Histoire(s) d’or…

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Histoire(s) d’or…

Ces derniers jours, plusieurs textes se sont penchés sur la question des achats d’or par certaines autorités nationales et sur la signification de ces mouvements, dans un contexte dont nul n’ignore la tension crisique permanente sur une pente de dissolution des dernières structures éparses, dispersées par les chocs des déstructurations de ces dernières années. C’est principalement les comportements de la Russie et de la Chine qui sont l’objet de cette attention, avec l’arrière-plan politique fondamental qu’on devine, au travers de diverses situations financières, monétaires et économiques, et les spéculations qui vont avec.

Nous avons sélectionné, sans souci de la chronologie, diverses références qui permettent d’obtenir une information diversifiée à cet égard. Ces références donnent elles-mêmes leurs propres références, ce qui permet de disposer d'un dispositif d'information très complet. On observera que toutes ces références se recoupent également les unes les autres, et se répondent en s’enrichissant. Bien plus qu’un goût de l’imitation qu’on trouve en général dans les flux d’information du Système (justement, le Système n’apprécie guère cette sorte de spéculation sur ce sujet, qui porte en elle-même la critique de la position dominante des instruments du bloc BAO), il s’agit effectivement d’un courant d’analyse et d’observation qui est certainement très puissant et qui reflète une tendance générale elle-même très puissante correspondante à la tension et à la poussée prépondérante de cette époque de crise d’effondrement. On y place pêle-mêle l’attente d’une nouvelle crise des structures financières du bloc BAO et le sort à venir du dollar…

• Le 11 février 2013, un texte de Bloomberg.News s’intéressait aux achats d’or de la Russie, dans un vaste cadre historique rappelant la politique russe (auparavant soviétique, et même, auparavant, tsariste) dans ce domaine. Cet arrière-plan historique n’empêche évidemment nullement une vision d’une actualité courante, qu’on qualifierait sans grande originalité de “brûlante”.

«When Vladimir Putin says the U.S. is endangering the global economy by abusing its dollar monopoly, he’s not just talking. He’s betting on it.

»Not only has Putin made Russia the world’s largest oil producer, he’s also made it the biggest gold buyer. His central bank has added 570 metric tons of the metal in the past decade, a quarter more than runner-up China, according to IMF data compiled by Bloomberg. The added gold is also almost triple the weight of the Statue of Liberty. “The more gold a country has, the more sovereignty it will have if there’s a cataclysm with the dollar, the euro, the pound or any other reserve currency,” Evgeny Fedorov, a lawmaker for Putin’s United Russia party in the lower house of parliament, said in a telephone interview in Moscow.»

Russia Today a repris presque simultanément l’analyse de Bloomberg.News, ce même 11 février 2013. Le texte ajoute d’autres références, l’ensemble montrant combien l’état d’esprit politique russe est extrêmement attentif à cette question de la souveraineté financière et monétaire, cela plaçant effectivement la politique russe sur une collision course par rapport à la politique des USA, dans le cadre de la politique-Système épousée par le bloc BAO… «Countries like Russia and China use such stockpiles as an economic buffer against another wave of economic crisis or US dollar devaluation, as both remain weary of the US Federal Reserve’s stability and prefer to edge their bets on gold…»

• Alerté par le texte de Bloomberg.News (plus celui de RT) sur la Russie, mais aussi par un autre texte parallèle sur la Chine qu’on voit ci-après, le site Economic Collapse rassemble les deux grands pays pour développer plusieurs problématiques à leur propos. L’analyse est, à ce point, clairement politique, et centré sur l’idée d’une attaque contre le dollar tendant à son élimination comme monnaie d'échange, notamment avec toute la problématique de l’achat du pétrole en or qui est largement d’actualité depuis un an (voir le 27 janvier 2012). (Dans The Economic Collapse, le 12 février 2013.)

«Will oil soon be traded in a currency that is thousands of years old? What would a “gold for oil” system mean for the petrodollar and the U.S. economy? Are Russia and China hoarding massive amounts of gold because they plan to kill the petrodollar? Since the 1970s, the U.S. dollar has been the currency that the international community has used to trade oil around the globe. This has created an overwhelming demand for U.S. dollars and U.S. debt. But what happens when the rest of the globe starts rejecting the increasingly unstable U.S. dollar and figures out that gold can be used as a currency in international trade? The truth is that it doesn't take a lot of imagination to figure that out. Demand for the U.S. dollar and U.S. debt would fall off the map and there would be a rush into gold unlike anything we have ever seen before. So are Russia and China accumulating unprecedented amounts of gold right now because they eventually plan to cut the legs out from under the petrodollar and they want to gobble up huge stockpiles of gold before the cat is out of the bag? Of course they will never admit this publicly, but there are rumblings out there that this is exactly what is happening…»

• Dans son texte, The Economic Collapse renvoie largement à un texte du jour précédent, le 11 février 2013, sur le site MoneyMorning.com. L’article, également largement documenté, renvoie à la Chine qui, elle aussi, et même dans une proportion bien plus vaste que la Russie, amasse de l’or. D’après les calculs et les supputations du site, la Chine a amassé au moins 7.000 tonnes d’or, et peut-être plus, ce qui ridiculise la position de la Chine à cet égard, telle qu’elle est officiellement référencée (un peu comme le chiffre officiel du chômage aux USA par rapport au chômage réel)...

«It’s amazing that no one is talking about this.

»‘China’s demand is robust’ they’ll say. ‘China may overtake India as the top gold consumer’ they’ll add. ‘Exports rise year over year’ the chatter continues. But no one, and I mean no one, in the mainstream is calling a spade a spade. China is hoarding gold at a rate never seen before – like modern day conquistadors. Only today, unlike in the time of the conquistadors, the blood trail is tough to follow, as are the shipfuls of gold…

»It’s an egregious rake, though. And while the mainstream media fails to cover this huge story, we’ll do our best to figure out just how much gold China is holding…»

• Parlant plus haut de la position officielle de la Chine pour la possession d’or, nous pensions notamment au tableau officiel des réserves d’or en date d’août 2012, reproduit sur le site ZeroHedge.com, le 15 août 2012. Alors que MoneyMorning.com avance le chiffre de 7.000 tonnes et plus comme stock d’or réel de la Chine, le classement officiel met la Chine en 6ème place avec 1.054 tonnes d’or, avec les USA en premier avec 8.133,5 tonnes (stock US qui a déjà souvent été mis en doute, mais dans le sens parfaitement inverse du cas chinois, vers le bas, selon les hypothèses qu’on fait à propos des manipulations de la Federal Reserve). L’article de ZeroHedge.com est également largement référencé pour son analyse et ses informations sur la politique chinoise en matière d’achat d’or, avec les perspectives à mesure. ZeroHedge.com mentionne les achats d’or de la Chine à Hong Kong, courant 2012, qui se sont confirmés et accentués après août 2012.

«While the highly “sophisticated” traders that make up the gold market continue to buy or sell the precious metal based on whether the Fed will or will not do the NEW QE tomorrow (or just because, like Bruno Iskil, they have a massive balance sheet, and can create margin position out of thin air with impunity), China continues to do one thing. Buy. Because while earlier today we were wondering (rhetorically, of course) what China is doing with all that excess trade surplus if it is not recycling it back into Treasurys, now we once again find out that instead of purchasing US paper, Beijing continues to buy non-US gold, in the form of 68 tons in imports from Hong Kong in the month of June. The year to date total (6 months)? 383 tons. In other words, in half a year China, whose official total tally is still a massively underrepresented 1054 tons, has imported more gold than the official gold reserves of Portugal, Venezuela, Saudi Arabia, the UK, and so on, and whose YTD imports alone make it the 14th largest holder of gold in the world. Realistically, by now China, which hasn't provided an honest gold reserve holdings update to the IMF in years, most certainly has more gold than the IMF, and its 2814 tons, itself. Of course, the moment the PBOC does announce its official updated gold stash, a gold price in the mid-$1000 range will be a long gone memory.»

Dans tout cela qui a tout l’air de devoir représenter une situation bien précise, c’est surtout la méthode silencieuse, l’activité “stealthy” (de la technologie du même nom) de l’ensemble Russie-Chine qui est intéressante, – et, bien entendu, le silence-Système qui l’accompagne et qui, justement, permet le déploiement de la méthode involontairement silencieuse. «It’s amazing that no one is talking about this… […] And while the mainstream media fails to cover this huge story…», écrit MoneyMorning.com. Même si tout le monde, dans les directions-Système, est plus ou moins informé de la chose, – ce qui est tout de même dans le champ du possible, – le silence-Système dans le flux du système de la communication, à part quelques exceptions de temps en temps, permet de ne pas faire une charge accablante ni une obligation d’alarme de cette connaissance éventuelle des évolutions russe et surtout chinoise. Bien entendu, on trouvera des concordances diverses entre cette situation d’une part, les imprécations épisodiques et prétendument stratégiques lancées contre la Chine, et l’hostilité affichée du Système contre la Russie, d’autre part. Mais nous sommes, lorsqu’il s’agit de l’hostilité du bloc BAO contre la Chine et contre la Russie, plutôt au niveau de la velléité et de l’agitation-réflexe du type Pavlov. On attend toujours que cela se concrétise d’une façon sérieuse, hostilités déclarées et furieuses, et l’on attendra longtemps.

Si l’on allait au fond des choses, l’on découvrirait simplement qu’il y a dans ce cas, comme dans tant d’autres, le déni de la réalité de la part du bloc BAO, si souvent relevé avec l’usage intensif des narrative ; il s’agit finalement de la seule doctrine et de la seule politique “à long terme” des directions politiques du Système. C’est en vérité une étrange situation que le “déni de la réalité” puisse être identifié comme une “politique à long terme“ alors qu’elle ne peut être par définition qu’à court terme, à moins de chérir l’ambition de changer la réalité du monde à cette mesure… Ainsi l’appréciation de “politique à long terme” dans ce qui ne peut être qu’une illusion à court terme (le “déni de la réalité”) caractérise-t-elle la dynamique du Système : l’inversion poussée à sa perfection, d’ailleurs dans le silence qui caractérise le processus de la dissolution que nous identifions chaque jour. Cela revient à présenter l’autodestruction du Système comme l’extrême de sa surpuissance dans l’équation surpuissance-autodestruction, elle-même poussée à son terme extrême, jusqu’à l’absurde vers lequel pousse l’inversion ; on se convaincra donc que la surpuissance est achevée lorsque l’autodestruction arrivera à son terme, par exemple lorsque le dollar sera emporté dans la même (p)eau de chagrin où évolue la flotte des porte-avions US. Tout cela n’est pas si compliqué qu’il y paraît et tout cela, finalement, est très moral.


Mis en ligne le 15 février 2013 à 11H34