” de 9/11 pour ceux qui se rangent du côté du Système («...une tentative de faire de 9/11 un événement métaphysique [voir le 11 octobre 2011]»). L’épisode cité ici montre à notre sens que cette question du statut de 9/11 se range effectivement, d'une façon non délibérée et selon une psychologie-Système indubitable, dans le domaine du “sacré” et du “religieux” pour le personnel-Système. (“Il ne croit pas à la version officielle de 9/11, donc ses jugements de politique extérieure sont nécessairement déraisonnables”.)

La question concerne bien entendu l’antériorité du texte Roberts/HuffingtonPost. Ce qui était vrai en 2011 l’est-il encore deux ans plus tard, en 2013 ? Nous avons considéré que l’intervention de Wilkerson évoquant clairement une manœuvre de falseflag en Syrie (de la part d’Israël, mais l’on comprend qu’en cette matière les directions israélienne et US bénéficient de la même “sacralisation”) marquait une évolution des esprits, donc des psychologies, à cet égard, notamment grâce à la puissance de l’événement de l’attaque de Boston et de tout ce qui l’a accompagné. (Nous considérons que l’usage, l’entraînement de la dynamique-Système, la pression grandissante des événements depuis 9/11 a étendu cette “sacralisation” de 9/11 à tout événement-Système, – c’est-à-dire, l’obligation officielle de repousser toute hypothèse de complot, manipulation, dissimulation, narrative, falseflag de la part du Système, concernant quelque événement que ce soit.)

Notre attitude serait donc qu’effectivement 2013 n’est pas 2011, et que le caractère absolument extraordinaire de l’appréciation citée aurait désormais beaucoup plus de mal à figurer d’une façon publique, puisqu’apparaissant effectivement et ouvertement comme une “censure religieuse” (“Il ne croit pas, donc ses jugements sont nuls”). Notre conviction est que les événements des deux dernières années ont considérablement érodé le crédit du Système, dans les domaines intérieur et extérieur, et que cette perte de crédit entame d’autant la capacité du Système d’imposer une vision religieuse. Le cas Wilkerson, toutes choses égales étant considérées par ailleurs comme nous l’avons fait dans notre texte référencé(jugements de Wilkerson, sa position dans le Système ou en marge de lui, etc.) , figure à cet égard comme un exemple important renforçant cette conviction.


Mis en ligne le 6 mai 2013 à 05H10