Attaquer l’Iran pour cacher la crise intérieure d’Israël ?

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Ancien ministre israélien des affaires militaires et le nouveau dirigeant du parti Kadima, Shaul Mofaz accuse Netanyahou de mener sa campagne pour l’attaque de l’Iran dans le but politique de dissimuler les problèmes intérieurs israéliens. (Le parti Kadima est une dissidence du Likoud, qui se situe au centre. L’ancien Premier ministre Olmert et l’ancienne ministre des affaires étrangères Tzipi Livni en font partie.)

PressTV.com présente cette intervention de Mofaz, le 30 mars 2012. L’accent du compte-rendu est mis sur la contestation de la menace que constitue l’Iran pour Israël, mais l’intérêt de cette intervention concerne surtout, à notre sens, l’évocation de la situation intérieure difficile d’Israël et ses interférences dans la question iranienne.

«An Israeli party leader has cautioned the regime’s senior officials against engaging in a ‘premature’ action on Iran, charging that the Israeli premier is using Iran to divert attention from Israel’s socioeconomic problems.

»Prime Minister Benjamin Netanyahu proceeds with the threat of a nuclear Iran “in order to divert attention from the country’s socioeconomic problems,” the new Kadima leader and former Israeli minister for military affairs, Shaul Mofaz, told Israel’s Channel 2 in a Thursday interview. “It is more than political spin. He wants to present himself as the defender of Israel. All the evaluators believe there is more time. Iran is still not a nuclear country. The US is leading the effort against Iran, and it has to stay that way,” he said, according to a Jerusalem Post report.

»Mofaz noted that he did not believe Netanyahu could handle such an issue, charging that the premier was “irresponsibly dealing with the matter too publicly when it should be handled behind the scenes.”

» Meanwhile, Mofaz also cautioned against the “disastrous” consequences of a premature military operation against Iran. “Israel must have all its options open and that a military solution should be the last resort,” he pointed out. “If God forbid, when all the arrows are out of the quiver and the sword is on our necks and the US isn’t doing the deed, the last option is a military operation,” Mofaz opined.»

On observera que cette prise de position rejoint celle de chefs et hauts fonctionnaires, souvent à la retraite depuis peu, de divers services de sécurité nationale, à commencer bien sûr par Meier Dagan, l’ancien chef du Mossad. Elle rejoint encore plus celles de certaines de ses personnalités qui, non seulement ont affirmé et affirment que l’Iran n’est pas une “menace existentielle” contre Israël, mais que la véritable “menace existentielle” est intérieure. Nous avons déjà mentionné deux déclarations dans ce sens, les 4 novembre 2011 et 9 janvier 2012, respectivement d’un autre ancien chef du Mossad, Ephraim Halevy, et de l’ancien chef de l’IDF, le général Dan Halutz. Les deux hommes estiment que l’extrémisme religieux juif pose un grave problème intérieur à Israël et, pour Halévy, il s’agit sans aucun doute de la “menace existentielle” contre Israël. A ces points précis, on ajoutera comme autres signes de crise intérieure un climat délétère dans les structures de direction et du monde de l’argent (voir le 12 janvier 2001), autant que les manifestations d’ “indignés” de l’été dernier témoignant de l’extrême tension du climat social (voir le 2 août 2011).

L’intérêt de la déclaration de Mofaz, c’est la “politisation” du problème Netanyahou-Iran. Certes, les motifs sont politiques, de la part d’opposants politiques à Netanyahou, mais l’effet possible, sinon probable, pourrait bien être de poursuivre la “désacralisation” de la “menace iranienne” déjà commencée avec les interventions des “négationnistes” du caractère existentiel de cette menace, type-Dagan. Ce processus est important parce qu’il contribue à mettre encore plus en évidence le caractère forcené de la politique de Netanyahou, tout en posant un soupçon d’opportunisme qui fragilise cette politique en entamant son aspect “sacramentiel” et irrationnel. Ce type d’intervention contribue à accroître la confusion en Israël et, d’une façon générale, à affaiblir encore plus la force de la narrative habillant, pour tous les pays du bloc BAO, l’affaire iranienne. Cette dissolution accélérée du consensus israélien sur les affaires de sécurité nationale est également un élément extrêmement important pour la posture et la situation d’Israël, dont la puissance est en bonne partie appuyée sur les mythes divers qui entourent ce pays, – dont celui d’une unité sans faille face aux “menaces”.


Mis en ligne le 30 mars 2012 à 17H42