De AA+ à AA pour les USA, et panique pour BHO?

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De AA+ à AA pour les USA, et panique pour BHO?

La chose est passée fort inaperçue, – et pour cause, semble-t-il, comme on le verra plus loin. Il s’agit de la décision de l’agence de notation Egan Jones Rating (EJR) de rétrograder la notation des USA de AA+ à AA. (La première rétrogradation, de AAA à AA+, est intervenue en juillet-août dernier). EJR, société de notation de plus petite dimension et de moins grande notoriété que les “trois grands” avait pris cette décision en juillet, peu avant que Standard & Poor’s, l’un de ces “trois grands”, fassent de même le 5 août 2011. La décision de EJR de passer de AA+ à AA, qui date du 5 avril, n’a guère bénéficié d’une grande publicité.

On en relève des traces ici et là, dans tous les cas pour ce qui est des USA. Par exemple, la rubrique Nation.FoxNews du site Fox.News du 6 avril 2011, en deux paragraphes… Le site rapporte la décision de EJR et les commentaires pessimistes de l’agence sur la situation réelle des USA.

«Credit rating agency Egan Jones downgraded the United States Thursday on concern over the sustainability of public debt. Egan Jones is one of the most important ratings firms in the world; they lowered our credit level from AA+ to AA. The firm reduced America from AAA to AA+ in July 2011, just before Standard & Poor's did the same.

»Egan Jones warned. “Without some structural changes soon, restoring credit quality will become increasingly difficult . . . without some structural changes soon, restoring credit quality will become increasingly difficult.” They added that there was a 1.2% probability of U.S default in the next 12 months. The company cited the fact that the US’s total debt, which now equals its total GDP, is rising and soon will eclipse the national GDP; the company sees the debt rising to 112% of the GDP by 2014.»

Le président de EJR, Sean Egan, estime que les trois grandes sociétés de notation prendront la même décision dans les 6 à 12 mois qui viennent : «If macroeconomic indicators remain the same – and I’m pretty sure, the U.S. will not have enough time to make any dramatic changes – all the major agencies will downgrade the US in the next 6 to 12 months.»

Quelques sites (hors USA ou dissidents) ont développé leurs commentaires sur cette décision, notamment ceux qui suivent les informations US sans les habituelles consignes et l’autocensure générale qui caractérisent la presse-Système du bloc BAO. PressTV.com a réalisé une interview d’un commentateur “dissident”, Allen Roland, le 6 avril 2012. Son appréciation est que la nouvelle notation de EJR est la simple prise en compte de la réalité générale de la situation aux USA : « It means this…Reality is finally coming to the surface. The stock market is not the American economy. Eighty percent of the stock market is basically high frequency trading of the big boys playing games with their money. And 61 percent of the American debt is being bought by, guess who? The Fed (US Federal Reserve Bank) – So we're printing money.[…] So, we are still in the midst of a depression. The administration is doing everything it can do to paint a rosy picture, but has nothing to fall back on. […] The reality is sinking in. The age of American exceptualism is over. […] The one thing the administration is denying the American public, that the rest of the world already sees, is that we're totally in debt up to our necks… and it's getting worse.»

Le 9 avril 2012, Russia Today a, à son tour, repris la nouvelle. L’appréciation est, là aussi, que la situation aux USA mérité cette dégradation de la notation, et que les quatre agences (EJR et les “trois grands”) partagent la même analyse. Un zeste de la réalité a tout de même fait surface avec les mauvaises nouvelles concernant l’emploi en mars (voir WSWS.org le 7 avril 2012), qui constituent un indéniable revers pour la narrative de l’administration, en cours depuis octobre dernier et appuyée sur des chiffres officiels (dont on sait la réalité “travaillée”) optimistes. Les chiffres de mars sont eux aussi officiels et ils montrent que le “travail” de communication ne parvient pas à tout dissimuler à cet égard, et à contenir constamment la force de la réalité par conséquent.

Des précisions intéressantes concernant le même “travail” de communication de l’administration Obama ont été données par le site WhatDoesItMeans.com le 7 avril 2012. Ce site, à l’origine difficile à situer mais manifestement sous influence russe, a l’habitude d’informations sortant de l’ordinaire et marquées par un fort goût de l’insolite et du catastrophisme, mais aussi avec des sources inhabituelles qui peuvent avoir un certain crédit. Dans le texte cité ici, il s’agit de sources ouvertes classiques, qui permettent de présenter une version d’une action de cover-up de communication de la part de l’administration Obama, concernant la décision de EJR.

«A shattering report from RIA Novosti’s Washington D.C. bureau appears to prove that the mainstream press in America has become nothing more than a propaganda arm of the Obama regime when during a White House news briefing this past week they were effectively ordered not to report on this past weeks credit rating cut of US government debt. […]

»The White House news briefing referred to in this report occurred this past Thursday (5 April) when Obama regime officials were queried about the latest shock downgrade of the United States credit rating stating that to the American people this critical event should be kept in the category of a “non-story” so as not to confuse and/or shock them. Most surprisingly, this report continues, the mainstream US news media, including their most important television networks and major newspapers, dutifully followed the directives of the Obama regime and failed to uniformly inform the American people of this momentous event.»

Certains peuvent éventuellement, tout en acceptant la perspective d’une nouvelle rétrogradation, y voir certains avantages ; c’est le cas de Roland Nash, de Verno Capital, cité par Russia Today, qui se réfère à la première rétrogradation («What we saw last time then the U.S. was downgraded, is that the world went to North America – to the US dollar and to the US treasuries. Oddly enough, in times of financial stress people run to the dollar»). Mais cette considération reste extrêmement marginale, et confinée à une situation spécifique, au regard de ce que la décision de EJR exprime de la situation générale des USA aujourd’hui (situation non seulement financière, budgétaire et économique, mais sociale, politique et militaire, – bref, la situation générale dans le sens le plus large). Cela est d’autant plus marquant que l’administration Obama est engagée dans une formidable campagne de transformation de la réalité, pour permettre la réélection du président. Dans ce cas, chaque parcelle de la réalité qui vient à la surface prend, par constraste, des proportions apocalyptiques et dévastent la perception autant que les psychologies.

C’est un peu le cas dans cette affaire de EJR… Le cover-up tel qu’il est décrit concerne une décision d’une agence de moindre notoriété que les “trois grands”. Après tout, quand EJR avait pris la décision d’une première rétrogradation (de AAA+ à AAA, en juillet 2011), aucun effet notable n’avait été enregistré, sans nécessité de cover-up. Cette fois, certes, on pourrait arguer qu’il y a une bien plus grande sensibilité ; il n’empêche que la décision de EJR, dont la connaissance devrait commencer à se répandre malgré le cover-up initial, prendra, à cause de cette manœuvre, d’autant plus d’importance. Le mal qu’on prend à tenter de la dissimuler lui donne, par effet blowback, une crédibilité supérieure à celle dont elle bénéficierait si le processus normal avait été respecté.

Pour le reste, on constate que l’effort politique de l’administration Obama est aujourd’hui concentré sur une seule chose : la réélection. La réalité d’une situation US qui ressemble pour l’aspect socio-économique à une Grande Dépression dissimulée, ne semble guère intéresser directement la direction politique US, alors que le fonctionnement du pouvoir est complètement paralysée (et l’on dirait que ceci explique absurdement cela, en un sens). Ce qui conduit à la question abrupte : cette réélection pour quoi faire ? La même chose que ce que fait Obama depuis 2009 ? Ce ne serait donc pas “Après moi le déluge” mais “Avec moi le déluge” ? Peut-être BHO nous chuchote-t-il, comme il l’a fait à Medvedev (voir le 27 mars 2012) : «…Give me space. This is my last election. After my election I have more flexibility.» On peut avoir quelques doutes, lorsqu’on sait ce que le Système (l’ambassadeur Us à Moscou McFaul) fait de cette confidence… Certes, ils semblent tous incapables de penser au-delà du prochain chiffon rouge de leur carrière politique (au-delà de leur réélection, dans ce cas). Aucune surprise de ce côté puisque c'est la seule activité (leur réélection) sur laquelle ils semblent avoir encore quelque prise, ce qui n'assure d'ailleurs pas leur réélection.


Mis en ligne le 10 avril 2012 à 07H26