L'ennemi mortel du Système

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L'ennemi mortel du Système

I – Introduction

Après avoir défini le Système (voir le 11 mai 2011), nous allons maintenant développer les voies par lesquelles il peut être efficacement combattu. Il va sans dire que les propos que nous allons tenir ici vont en surprendre beaucoup et vont de fait nous conduire parfois très au-delà du périmètre habituel de dedefensa. Aussi que ses auteurs nous pardonnent cette digression. Mais cela nous est rendu indispensable si nous voulons développer avec la rigueur et la profondeur qui se doit cette question fondamentale de la lutte contre le Système.

Nous avons terminé notre précédente intervention en disant que la Métaphysique était la Voie par laquelle lutter contre le Système. Toutefois, avant d'entrer dans de plus amples développements, il nous faut cependant commencer par dire pourquoi.

II – La Réalité métaphysique

Nous avons dépeint le centre réel du Système comme étant la pensée racine présente dans notre psyché. Cependant précisons tout de suite que nous n'allons pas faire une descente dans la psyché humaine. Celle-ci est un labyrinthe sans fin, empli d'illusions et de faux semblants, plein de pièges de toutes sortes posés par l'égo, c'est à dire la personnalité de l'individu. Nous ne conseillerons jamais à personne d'effectuer une telle descente car cela revient à jouer avec son esprit ou avec celui d'un autre ce qui en fait un exercice dangereux. Et pour être tout à fait clair, disons le sans détour : il n'est pas possible d'arracher la pensée racine sans causer des dommages encore plus grands à l'individu. En vérité, cette idée de lutter contre le Système par une plongée dans la psyché humaine pour s'attaquer directement à la pensée racine est une nouvelle suggestion de cette dernière qui espère ainsi détourner l'être qui soupçonne son existence du seul moyen véritable de lutter contre elle.

Pareillement, nous avons aussi dit que le Système, créé par la pensée racine, n'était pas sensible à la logique de force et nous avons expliqué précisément pourquoi. Il est donc inutile d'espérer le renverser. C'est là une illusion encore plus grande et encore plus communément répandue chez ceux qui se désespèrent de ne pouvoir échapper à l'emprise du Système. Nous n'insisterons pas sur ce point, mais nous ne saurions trop mettre en garde contre cette illusion dans laquelle s'égarent la quasi-totalité de ces derniers. Malheureusement pour eux, ce n'est qu'une suggestion de plus de la pensée racine pour détourner les forces de ces opposants et les réutiliser à son avantage.

Alors visiblement la voie est étroite. Car s'il n'est pas possible de se débarrasser directement de la pensée racine ou de renverser le Système par la force, c'est bien que les moyens à mettre en œuvre sont de nature très différente. Et ce qui apparaît alors étroit, ce n'est pas tant la voie, mais la porte par laquelle y pénétrer.

Combattre sur deux fronts

Dans la tradition islamique, il est question de la grande guerre sainte et de la petite guerre sainte. Les deux observations précédentes nous ramènent aux deux périphéries du Système, respectivement la périphérie intérieure et la périphérie extérieure. Nous avons déjà dit ce que nous pensions de ceux qui livraient bataille uniquement dans le monde extérieur. Nous devons maintenant dire ce qu'il en est de ceux qui compte livrer uniquement la bataille intérieure.

A la différence de la lutte extérieure, la lutte intérieure se mène contre le véritable centre du Système et par conséquent, en ciblant le centre réel, elle cible tous ces reflets, y compris le centre extérieur. Ainsi, c'est la seule qu'il faille mener mais lorsqu'elle est engagée, elle se traduit nécessairement par un combat sur les deux fronts, intérieur et extérieur.

Du point de vue où nous nous plaçons ici, il est inutile de décrire comment mener le combat sur le front extérieur, celui-ci se définissant et s'établissant de lui-même, comme une extension du combat sur le front intérieur. C'est donc uniquement là que nous allons placer notre attention car c'est là que tout se joue. Toutefois, bien qu'il soit une extension, le combat sur le front extérieur ne doit jamais être sous-estimé pour son importance, il doit simplement être regardé comme un reflet du combat sur le front intérieur. Ainsi se livre la sagesse islamique qui jamais n'ignore la véritable hiérarchie entre les deux.

L'ennemi mortel de la pensée racine

Nous allons devoir poser un certain nombre de vérités métaphysiques sans lesquelles tout ce que nous dirons par la suite serait à peu près incompréhensible. Et c'est déjà une première indication que la connaissance de la Métaphysique soit une nécessité pour faire face à la bête immonde. Car ces concepts sont tombés en désuétude aujourd'hui en Occident, perdus, incomplets ou déformés et rendent leur utilisation presque toujours impossible sans une aide appropriée. Nous n'allons pas faire un exposé complet de métaphysique mais nous en tenir strictement à ce qui nous sera nécessaire.

Alors commençons, et nous dirons que la première chose à savoir, la plus importante en tout, celle dont découle tout le reste, est que la Réalité est Une. Cela signifie qu'il n'y a rien qui soit en dehors de la Réalité, qui peut dès lors être appelée Totalité et que par conséquent elle est infinie. La Métaphysique est ce qui parle de la Réalité, ce qui permet d'en faire l'expérience directe par la Connaissance de ses Lois et de ses Principes. La Réalité ne peut pas être définie car définir c'est poser des limites et nous venons de dire que la Réalité n'a aucune limite. Toutefois, en ce qui nous concerne, elle est composée de dimensions hiérarchisées entre elles et l'existence physique en est une. Du point de vue d'une dimension, les dimensions inférieures ne sont que des illusions, elles n'ont pas d'existence propre, et les dimensions supérieures sont invisibles et inatteignables. Voilà pourquoi nous avons dit que d'un point de vue qui est supérieur à la dimension physique, la matière n'existe pas et qu'en prétendant le contraire, à savoir que “seule la matière existe”, la pensée racine nie la Réalité. Mais il se trouve que comme toutes les pensées, celle-ci est fragile. Car aucune pensée ne peut survivre à l'expérience de ce qu'elle nie. Et l'expérience étant ce par quoi l'individu prend conscience de l'existence de quoi que ce soit, pour se débarrasser de la pensée racine, il lui faut donc faire l'expérience des dimensions supérieures de la Réalité. La Réalité métaphysique est l'ennemi mortel de la pensée racine.

La pensée racine ne survivrait pas une seconde à son exposition à la Réalité. Elle s'évanouirait instantanément de même que les ténèbres s'évanouissent instantanément lorsque la lumière apparaît.

Dans le monde extérieur où le Système tire sa puissance de l'attraction du Néant, c'est à dire de la négation de la Réalité, la seule chose à faire pour tout individu est de se soustraire à son emprise autant que possible, de survivre et d'attendre... Attendre quoi ? Que la Réalité fasse son entrée tonitruante ! Car cela arrivera nécessairement et d'une façon que nul ne pourrait prédire. Mais attendre ne signifie pas ne pas combattre, car tant que la pensée racine et le Système demeurent, combattre il faut.

Le cœur, le mental et le corps

Faire l'expérience de la Réalité métaphysique en voilà un défi ! Mais l'être humain est inscrit dans cette Réalité et en tant que tel, pouvoir en faire l'expérience, c'est à dire la connaître et en tirer bénéfice pour son existence, est le premier de ces droits fondamentaux.

Tout homme peut être considéré comme possédant un cœur, un mental et un corps.

Ce que nous appelons le cœur de l'homme, c'est ce qui canalise et dirige d'abord en lui, puis éventuellement vers l'extérieur, son amour, exactement comme le ferait un aimant qui canalise et dirige les lignes magnétiques. Le cœur est le centre de l'être. Il en a la maîtrise et la responsabilité.

Ce que nous appelons le mental de l'homme, c'est l'ensemble de ses facultés cognitives. C'est le domaine de la pensée et de la raison.

Ce que nous appelons le corps de l'homme, c'est bien sûr son corps physique.

Ces trois éléments appartiennent tous à la dimension physique mais un seul des trois possède la faculté de permettre à l'homme de faire l'expérience de la Totalité. En effet, il est évident que ce n'est pas le corps physique, limité à cette dimension. Le mental, lui, ne fonctionne qu'en mode dual (le chaud et le froid, le haut et bas, la gauche et la droite). De ce fait, l'accès a la Réalité, qui est infinie, lui est totalement fermé. Nous voulons dire par là que la Réalité est incompréhensible pour lui, car aucun de ses schémas ne s'y applique ou ne peut la décrypter. L'Infini ne connaît pas la dualité et en dehors de la dualité, le mental est perdu. Le cœur, par contre, possède la faculté unique de s'unir avec la Réalité. Il détient le pouvoir d'accéder à toutes ses dimensions. L'Infini est son domaine et c'est son intermédiaire que l'on peut en faire l'expérience. Mais il nous reste encore à expliquer pourquoi et comment cela est rendu possible.

III – La responsabilité de l'homme

Nous allons nous appuyer sur l'actualité récente et “l'affaire DSK” car celle-ci nous offre un matériel parfait pour illustrer notre propos. Nous trouvons l'hypothèse soulignée par dedefensa d'un homme “se suicidant inconsciemment” pour se libérer de la pression du Système tout à fait séduisante (voir le 17 mai 2011). Nous serions même enclin à ne pas en faire qu'une simple hypothèse mais l'explication centrale de la “chute” de cet homme, cela dès que l'on accepte le principe métaphysique selon lequel rien ne peut arriver à un être contre sa volonté. Les explications que nous allons donner vont suffisamment éclairer cette affirmation.

Voilà un homme du Système placé sous la pression terrible de son centre double, piégé à l'intérieur comme à l'extérieur, et qui ne peut s'offrir aucun répit. Et puis soudain, au moment même où lui était promis une nouvelle fonction de rang au sein du Système, ne lui offrant par conséquent aucun horizon au-delà duquel la pression dudit Système pourrait se relâcher, voilà que survient un évènement qui lui fait tout perdre. Là où d'autres voit une chute, nous préférons y voir une libération, certes partielle, mais libération tout de même. Au moins en s'éloignant du centre double, cet homme réduit-il considérablement la pression exercée par le Système sur son être. Ce genre de chute est selon nous une réaction typique du cœur de l'homme pour libérer son être lorsque cette libération ne peut se faire par la voie habituelle qui est l'affirmation de sa personnalité, si celle-ci a un caractère trop faible ou est trop corrompue par le Système pour qu'une telle affirmation puisse effectivement avoir lieu.

Et cela nous permet d'enchaîner sur un autre point. Il est facile de reconnaître que les serviteurs du Système sont aussi ses prisonniers, qu'ils en soient conscients ou non. Et cela l'est d'autant plus que, jusqu'à un certain point, nous sommes tous des serviteurs du Système et nous connaissons tous cette prison. Prisonnier et serviteur à la fois, voilà la définition du mot esclave.

L'humanité en esclavage

Nous avons dit dans notre texte précédent que la pensée racine était contemporaine de l'époque de Newton. Sans aller jusqu'à dater son origine, ce qui nous obligerait à de longs développements, nous allons indiquer très clairement qu'un événement permet de la retracer bien avant lui. L'événement auquel nous faisons référence, c'est le commerce triangulaire pratiqué par les puissances européennes, puis par la jeune nation américaine, du début du XVIè siècle à la fin du XIXè siècle. Et nous allons dire pourquoi.

La seule raison qui a justifié la traite négrière occidentale est la volonté de “mise en valeur” des Amériques, c'est à dire de l'exploitation systématique de toutes ses richesses, dans le but exclusif d'en tirer un profit matériel. Et c'est une différence fondamentale avec toutes les autres formes d'esclavage qui ont l'ont précédé ou lui étaient contemporaines. Nous retrouvons là, en effet, la volonté obsessionnelle de dominer la matière, elle-même caractéristique de l'activité de la pensée racine. Et l'on peut constater aisément que le commerce triangulaire possède toutes les caractéristiques du déchaînement de la matière. Que ce soit la logique de force (la banalisation de la poudre et des armes à feu, les guerres incessantes que ce sont livrées les nations esclavagistes et qu'elles ont livrées à d'autres peuples), la logique de la quantité (le profit généré étant rendu proportionnel au nombre d'esclaves possédés et à la quantité de matière employée) et la déstructuration des civilisations américaines et africaines pré-existantes. Ce sont là des paroles difficiles à entendre en Occident où un voile pudique a souvent été jeté sur ces événements. Mais qu'y a t-il de si étonnant à ce que ceux qui venaient d'entrer en esclavage au profit du Système ait traduit cet état par la mise en esclavage de peuples qui étaient alors en-dehors du Système ?

Il s'agit pour nous de la première manifestation à grande échelle du Système, l'acte par lequel il s'est affirmé à l'extérieur, l'acte fondateur de la contre-civilisation. Évidemment, depuis cette époque, le Système a imposé des formes d'esclavage plus subtiles et plus raffinées telles que le salariat (ou d'autres) pour renforcer l'asservissement de ses esclaves et assurer sa pérennité (voir le 16 avril 2011). Et nous ferons encore cette observation bien singulière. La bête immonde a toujours recruté ses nouveaux esclaves sur sa périphérie extérieure, en leur imposant d'abord une forme ou une autre d'esclavage physique. Nous n'en dirons pas plus car cela nous conduirait à trop nous écarter de notre sujet, mais les dernières décennies, avec l'entrée de centaines de millions d'indiens et de chinois au service du Système en offrent un exemple frappant. Ainsi, avec l'extension continue du Système, c'est l'humanité entière qui est entrée en esclavage.

Certains croirons peut-être que nous exagérons en parlant de la mise en esclavage de l'humanité, montrant ainsi, selon nous, qu'ils sous-estiment grandement l'emprise du Système sur eux. Nous avons déjà dit que le Système était invisible et nous avons expliqué pourquoi. Nous avons souligné que c'était là une de ses meilleures défenses. Que des esclaves ignorent ou nient leur servitude, quel meilleur moyen y a t-il pour les conserver dans cet état ? Toutefois, nous allons donner un exemple précis, qui pourrait être multiplié à foison mais qui suffira à montrer que nous n'exagérons rien.

Depuis l'avènement de l'industrie électronique, la puissance des processeurs a été sans cesse accrue et cela de manière exponentielle. Personne, dans cette industrie, ne saurait expliquer pourquoi il faut à tout prix augmenter les capacités des processeurs. L'industrie toute entière est enfermée dans la logique de la quantité. Ce n'est qu'après coup que l'on justifie, éventuellement et avec beaucoup de difficultés, une utilité à cette puissance accrue, bien que celle-ci ne soit presque jamais employée à son maximum. Bien évidemment, on retrouve ici la volonté obsessionnelle de dominer la matière et nous avons déjà expliqué comment le processus de structuration/déstructuration nourrissait la bête immonde. Il s'agit là tout simplement du comportement d'esclaves servant leur maître, sans rien comprendre de ce qu'ils font ni de pourquoi il le font et surtout sans aucune possibilité de s'échapper c'est à dire d'adopter un autre comportement.

Civilisations et contre-civilisation

Avant de continuer, nous devons faire une mise au point, car certaines choses sont fort mal comprises de nos jours et peuvent conduire à de graves erreurs d'appréciation. En effet, on pourrait faire remarquer qu'alors que nous parlons du commerce triangulaire, le contexte de l'époque était différent et que ce qui semble inacceptable aujourd'hui ne l'était pas forcément alors. Nous connaissons ce genre d'arguments et nous nous devons de nous élever clairement face de tels de raccourcis. Que les “valeurs” soient différentes d'une époque à l'autre, cela est exact. Que les contextes changent d'une région à une autre, cela est aussi exact. Toutefois, faire des actes des hommes, des actes relatifs dont la gravité dépend essentiellement de l'époque ou du lieu où cet acte est commis et non de l'acte lui-même, est encore une de ces méprises qui fait croire que tous les points de vue sont légitimes. Derrière l'apparente hétérogénéité des “valeurs” des différentes civilisations, à travers les âges et les lieux, il y a une profonde homogénéité. Celle-ci est conférée par la reconnaissance de l'existence des dimensions supérieures de la Réalité.

Tuer un homme, violer une femme ou soumettre un peuple à l'esclavage, cela n'a jamais formé la base d'aucune civilisation. A l'inverse, ce sont là des pratiques courantes et souvent récompensées au sein de la contre-civilisation. Ainsi, les organisations criminelles brassent plus d'argent que les celles de promotion de la paix n'en auront jamais entre leurs mains. La moitié de la production mondiale agricole est détournée pour nourrir des animaux ou produire du carburant pendant que la moitié de la population mondiale ne mange pas à sa faim. Et le sermon d'allégeance à la bête immonde est la première qualité d'un homme politique.

Mais ces situations ne se sont pas créées par hasard. Si elles sont l'expression même du Système et qu'elles ont été élaborées à partir des suggestions de la pensée racine, elles sont toujours la résultante d'une succession d'actes qui ont été posés consciemment par l'homme.

Le choix de l'homme

Il appartient toujours à l'homme, à chaque instant et dans chaque circonstance de sa vie, par l'exercice de son libre arbitre, de poser un acte qui honore la Réalité ou qui la nie. Lorsque le choix de l'homme honore la Réalité, il transcende la dimension physique et permet aux dimensions supérieures de la Réalité de se manifester. Il peut ainsi en faire l'expérience. Pour poser un tel choix, l'homme ne peut utiliser que son cœur car seul son cœur peut accéder à toutes les dimensions de la Réalité. Lorsque le choix de l'homme nie la Réalité, il valide la pensée racine, l'ancre plus profondément en lui et renforce le Système. Pour poser un tel choix, l'homme doit écarter son cœur. Cela, il peut le faire aisément dès lors qu'il place le mental au centre de son être, usurpant ainsi le pouvoir du cœur. Sous la domination du mental, les raisonnements secs et détachés deviennent la règle et la pensée racine disposent du corps et du mental pour servir ses desseins. Cela est à ce point flagrant qu'au sein de la contre-civilisation, il est fréquent que des experts, s'appuyant sur leur raison, soient complètement aveugles face à ce que des non experts, s'appuyant davantage sur l'intuition de leur cœur, distinguent avec clarté.

A coup sûr, les circonstances peuvent lui rendre parfois extrêmement difficile l'exercice de son libre arbitre, mais le choix existe toujours et tant qu'il existe, la responsabilité de l'homme est engagée. Car s'il ne peut exercer son libre arbitre dans les situations les plus adverses, quand le peut-il ? Ainsi les hommes n'ont pas choisi de créer le Système, mais ils ont consciemment posé chaque acte qui l'a créé, lui a donné vie et l'a fait grandir. Et ils continuent encore à cet instant. Et si l'homme est devenu l'esclave de la bête immonde, c'est bien à cause de la sécheresse de son cœur.

La responsabilité de l'homme est totale bien que les conséquences de ses actes aillent très au-delà de ce qu'il n'aurait jamais souhaité lui-même, à cause d'une méconnaissance à peu près complète des lois de cet univers (voir le 5 avril 2011). Et c'est bien là sa seule excuse et la porte de son salut.

IV - Le cœur sacré

Le cœur de l'homme n'est pas un simple un canal des dimensions supérieures vers la dimension physique, il est véritablement ancré dans toutes les dimensions de la Réalité. Celles-ci lui appartiennent et lui sont ouvertes tout autant que l'existence physique. Les plus grands artistes n'ont cessé de nous le rappeler. Après tout, qu'est ce que la créativité si ce n'est cette qualité qui permet de créer dans ce monde ce qui n'y préexiste pas et que l'artiste manifeste grâce à son inspiration des dimensions supérieures de la Réalité et à son expiration sous forme de chef d'œuvre ? C'est ici que se trouve le véritable pouvoir de l'homme, celui qui le différencie et l'élève au-dessus de l'animal et bien plus encore. Et puisque les dimensions de la Réalité qui sont supérieures à la dimension physique, ne peuvent lui apparaitre, par contraste, que comme sacrées, sachant que c'est par le cœur qu'elles peuvent s'exprimer dans cette dimension, cela fait du cœur de l'homme, un cœur sacré.

Les sept couleurs du cœur sacré

Il y a de nombreuses façons valables de parler du cœur sacré de l'homme même s'il y en a relativement peu qui soient directement assimilables par un être où domine le mental, ce qui est le cas de quasiment tous ceux qui vivent sous l'influence du Système. Aussi, l'exposé que nous allons faire ne doit pas être pris comme exclusif mais simplement comme l'une de ces façons valables. Il s'agit d'un point d'appui, d'un premier pas qui lorsqu'il est mis en œuvre par l'être, peut le conduire vers une compréhension plus profonde, éventuellement jusqu'à ce que l'intuition haute se manifeste. Elle sera alors un guide avisé.

Le cœur sacré de l'homme peut être visualisé comme possédant sept couleurs. Lorsque ces couleurs sont activées, elles permettent aux dimensions supérieures de la Réalité de pénétrer dans la dimension physique. Chacune de ses couleurs se manifeste à la fois à l'intérieur et à l'extérieur de l'être. Voici les sept couleurs du cœur sacré :

• L’Unité : Pourquoi ? Parce que la Réalité est une, l'unité lorsqu'elle est exprimée par le cœur sacré n'est rien d'autre qu'une affirmation de la Réalité en tant que Vérité. L'unité se manifeste à l'intérieur de l'être par le fait que celui-ci s'accepte tel qu'il est avec ses qualités et ses défauts, avec ses potentialités et ses limites, avec son histoire et sa condition présente. L'unité se manifeste à l'extérieur de l'être par le fait de considérer tous les êtres humains, sans exception aucune, comme membres de la famille humaine et d'agir en tant que tel.

• L’Amour : il est ce qui unit. C'est la plus grande force de l'être, pour cela, il lui faut l'honorer et le respecter sous toutes ses formes. L'amour se manifeste à l'intérieur de l'être par l'amour de soi, c'est à dire l'amour de son être considéré dans son unité. L'amour se manifeste à l'extérieur de l'être par l'amour des autres, c'est à dire l'amour pour tous les membres de la famille humaine considérée elle aussi dans son unité.

• La Vie : elle est la conséquence naturelle de l'amour. Lorsque deux êtres s'aiment, ils sont conduits naturellement à engendrer la vie. Il s'agit donc de privilégier la vie en pardonnant au passé et en préparant l'avenir. La vie se manifeste à l'intérieur de l'être par la reconnaissance du potentiel du moment présent. La vie se manifeste à l'extérieur de l'être par l'actualisation de ses potentialités et leur déploiement en vue de son futur.

• Le Respect : celui-ci commence par le respect de la Réalité, c'est à dire de l'unité, de l'amour et de la vie. Il se poursuit par le respect de soi, de tous les membres de la famille humaine et de toutes les formes de vie. Le respect se manifeste à l'intérieur de l'être par la reconnaissance de sa place dans la trame de la vie. Le respect se manifeste à l'extérieur de l'être par la reconnaissance de la place de tous les autres êtres dans la trame de la vie.

• L’Honnêteté : elle est indispensable à l'expression d'un cœur sacré car en son absence, le mensonge et la corruption s'installent rapidement et ternissent toutes les autres couleurs du cœur sacré. L'honnêteté se manifeste à l'intérieur de l'être par sa volonté de connaître et son respect de la vérité quelle qu'elle soit, dans toutes les situations. L'honnêteté se manifeste à l'extérieur de l'être par l'exposé complet et circonstancié de cette vérité.

• La Justice : elle est la recherche de l'équilibre et de l'échange équitable dans les interactions de l'être avec la vie et les membres de la famille humaine. Elle n'a rien à voir avec le jugement et encore moins avec la condamnation. La justice se manifeste à l'intérieur de l'être par la reconnaissance honnête de sa responsabilité et par sa disposition à rétablir l'équilibre lorsque ses actes l'ont rompu. La justice se manifeste à l'extérieur de l'être par la recherche, la préservation ou la restauration de cet équilibre dans toutes ses interactions avec les autres et la vie.

• La Bienveillance : elle est ce qui rend la vie plus juste et plus belle par l'exercice du don et du pardon sans condition. La bienveillance se manifeste à l'intérieur de l'être par sa volonté et son application à exprimer les autres couleurs du cœur sacré. La bienveillance se manifeste à l'extérieur de l'être par son souci des autres et du soutien qu'il peut leur apporter.

La lumière du cœur sacré

Au sein du cœur sacré, tout commence dans l'unité et tout finit dans la bienveillance. De l'unité à la bienveillance, en passant par les autres couleurs du cœur sacré, le chemin est direct. Pour autant, chaque couleur est présente dans toutes les autres et lorsqu'une d'entre elles est portée à son apogée, les autres le sont nécessairement. Et s'il en est ainsi, c'est parce que tout comme les sept couleurs de l'arc en ciel forment la lumière visible, les sept couleurs du cœur sacré composent la lumière de la Réalité en provenance de ses dimensions supérieures. Par conséquent, lumière sacrée qui dès lors peut aussi être nommée lumière du cœur sacré.

Se soustraire au Système

Parce que le cœur sacré de l'homme est ce qui l'inscrit dans la Réalité, aucun homme ne peut jamais totalement succomber au Système. Cela signifie que jusqu'à l'instant final, aucun être ne lui est totalement ou définitivement acquis. Son esclave le plus docile peut devenir en un instant, par un retournement de l'être dont seul le cœur sacré a le secret, son opposant le plus déterminé. Aussi, pour tout ceux qui luttent contre le Système, l'attitude juste à adopter à l'égard de leurs frères humains est d'abord et avant tout celle du non-jugement. Par cette attitude, l'innocence du cœur sacré est restaurée et ses sept couleurs peuvent commencer à se déployer. Ensuite doit venir la compassion, qui est l'autre nom de la lumière du cœur sacré et qui par conséquent contient et maintient dans son unité ses sept couleurs. Au fur et à mesure qu'elle se développe, le cœur sacré s'ouvre davantage permettant aux dimensions supérieures de la Réalité de se manifester dans notre monde. Lorsque l'être est enveloppé par la lumière du cœur sacré, il n'a presque plus rien à craindre du Système, si ce n'est de se laisser séduire à nouveau par l'une ou l'autre de ses fausses promesses. Mais même alors, le cœur sacré sera déjà plus affirmé et aura davantage de chance de reprendre la main. Cela est à ce point vrai que même la conscience de tout ce que nous développons dans ces lignes n'est pas nécessaire à la réalisation de tout ceci. Nombreux sont les êtres qui sans rien en connaître demeurent ainsi à la marge du Système. Mais cela reste dangereux car à moins de mener une vie intentionnellement centrée sur le cœur sacré, ils finiront tôt ou tard par succomber aux assauts du Système.

Vaincre la pensée racine

Au fur et à mesure que la lumière du cœur sacré enveloppe l'être, elle fait s'évanouir, par l'action de sa simple présence, toutes les suggestions de la pensée racine qui entrent à son contact. Petit à petit, le mental est délivré de l'emprise de la pensée racine et il retrouve alors sa place légitime, celle de serviteur fidèle et dévoué du cœur sacré. Par la même, c'est l'être qui retrouve son équilibre fondamental, sa place dans la Réalité y compris dans sa dimension physique et la pleine jouissance de son pouvoir.

A un certain point, lorsque la lumière du cœur sacré est devenue suffisamment subtile et pénétrante, elle peut même atteindre la pensée racine qui se dissipe alors dans la plus complète indifférence. Car longtemps avant cela, ses constructions auront été sans cesse confinées à un espace plus réduit au sein de la psyché jusqu'à n'avoir plus que des effets marginaux sur l'être.

Ainsi, il n'est pas nécessaire d'attendre la chute du Système dans le monde extérieur pour s'en libérer soi-même. Et le comprendre est le premier pas vers cette libération. Car lorsque la libération intérieure se produit, la libération extérieure est accomplie également. Toutefois, nous nous devons d'insister sur le fait que c'est là chose extrêmement compliquée pour ceux qui vivent, souvent depuis leur naissance, dans des parties du monde acquises depuis longtemps au Système. Car le simple fait d'y vivre et d'interagir socialement avec ceux qui y vivent rend inévitable la participation au Système. En conséquence et jusqu'à l'effondrement du Système dans le monde extérieur, nous devons garder pour acquis que la pensée racine n'est pas détruite et adopter de surcroît une troisième attitude qui consiste en une vigilance extrême pour veiller à l'expression de la lumière du cœur sacré.

V – La fin d'un monde

Il est absolument certain que tous les êtres auront, chacun pris individuellement, plusieurs occasions de se soustraire au Système avant la fin. Mais tandis que le Système renforcera son étreinte sur eux, celles-ci deviendront de plus en plus difficiles à saisir. Et à nouveau, pour une dernière fois, se trouvera engagée la responsabilité de l'homme. Car quoiqu'en pensent nos contemporains adeptes de “la vie de plaisir” que le Système leur prodigue pour perpétuer leur servitude, l'humanité connait à l'heure actuelle la période la plus obscure de son histoire. Et s'il est vrai qu'à leur mort les étoiles brillent de mille éclats avant de s'effondrer sur elles-mêmes, il en sera de même pour le Système qui étendra son ombre déstructurante au maximum avant de s'effondrer sur lui-même en emportant avec lui tous les êtres qui ne seront pas protégés par la lumière du cœur sacré. Car il est écrit qu'à la fin il ne restera pas pierre sur pierre qui ne soit renversée, autrement dit que toute structure sera détruite.

VI – Derniers propos

Ainsi nous achevons la seconde partie de notre intervention sur le Système, sur ce qu'il est et les voies par lesquelles lui résister. Quelles que soient les apparences, celle-ci intervient au moment opportun pour être utile à ceux qui en ont besoin. Nous croyons que les rédacteurs et les lecteurs de dedefensa en font partie et qu'elle portera ses fruits en temps voulu.

Comme précédemment, nous restons disponibles pour apporter des compléments ou des précisions sur telle ou telle notion, si cela nous est permis. Pourtant, à l'heure où nous terminons ces lignes, nous sommes soudainement pris d'un doute affreux : avons-nous dit que soutenir dedefensa faisait aussi parti de la lutte contre le Système ?

Xavier de Lacaze