L’engagement israélien en Géorgie

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Deux textes intéressants ont été mis en ligne sur le site YNetNews.com, concernant l’engagement d’Israël en Géorgie, essentiellement comme supplétif des USA pour l’armement, l’équipement et l’entraînement des forces armées géorgiennes ces dernières années en vue d'une attaque des territoires contestés de l'Ossétie du Sud et l'Abkhazie.

Un texte du 16 août rapporte le témoignage d’anciens soldats israéliens, de retour de Géorgie où ils avaient exécuté un contrat pour Defensive Shield, société privée fournissant des services dans le domaine militaire mise sur pied par le brigadier général Hirsch. (Hirsch avait commandé une division israélienne lors de la guerre de juillet-août 2006 contre le Hezbollah; il avait été un des officiers généraux mis en cause pour les difficultés rencontrées par l’IDF [Israel Defense Force] durant ce conflit.) Le deuxième texte, chronologiquement antérieur puisqu’il est du 14 août, rapporte un discours du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, à l’occasion du deuxième anniversaire de cette guerre de juillet-août 2006, mettant justement en cause cet officier pour son rôle en Géorgie («In speech marking two-year anniversary of Second Lebanon War, Hizbullah secretary-general mocks Israeli political, military leadership: […]“The entire front line of the army's brass stepped down because of the war. Gal Hirsch, who was defeated in Lebanon, went to Georgia and they too lost because of him,” laughed Nasrallah.»)

Voici quelques précisions du texte du 16 août, qui montrent également que la société priviée Defensive Shield agissait avec du matériel officiel d’une façon routinière et très “ouverte”. On comprend que les autorités israéliennes, dans tous les cas l'IDF, soutenaient complètement l’initiative:

«Tomer (alias), formerly a soldier of an elite IDF unit, returned from Georgia a short while ago. He was enlisted by Defensive Shield, a company owned and operated by Brigadier General (Res.) Gal Hirsch, to help train Georgian soldiers for battle, but returned disappointed in the manner in which the company handles secret army material.

»Hirsch's company was responsible for training an elite search and rescue unit, and training was handled by the companies of two other reserve officers, all of which hired ex-soldiers like Tomer. This resulted in hundreds of former IDF soldiers working as trainers in Georgia over the past few months.

» Tomer said he and his friends had at first received guidelines for the handling of covert material, listing what they could and couldn't tell Georgian soldiers about IDF activities. But in actuality, he said, the Georgians were told top secret information.

»“When I arrived in the operations room I saw a book of IDF safety instructions that shouldn't have been there,” he said. “There were IDF CDs that explicitly said, 'Confidential' documenting army activities, charts from special units' operations, and officers' names." He added that the room was not guarded, making this information easily obtainable to everyone.

»Tomer said the main reason for the infidelity was mercenary. “The training companies wanted to finish the projects as quickly as possible in order to create more projects and make more money," he said. “We knew the training had to be completed quickly because the soldiers would soon have to get into real military activity.” He added that the Georgian officers told their soldiers they would be going to help NATO forces in Iraq, while the real objective was Ossetia and Abkhazia.

» According to Tomer, Gal Hirsch came to visit the trainers now and then, but was mostly absent. And when the training was officially over, Tomer did not feel that his soldiers were ready for war. “By Israeli standards, the soldiers had almost zero capability and the officers were mediocre,” he said. “It was clear that taking that army to war was illogical.”»

Les détails sont nombreux et révélateurs. La forme de l’entreprise est elle aussi révélatrice et confirme tous les soupçons et toutes les analyses sur l’implication occidentale (US et supplétifs) en Géorgie. On comprend que l’implication en Géorgie est une affaire clairement israélo-américaniste, où Israël agit comme supplétif des USA; que les relais habituels vers le business privé des activités de sécurité qui s’est formidablement développé depuis 9/11 fonctionnent à plein régime; que le but du renforcement militaire de la Géorgie était l’attaque contre les territoires contestés; que la “politique” US et assimilés était en réalité l’affaire quasi-exclusive du complexe militaro-industriel US et de son appendice israélien, etc.

On retrouve également tous les caractères du système en pleine décadence. Les intérêts privés et personnels dominent tout; le corps des officiers reconvertis dans le privé (israéliens dans ce cas, mais sans doute à généraliser aux USA) est très présent dans le domaine de la gestion commerciale (mais certes pas dans celui de l'engagements physiques); les méthodes sont celles du secteur privé à l’heure de la globalisation: on rogne sur les services, sur le matériel, toutes les procédures de sécurité vont à vau l’eau et ainsi de suite.

Pas de surprise. L’aventure de la crise géorgienne répond aux critères de l’époque et aux critères du système américaniste. Tout est concentré autour de l’activité du militaire et le Prentagone (le CMI) est le maître d’œuvre. Il apparaît très probable que les pires hypothèses sur les conditions menant à cette crise seront confirmées. Il ne s’agit pas d’une politique, pas plus que la Géorgie de Saakachvili n’est une démocratie bien sûr.

Pas de surprise puisque le pire est toujours probable, et même confirmé.


Mis en ligne le 19 août 2008 à 12H39